Certes, il ya beaucoup de guerres oubliées.Celle des Karen en Birmanie-Thaïlande fait rarement la Une des journaux ou des FARC en Colombie qui, depuis que Madame Bettencourt a été libérée, est tombée dans l'oubli. En Afrique la guerre continue à l'est de la République Démocratique du Congo, et en Casamance, au Sénégal, où elle s'éternise et tourne de plus en plus au brigandage.
Il n'en est pas de même au Mali ou le MNLA-Mouvement National de libération de l'Azawad-qui revendique l'auto-determination d'un coin du Sah'ra au nom de la resistance touarègue à la pénétration coloniale à Tin-Buktu ( Tombouctou) en 1894 et d'une auto-détermination demandée à de Gaulle en 1958 est au contraire en voie de structuration politique et surtout de renforcement militaire.
La chute de Khadafi a effectivement libéré non seulement des armes mais surtout des hommes, civils et militaires, qui sont venus dans un premier temps grossir les rangs de l'AQMI avant de s'en détourner ( cela reste encore à écrire, sur quelles bases ?) et de venir redonner un élan au MNLA en même temps que signer ses succès militaires contre les troupes maliennes.
A en croire le MNLA , qui appelle à l'autodétermination, par le net, et selon les informations du Ministère Français de la Coopération la bataille de l'Aguelkokh du 26 janvier dernier qui a vu la mort de 50 soldats maliens ne fut pas comme l'annoncait Serge Daniel de RFI une bataille entre AQMI et Mali mais bien entre maliens et Azawadis, lesquels revendiquent également les batailles, gagnées, de Menaka, de Gao et de Tombouctou.
Une nouvelle force semble prendre racine au Sahara et entend mener sa propre voie entre les combattants de l'Aqmi que l'on croyait devoir être les grands bénéficiaires de la défaire lybienne et le Mali du Président ATT ( Amadou Toumani Traore)qui peine militairement à exister comme il peine à le faire politiquement face aux enjeux.
Car les enjeux sont énormes. Non seulement le Sah'ra pouvait être considéré il y a peu comme le dernier espace d'expression d'Al Quaeda, en expansion territoriale, politique, idéologique, car bénéficiant des trafics multiples -armes et drogues- que connait la région et sur lesquels il exerce la maîtrise amis ,surtout, car il faisait peser sur la région d'Arlit et sur Areva et l'indépendance énergétique française une épée de Damoclès que beaucoup prennent très au sérieux. Six français sont encore retenus depuis plus d 'un an en otage et tout porte à croire que leur libération de plus en plus souhaitée- bien que fort silencieuse-représentera un accroissement de la capacité de nuisance des groupes salafistes.
Or, voilà qu'apparait, fort opportunément, la seule force susceptible de contrer l'hégémonie salafiste sur le Sa h'ra puisqu'elle est, bien qu'elle s 'en défende, une voie touaregue.
Quelle sera la politique française ? Quels soutiens apporter à un groupe rebelle qui entend s'autodéterminer par les urnes et les armes à l'intérieur d'un espace national, le Mali, où effectivement il n'est pas à sa place, ( il revendique toute l'étendue Est du Mali, l'azawad, qui est desertique et non sahélien et démographiquement touareg et non-noir ) mais qui aura le courage de remettre en cause les frontières héritées de la colonisation ? Quelle peut être la marge de manœuvre du gouvernement d'ATT dont les actions militaires dans une région si particulière ne peuvent être qu'hasardeuses pour ne pas dire, au regard des résultats, suicidaires, et qui doit faire face, en sa capitale, Bamako, à quelques milliers de kilomètres des combats, à des actions violentes de représailles contre la population « blanche « c 'est à dire arabe ( mauritanien et touareg) qui a fait plusieurs victimes hier, premier février, en même temps que les femmes de militaires demandaient des comptes sur les combats et obligeaient ATT et son gouvernement à reconnaître que les pertes étaient lourdes et que les négociations à Alger entre le MNLA et en général les forces touarègues et le Gouvernement se passaient plutot mal..?
Quel sera l'attitude du mouvement touareg nigérien voisin qui apparemment peine encore à se voir reconnu dans sa propre région comme dominant par le pouvoir de Niamey, et quels sont les relations entre les deux mouvements quand on qait que le Sah'ra est, comme la mer, un espace immense mais où tout se sait, tout de suite.?
Uner redistributioin des cartes n'est -elle pas en train de se jouer actuellement au Sah'ra ?