
Laura Tuffery : Pourquoi Louise Wimmer? Pourquoi ce titre? Pourquoi ce nom?
Cyril Mennegun : Pourquoi ce titre? Déjà pour moi c'était évident que ce film porterait le nom de l'héroïne, donc j'ai jamais poussé la réflexion plus loin. J'en avais envie puisqu'il s'agit d'imposer un personnage de femme, il s'agit d'imposer un type d'héroïne, il s'agit d'imposer une comédienne donc j'avais envie que le film soit très clairement identifié de ce point de vue là. Et ensuite pourquoi ce nom là? Louise je sais pas, ça m'est venu de tout de suite j'ai aimé tout de suite et j'ai pas cherché plus loin et Wimmer j'ai cherché longtemps...
LT : Vouliez-vous faire de votre personnage une héroïne et la sortir de son anonymat?
CM : Oui, c'est cela avec un nom qui claque, Rita Hayworth, Louise Wimmer quoi! C'est une héroïne de cinéma, une héroïne de la vie, c'est ça.
LT : Est-ce que vous auriez pu ou voulu faire un film sur Louis Wimmer?
CM : J'aurai pu mais voulu non, parce que les hommes ont suffisamment la part belle au cinéma d'une part et puis, même si les héros de mon prochain film sont des hommes, j'ai tendance à avoir une sensibilité qui se dessine plus du côté des héroïnes, des femmes au cinéma... Mais ça c'est parce que j'ai été élevé par des femmes seules, c'est parce que j'ai été touché par des films, porté par des femmes, c'est tout ça. Et puis les mecs ont assez la part belle au cinéma quoi.
LT : Mais est-ce que ce cheminement, cette manière de se tenir dans la vie qui est celui de Louise Wimmer n'est pas propre aux femmes aussi? Est-ce qu'un homme aurait pu suivre le même?
CM : Je sais pas, il y a une telle évidence pour moi, mais là c'est pareil depuis gamin j'ai été en permanence dans l'observation de femmes costauds qui tiennent les choses à bout de bras donc évidemment je ne peux abonder que dans le sens de la question, dans le sens où ce que j'ai observé moi enfant c'est des hommes qui se débinent, des hommes qui se délitent et des femmes qui résistent, donc j'aurai peut-être tendance à penser qu'elles en ont plus que les mecs (sourires)...
LT : Ce sont des femmes « couillues » ?
CM : Oui, surtout à un moment donné. Je sais pas à quoi ça tient, mais probablement une incapacité à renoncer à des choses comme la dignité, beaucoup plus difficilement que les hommes en fait.
LT : La plupart des réalisateurs aiment à filmer le drame, la crise, la chute, vous vous arrivez après ce moment de la chute, celui où son regard a changé, mais vous ne montrez pas « tout » ce qu'elle a perdu.
CM : Je filme ce moment où il faut réagir, où l'on ne sait pas comment elle a été avant. Vous avez raison beaucoup de films s'intéressent plus à la chute parce que c'est plus spectaculaire et moi je suis convaincu que ce qui est plus spectaculaire c'est comment quelqu'un résiste, comment quelqu'un ne lâche pas, comment quelqu'un s'accroche, comment quelqu'un s'impose à lui même et s'impose aux autres. Je trouve ça plus passionnant que la chute en fait. Je trouve ça plus passionnant et ça raconte beaucoup plus de choses sur l'être humain au sens large et sur la chute qui est en effet beaucoup plus spectaculaire mais qui moi m'intéresse beaucoup moins parce que c'est pas dans la chute que les gens se révèlent en fait, c'est après. C'est là où ça fait la différence.
LT : Dans sa solitude, Louise Wimmer est une femme mais elle est aussi une mère, même si le lien avec sa fille semble s'être brisé, pourquoi avez-vous tenu à fixer sa relation à sa fille de cette manière là, dans une scène où elles se touchent à peine?
