Les sujets du « bac de français » ne déçoivent jamais ceux qui veulent réserver la littérature (et plus largement la culture) à une élite choisie, bien née, bien peignée, bien propre. Epreuves de classe par excellence, l'écrit puis l'oral des épreuves anticipées de français ne profitent qu'aux enfants de la bourgeoise cultivée et suffisamment riche pour payer sans compter des professeurs particuliers à sa bachotante progéniture. Cette année encore, le poème Crépuscule de Victor Hugo, donné à commenter aux candidats des sections S et ES, a plongé dans le désespoir les élèves peu familiarisés avec l'expression poétique, les « suaires aux blanches moires » ou « le pas lourd du faucheur » dans les prés. Ce matin, la presse s'amuse des propos insultants, postés sur tweeter, des ados qui s'en prennent à l'innocent Totor faute d'une cible plus appropriée à recevoir leur juste colère. Comment dégoûter de la littérature des générations de jeunes ? En leur montrant, par le moyen douteux de l'examen démocratique, que de ce monde de « ver luisant dans l'ombre » et de d' « ange du soir rêveur », ils ne font pas partie, que ces mots alignés sur la page ne sont pas pour eux et ne les concernent pas. En leur prouvant, par la note pitoyable qu'ils recevront comme une gifle malgré la bienveillance du jury, qu'ils n'y comprennent rien et n'y comprendront jamais rien. J'entends déjà les cris d'orfraie des colporteurs affairés du niveau qui baisse et de la fainéantise de la jeunesse décérébrée et mal éduquée : les élèves n'ont qu'à se taire et bosser! Et les mêmes de citer l'exemple de la petite Fatiha et du grand Mamadou, qui à force de courage et de travail acharné, sont passés sous les fourches caudines de la sélection blanche et judéo-chrétienne des élites blanches et judéo-chrétiennes. Quand on veut, on peut! Leurs petits camarades moins méritants resteront dans leurs banlieues moisies, faute d'avoir su goûter les contemplations hugoliennes et recracher brillamment les poncifs scolaires attendus. Bien fait pour eux.
Billet de blog 19 juin 2014
Bien fait pour eux!
Les sujets du « bac de français » ne déçoivent jamais ceux qui veulent réserver la littérature (et plus largement la culture) à une élite choisie, bien née, bien peignée, bien propre. Epreuves de classe par excellence, l'écrit puis l'oral des épreuves anticipées de français ne profitent qu'aux enfants de la bourgeoise cultivée et suffisamment riche pour payer sans compter des professeurs particuliers à sa bachotante progéniture.
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