Il y a le soleil du printemps.
Il y a les retrouvailles dans le grand hall, et les présentations.
Il y a les jeunes, un peu intimidés au milieu de tous ces gens, souriants mais très sérieux.
Il y a les regards scrutant la salle parce qu'on ne se connaît pas encore mais qu'il faut tout de même se reconnaître.
Il y a les uns qui bavardent, debout.
Il y a les autres qui leur demandent de s'asseoir car il faut commencer.
Il y a les discours des élus, qui seront très brefs puisqu'on les a suppliés de faire court, et que l'on écoute patiemment pendant de longues minutes, sans râler, parce que l'on est d'accord.
Il y a les discours des militants que l'on applaudit parce que, sans eux, on ne serait pas là.
Il y a le discours d'une lycéenne sans-papier qui sait trouver les mots justes pour dire la peur, l'angoisse et l'espoir de tous ses camarades.
Il y a le spectacle interprété par une troupe de jeunes sans-papiers ou fraîchement régularisés, qui jouent la bêtise crasse de l'administration et de la police, comme si on y était.
Il y a l'appel, l'un après l'autre, des beaux noms de trente-six jeunes majeurs de tous les continents.
Il y a l'appel des parrains et des marraines républicains qui les épauleront dans leur étrange combat pour obtenir le droit de vivre tranquille sur ce tout petit coin de planète que l'on appelle France.
Il y a ceux qui aiment beaucoup être pris en photo; tant mieux, il y a des photographes.
Il y a ceux qui s'attardent et ceux qui ont d'autres obligations.
Il y a la lutte qui continue.
Il y a un mot facile à prononcer, qui résonne encore quand tout le monde est parti : fraternité.
Bobigny, le 24 mars 2012