CM : Parce que je la trouve indissociable de la chute d'une certaine manière, parce que je la trouve réelle par rapport à ce qu'est la chute qui a précédé au début du film. Elle a chuté aussi parce qu'elle ne pouvait pas demander à sa fille de l'héberger, c'est inclus ça dans le film. Elle a fait le choix de ne pas dire à sa fille ce qui se passait et pour ne pas dire à sa fille ce qui se passe, il faut s'éloigner, il faut prendre du recul, « je ne vais pas chez elle, elle ne viendra pas chez moi, je vais entretenir quelque chose de complètement fictif de l'ordre de ce qu'elle a connu », et est-ce que Louise Wimmer a été, dans sa chute et ce qui a précédé sa chute, une si bonne mère que ça? C'est pas non plus une obligation, ce n'est pas non plus dit ça mais c'est pas une certitude non plus. De quoi à souffert sa fille? Pourquoi elles ne s'entendent plus?

LT : Dans une scène, vous mettez en situation la rencontre de Louise Wimmer avec son ex mari, lorsqu'elle vient chercher le chien de sa fille. Le bref échange entre les deux laisse à penser que c'est son divorce qui a précipité sa chute à elle, est-ce exact?
CM : Moi ce que je me raconte c'est que c'est une femme trompée qui a choisi de ne pas accepter et de partir. Ce que son ex mari lui reproche c'est de ne pas avoir accepté, de ne pas être restée quand même. Elle, elle a juste fait le choix de ne pas fermer les yeux et de se dire, « je n'ai plus ma place ici, donc je m'en vais ». C'est elle qui est partie en effet, et lui quelque part se dit que ça aurait peut-être pu s'arranger mais elle, trompée et humiliée, elle s'est dit « c'est la fin, c'est à moi de partir ».
LT : Elle approche de la cinquantaine, les hommes qu'elle approche et qui lui donnent parfois un coup de main, elle leur répond « J'ai pas besoin de mec dans ma vie » Pourquoi?
CM : Parce que c'est pas le moment. Elle ne renonce pas au sexe parce que c'est probablement quelque chose dont elle a besoin pour rester en vie, pour continuer à se dire qu'elle existe. Est-ce que c'est du sexe juste par hygiène ou du sexe pour exister, pour se dire « je suis encore une femme, je suis en vie, j'existe toujours »? Après pas besoin d'un mec dans sa vie « parce que je m'en sortirai toute seule », elle ne se mettra plus à la gauche ou à la droite d'un homme, comme elle l'a fait.
LT : Elle approche de la cinquantaine, faire l'amour lui donne sans doute de l'énergie, elle a quelques amitiés sporadiques mais elle ne compte plus que sur elle même, il y a beaucoup de solitude ou de lucidité dans le personnage de Louise non?
CM : Oui, elle se sert de ces petits liens pour recevoir son courrier là, pour faire dépanner sa bagnole ici, elle se sert d'une certaine manière mais elle ne s'engage en rien, ni dans une amitié ni dans un amour. Plus d'engagement parce qu'il y a une nécessité de ne pas divulguer sa situation aussi. Moins elle connait les gens, moins ils sont proches plus c'est facile à cacher.
LT : Louise Wimmer a fait table rase de son passé, elle repart à zéro à cinquante ans et seule. Pensez-vous que cette situation aurait été la même il y a vingt ou trente ans? Louise Wimmer ne se serait-elle pas remariée alors ou avez-vous dépeint une figure singulière de femme atemporelle?
CM : Encore une fois, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure dans la manière dont j'ai grandi, ça n'y est pas pour rien non plus, mais c'est aussi une volonté que j'avais de renouveler d'un pur point de vue cinématographique, une femme au cinéma aujourd'hui. Les personnages, les rôles de femmes de cinquante ans au cinéma, aujourd'hui il n'y en n'a pas et quand il y en a, c'est un rôle pour Catherine Deneuve dans une comédie...! Donc je me suis dit que ce qui moi m'intéressait et ait du sens, parlait d'une femme au cinéma, d'une femme de cinquante ans. Qu'est-ce que c'est une actrice au cinéma? Corinne Masiero, le choix de Corinne questionne cela aussi, et moi ça m'intéresse beaucoup. Et puis il y a un petit merde aussi à ce qu'est le casting, un petit merde que j'assume. Il y a quelque chose de féministe là dedans mais ça par contre ça m'a échappé, je l'ai découvert dans les réactions des femmes dans le public. J'ai découvert qu'il y avait quelque chose où le film dit « Tiens cette femme égale un homme » bizarrement, et du coup elle n'est pas du tout dans une attitude classique de femme au cinéma. Elle ne cherche pas un homme pour se protéger.

