Alexis Kalambry vient de publier, repris dans Malijet, cet intéressant point de vue qui met en cause l'Unicef mais surtout tout un tas d ONG humanitaires qui n'ont même plus la déc ence d'avoir une reconnaissance officielle pour "oeuvrer" sur le terrain. L'IRC dont il est question ici fait partie de ces organismes humanitaires qui comme Sherpa et Survie tendent de plus en plus à se substituer aux organismes d 'Etat ( Ministère de la coopération, des Affaires Etrangères, du Développement etc..) et s 'érigent en donneurs de leçon sans en avoir reçu mission faisant bien vivre tout une classe d'avocats de renom dont le fameux William Bourdon ou comme Solidarités internationales, bénéficiaires aussi d'un lourd pactole, se constituant en Cabinets d 'experts de missions humanitaires.
Cette privatisation de l'aide du contrôle et de l'information pose bien sur un énorme problème , le premier étant la faillite des organismes d 'Etat -comme l'Agence pour le Développement entre autre-, d'autant que leurs cibles ne dépendent que d 'elles et qu'aucun contrôle autre que superficiel ne vient rendre compte des missions.. A Bamako et en Afrique en général on ne s'y trompe pas. Quand passe un rutilant 4X4 on sait que c 'est soit le voleur, le politicien, qui passe, soit le gendarme, l'ONG qui fait semblant de lui courir aprés.
Nous nous intéressions, entre autres, à comprendre pourquoi l’Unicef a envoyé plus de 1000 tonnes d’aide humanitaire dans le Nord et a déclaré à la presse la moitié, la tendance dans ce genre de situation est plutôt l’inverse, car les organisations sont souvent tentées de gonfler les chiffres pour s’attirer les faveurs des généreux donateurs. Que cache cette fausse déclaration ?
Nous avions aussi voulu savoir pourquoi l’organisation a choisi de concentrer uniquement son aide dans les régions du Nord alors que près de la moitié des déplacés se trouvent dans le Sud (Mopti, Bamako, Ségou etc.) là où les conditions de sécurité permettaient une assistance relativement plus facile avec des résultats visibles et mesurables.
Si les enfants maliens où qu’ils soient ont les mêmes droits comme le chante l’Unicef, pourquoi avoir délibérément ignoré les enfants déplacés au sud ? Cette attitude nous paraît pour le moins curieuse et nous pousse à nous poser la question de savoir si le souci des dirigeants de l’Unicef est réellement celui de porter assistance aux enfants maliens victimes de la crise.
Les informations en notre possession indiquent que, pour la réponse à la crise humanitaire dans le Nord, l’Unicef a signé des contrats pour plus de 10 millions de dollars US avec les ONG internationales, ce qui correspond au bas mot à 2 milliards de F CFA. Certaines de ces ONG sont fraîchement arrivées au Mali à la faveur de la crise et ne connaissaient même pas le marigot malien. C’est le cas par exemple d’IRC et de Solidarité Internationale qui ont perçu respectivement environ 3 millions de dollars US et 2 millions de dollars US de contrat pour une période de 8 mois pour IRC par exemple !
Conflit d’intérêts
Non seulement ces contrats ne sont pas portés à la connaissance du gouvernement malien, particulièrement du ministère chargé de la coordination de l’aide humanitaire, mais plus grave encore, ils ont été signés sans que les ONG en question soient autorisées à travailler au Mali. En d’autres termes, ces ONG n’ont pas reçu leur agrément avant de bénéficier de ces contrats combien juteux.
Il est vrai que la compagne du représentant adjoint de l’Unicef, qui est le chef d’orchestre de ces contrats, est la chargée des programmes d’IRC et que le responsable de SI est du même pays que lui. Cependant, cela suffit-il pour engager des fonds aussi importants sans base juridique solide ?
Les règles de l’Unicef permettent-elles de signer des contrats avec les organisations de la société civile et les ONG dans ces conditions, fut-il en situation d’urgence ? La seule structure malienne à avoir des miettes est l’Urtel, avec 15 millions de F CFA, là où les autres comptent en dollar américain.
Face à ces comportements pour le moins mafieux, la question que se pose le Malien lambda est de savoir qu’elle est la motivation réelle des responsables actuelles de l’Unicef au Mali ? Sont-ils en place pour servir la cause des pauvres enfants maliens ou leurs propres intérêts à travers des pratiques d’un autre âge ? Pourquoi une telle arrogance vis-à-vis de l’Etat malien ? Pourquoi l’Unicef cherche t-elle à affaiblir le gouvernement en cette période où sa collaboration avec l’Etat est plus que recherchée ?
Il est grand temps que le gouvernement cherche à comprendre le mobile de ce comportement et prenne des dispositions pour mettre un terme à cette gestion, car des contrats du genre continueront d’être signés. Il y va de l’intérêt des enfants maliens, car de par le monde, les situations d’urgence sont de véritables business et ces organisations dites non gouvernementales ne sont pas des philanthropes.
La récente visite du directeur exécutif de l’Unicef ne donnera aucun résultat ni retombée positive si les agents qu’il a placés à la tête du bureau du Mali ne partagent pas la même vision que lui et n’ont pas les mêmes objectifs de servir avec amour et abnégation la cause des enfants vulnérables.
A suivre…