Pour toute riposte à l'ampleur du vote Front National : un champ lexical. Séisme, tsunami, raz-de-marée. Il faut que le discours soit solennel, les éléments de langage dramatiques, le ton grave comme la mine. Puisque, face au visage rayonnant de Le Pen qui s'affiche en vainqueur en une de tous les médias, les « démocrates » n'ont à donner que du bruit avec la bouche, de grands moulinets des bras, avant de reprendre le train-train libéral, sans surtout rien changer. Calamité du politique quand il n'a que des slogans ineptes et de l'impuissance à offrir aux électeurs qui voudraient que l'action politique se colle à résoudre leurs difficultés. Chaque catastrophe naturelle entraîne son décompte de victimes. Les victimes ne se trouvent pas dans les palais dorés aux fondations antisismiques inébranlables, mais parmi les gens ordinaires dont certains, dans leur crédulité suicidaire, appellent de leurs voeux et provoquent avec leur bulletin de vote le cataclysme qui les mettra à terre. Le FN n'a que faire du bien être du « peuple » dont il utilise la peur de l'avenir et du déclassement pour se hisser au pouvoir dans une alliance sans tapage avec les puissances de l'argent qu'il prétend combattre. L'extrême droite jette à ses électeurs des os à ronger, toujours les mêmes : l'étranger, la sécurité, l'ordre petit-bourgeois, le nationalisme. Comme des chiens affamés, les déchus et les déçus se pourlèchent les babines de ces vieux restes réchauffés, tandis que les affaires se corsent dans leur dos. Les électeurs du FN ont l'impression, pour un moment, d'exister, d'avoir du poids, de compter. Eux, qui ne sont rien, le premier ministre les compare soudain à un tremblement de terre, le président organise une réunion de crise! La prochaine fois, c'est sûr, ils feront plus fort : une explosion atomique?
Billet de blog 26 mai 2014
Champ de ruines
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