LT : Louise Wimmer a beaucoup d'attributs généralement accordés aux hommes : elle se débrouille juste avec sa voiture, on imagine qu'elle n'a jamais travaillé avant, elle ne va rien demander, on ne la voit pleurer qu'une seule fois. Vous dépoussiérez sacrément l'image de la femme de cinquante ans véhiculée dans la vie et au cinéma, non?
CM : Il n'y a qu'un seul moment où elle pleure en réel, et puis il y a un moment où elle a pleuré, où ça se voit qu'elle a pleuré mais on ne la voit pas pleurer. Elle a été « la femme de », elle a travaillé avec son mari en fait. Mais pas de salaire, pas de fiches de paie puisque c'est l'argent de l'entreprise, du ménage. Ça c'est quelque chose que j'ai bien connu dans ma famille. Je suis le fils de, le neveu de... Ce sont des femmes qui travaillent avec leur mari, qui sont « la femme de », qui sont mariées ou pas, mais qui même mariées ne sont pas à l'abri - le contrat de mariage c'est pas un truc de riches ou de bourgeois- et donc le jour où ça s'arrête, elles perdent tout parce qu'elles ont jamais cotisé, elles n'ont plus le droit à rien parce qu'elles n'ont plus d'enfants mineurs donc pour trouver un appartement elles ne sont prioritaires en rien. Ça je l'ai vu, je l'ai vécu, oui ça je l'ai éprouvé dans la vie ça...
LT : Est-ce pour cela que vous avez eu à coeur d'en faire votre premier long métrage de fiction, après votre documentaire sur Tahar l'Étudiant, était-ce essentiel pour vous de démarrer par là?
CM : Oui, parce que j'avais envie de cohérence dans mon parcours, évidemment. Tout le monde me demande comment on fait? Votre parcours c'est quoi? Puisque je ne sors de la Fémis ni de nulle part d'ailleurs, ils se demandent comment j'ai appris le cinéma, mais on s'en fiche, c'est pas intéressant ça. Le cinéma c'est pas quelque chose qui s'apprend totalement c'est aussi un apprentissage. Mais oui c'était important pour moi d'avancer en cohérence par rapport à qui je suis, par rapport à d'où je viens, par rapport à mon parcours documentaire, d'aller vers la fiction. Et puis on parle bien des choses qu'on sait la plupart du temps...
LT : Votre regard magnifie Louise, même si vous montrez aussi l'immense dureté et solitude qui l'entourent, comment les expliquez-vous?
CM : C'est vrai. C'est une mise en retrait. C'est une mise en retrait, je n'ai pas d'explication mais je sais que c'est juste. Une mise en retrait, s'extraire du monde pour se reconstruire...
LT : C'est elle qui s'extraie ou c'est la société qui ne lui donne plus de place?
CM : C'est les deux. C'est l'intelligence de se retirer d'un monde où quoi qu'il arrive, la place n'est pas là, donc du coup c'est « comment moi je me construis moi » et où sont mes forces intimes qui vont me permettre de retrouver un point zéro à quelque part. C'est plus une question de survivance, et même une question de survivance à l'intérieur de soi, c'est à dire je ne suis plus rien mais je suis quoi? Et son identité, sa véritable identité on ne la sait, on ne la sent que seul. Au milieu des autres on est toujours dans le faux semblant du jeu (je) social, qu'elle fait très bien par ailleurs, mais elle le fait consciente de cela.
