Les leaders de la gauche latino-américaine, au pouvoir dans la majorité des pays de la région (sauf en Colombie et au Mexique), n'attendent pas grand-chose d'une victoire de Barack Obama. Ils affichent leurs inquiétudes quant aux protectionnisme traditionnel des démocrates. C’est d’ailleurs que vient l’enthousiasme : de sa couleur.
Dimanche, le président vénézuélien Hugo Chavez en campagne pour les élections régionales du 23 novembre, a clairement proposé à Barack Obama de relancer le dialogue avec son gouvernement. Cela commencerait par l’échange d’ambassadeurs, puisque le président vénézuélien a retiré le sien il y a deux mois.
Il répond ainsi aux propos d’Obama qui, durant la campagne, a assuré vouloir converser avec les pays considérés traditionnellement comme ennemis des Etats-Unis (alors que McCain ne changera rien, de ce point de vue de la politique de Bush).
Mais Hugo Chavez prend aussi en considération l’image sympathique d’Obama au sein de son pays, et de la région en général, dans un contexte où les revendications mieux écoutées des plus pauvres a souvent donné lieu à la mise en avant des racines noires et indiennes, longtemps oubliées et méprisées par les élites blanches libérales.
« Nous ne lui demandons pas d’être un révolutionnaire ni un socialiste », a déclaré Chavez. «Nous voulons seulement que le Noir qui s’apprête à être Président des Etats-Unis ait suffisament de stature pour l’époque ». Et de rajouter : « Je veux me rapprocher du Noir, à partir d’ici, où nous sommes Indiens, Noirs, la race sudaméricaine ».
L’origine sociale et raciale d’Obama rend possible une lune de miel avec l'Amérique Latine. On voit mal Chavez se moquer de lui comme il le fait de Bush. Même si la région n’est pas une priorité pour le canditat démocrate, espérons qu’il en tire profit.