Billet de blog 1 octobre 2011
SOS Education: DANGER!
Vous avez visionné ou vous allez visionner le « document » élaboré par SOS Education pour stigmatiser la grève des enseignants du 27 septembre.
Cette vidéo est la parfaite illustration de ce que ses concepteurs dénoncent, à savoir la
manipulation.
Après une bonne accroche compassionnelle, elle se livre à une interprétation de faits pour arriver à cette conclusion : œuvrons tous ensemble pour que nos enfants apprennent à lire, à écrire, à compter, à calculer.Parmi quelques dizaines d’autres, je fais cette réserve : les (ou la, si on la considère comme une science) mathématiques ne servent pas uniquement à compter et à calculer, elles sont aussi « utiles » pour apprendre à
REFLECHIR, à RAISONNER.
Quand on ne sait que calculer
, on divise le nombre d’enfants (12 000 000) par celui de professeurs (852 000) et on obtient une moyenne :
14 élèves par professeur,
sous -entendu
14 élèves par classe
.
Quand on réfléchit un peu
, on sait qu’en collège, lycée et faculté, dans une même classe interviennent plusieurs professeurs. Prenons comme base minimale 8 professeurs qui interviennent dans 4 classes de 28 élèves de votre collège.SOS Education qui ne sait que calculer dit haut et fort que l’on a une moyenne de 14 élèves par professeur
et pourtant, votre enfant est dans une classe de 28.
Suivons les préconisations de SOS Education, supprimons le poste de professeur de seconde langue : cela ne fera encore qu’une moyenne de 16 enfants par professeur. Votre enfant sera toujours dans une classe à 28 et ne fera plus d’espagnol par exemple.Maintenant, supprimons encore un poste, celui du professeur d’EPS par exemple. La moyenne, selon SOS Education, sera de 18.6 élèves par professeur. Mais votre enfant sera toujours dans une classe de 28 sans professeur d’espagnol ni professeur d’EPS.Pour arriver à un taux d’encadrement acceptable de 22,4, on devrait pouvoir supprimer un poste, celui d’histoire par exemple. Mais votre enfant sera toujours dans une classe de 28 sans cours d’espagnol, d’histoire et d’EPS. Mais, il est vrai, que l’on peut très bien vivre sans parler l’espagnol, sans connaître l’histoire de son pays, de l’Europe et du monde et sans faire de sports à l’école.D’autre part, se contenter du « calcul » de SOS Education, c’est nier, dans l’acte d’enseignement et dans la prise en charge de tous les enfants, l’implication, entre autres, des conseillers pédagogiques, des RASED (psychologues scolaires, maîtres spécialisés,…) qui aident (pardon,…qui aidaient) à la prise en charge des enfants en difficultés, …
C’est au nom d’un tel argument aussi fallacieux que tendancieux : « 1 enseignant, 1 classe »
que :- On a supprimé les postes d’enseignants qui travaillent avec les enfants hospitalisés pour un séjour de longue durée afin que ces derniers ne soient pas déscolarisés,- On a supprimé les enseignants qui travaillent dans les Centre Médico Psychopédagogique, qui reçoivent des enfants en mal être,- On a supprimé les enseignants qui travaillent dans des Centres d’Accueil de classes transplantées (et là, si j’applique la même méthode que SOS Education, cet enseignant reçoit au minimum 10 000 enfants par an soit une moyenne de 52 enfants par journée scolaire ouvrée.)- On a supprimé les postes de psychologues scolaires et d’enseignants spécialisés qui travaillent avec des enfants en difficultés scolaires au niveau de l’école élémentaire.- On a supprimé les postes de Conseillers pédagogiques en musique, en dessin, en EPS,… qui assuraient, sur le terrain, la formation des maîtres.- On a supprimé les postes d’enseignants-remplaçants.- -…Usant de la même rhétorique que celle employée par SOS Education, interrogeons-nous : -Pourquoi les enfants hospitalisés en séjour longue durée n’ont-ils plus droit à une scolarité normale ? - Pourquoi les enfants en mal-être n’ont-ils plus droit à un suivi adapté dans des Centres Médicopédagogiques dont l’efficacité est reconnue par tous ? - Pourquoi les enfants accueillis en centre de classes transplantées n’ont-ils plus droit à la compétence d’un enseignant qui, de par son expérience, assurait, entre autres, le lien pédagogique avec l’institution ? - Pourquoi les enfants en difficultés scolaires n’ont-ils plus droit à une prise en charge par des personnels spécialisés de proximité dont l’action permettait de diminuer significativement l’échec scolaire ? - Pourquoi les enfants de l’Ecole de la République n’ont-ils plus droit à une éducation aux arts encadrée par des pédagogues à la compétence reconnue ? - Pourquoi votre enfant subit-il le non remplacement de son enseignant malade ? - Pourquoi …. ?Et je n’évoque pas la médecine scolaire qui a pratiquement disparu. Quant aux personnels administratifs, supprimons les secrétaires des collèges, lycées, facultés, supprimons les économes, supprimons les comptables, supprimons tout ce qui fait « tourner la boutique » et donnons ces tâches à des officines privées. Pour les heures dites « syndicales », elles sont encadrées par la loi votée par les parlementaires. D’ailleurs, certains groupuscules syndicaux se mouvant dans l’ombre de SOS Education ne bénéficieraient-ils pas des mêmes « privilèges » ? L’avenir de l’Ecole Publique comme celui de la Santé et d’autres services publics dépend d’une volonté et d’un choix politiques et SOS Education vous a présenté les siens. Vous avez été ou vous allez être fascinés par ce que, avec beaucoup de «
calcul
», SOS Education vous a concocté.Pour mieux connaître cette association et les buts qu'elle poursuit, prenez quelques minutes pour lire les pages 48, 49, 50, 51 et 52 de l’ouvrage «
Main Basse sur l’école Publique
» de Eddy KHALDI et Muriel FITOUSSI (Edition Demopolis), 20€, dans toutes les bonnes librairies.
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