LT : Le risque dans votre film aurait été de sombrer dans le nihilisme, prêter un regard cynique à Louise alors qu'en dépit de son détachement, elle n'est qu'empathique à l'égard des autres. Elle semble d'ailleurs avoir plus d'empathie pour les hommes qu'ils n'en n'ont pour elle, non?
CM : Oui bien sûr, elle en sait plus qu'eux d'une certaine manière. Il y a quelque chose qu'elle a compris qu'ils n'ont pas compris. Elle est en réaction. Et je me demande si elle a compris ce qu'il lui est arrivé, elle est encore en réaction, elle est éberluée. Elle se dit « Qu'est-ce qui m'est arrivé? Comment j'en suis arrivée là? », elle n'a pas forcément compris tout le mécanisme. C'est arrivé. Voilà. Et donc là tu crèves ou tu réagis. Et pour réagir je pense qu'il faut se soumettre en rien.
LT : Ne commence-t-elle pas à réaliser qu'elle tourne le dos au passé, quand elle sait et s'en moque, qu'elle ne pourra pas embarquer ses meubles, la seule chose qui lui restait avec sa voiture?
CM : Oui, elle ne regardera plus dans le rétroviseur, sans faire de mauvais jeu de mots. Plus de rétro.

LT : Il y a une scène magique où Louise danse, pourquoi danse-t-elle? Je vous pose la question naïvement.
CM : C'est une scène que je voulais vraiment comme un motif de cinéma, pour illustrer, pour marquer quelque chose d'important pour moi, qui est une reprise en contact de Louise avec le monde, avec son corps, avec son énergie, avec son désespoir, avec son espoir, avec sa force, avec tout ça. Et puis c'est aussi cette veine de qui on voit danser au cinéma, c'est toujours les jolies pépées. Et puis elle danse sans homme, sans cavalier, à l'écart du monde et en même temps elle le surplombe, c'est la patronne. Parfois, elle a un corps d'ado presque, de gamine, et j'aime bien ça parce qu'en fonction de la distance, tout d'un coup l'âge n'a plus d'importance, c'est la multiplicité d'une même femme avec toutes ses facettes, et elle va devoir se remobiliser pour avoir une suite de vie qui lui va. Cette scène de danse raconte aussi ça, qu'une deuxième vie est possible, une sorte de seconde jeunesse entre guillemets, avec un nouveau début, un nouveau milieu, une nouvelle fin. D'une certaine manière elle est libérée aussi, elle est libre et elle va devoir tout réinventer, tout là-haut [tour de l'immeuble].
LT : Vous faites référence à l'influence de L'emploi du temps de Bruno Cantet dans la réalisation du film, avez-vous la sensation de vous inscrire avec Louise Wimmer et après Tahar l'Étudiant, dans la veine d'un cinéma social ou engagé?
CM : Non, ce n'est pas tant une nécessité, non. Jusqu'à maintenant ça a été mon parcours parce que j'ai du trouver dans la vie une façon de quitter le « là » d'où je viens pour avancer et que je me suis dit que c'était peut-être plus intéressant pour moi de faire de ma faiblesse une force, de parler des choses que je connais, « des gens de ma race » on va dire (rires) et puis d'avancer avec ça. Aujourd'hui, il y a Louise Wimmer qui fait le pont entre un avant et autre chose, et maintenant je vais devoir me construire, sans prétention, comme cinéaste. Et je pense qu'à chaque fois je me poserai la question de qu'est-ce que j'ai envie de dire? Comment j'ai envie de le dire? Mon prochain film avec Tahar Rahim se passe dans un hôpital psychiatrique, je pense que je vais tirer beaucoup plus les choses vers la fiction d'un point de vue spectaculaire parce que j'ai envie d'ouvrir mon film à un public le plus large possible, et que ces choses dites soient entendues par le plus de gens possible. J'aime bien l'idée d'avoir l'impression de faire mon premier film à chaque fois, pour ne pas me mettre dans « un truc de recettes » et refaire quelque chose qui ressemble à Louise Wimmer à chaque fois. Ça ne m'intéresse pas. J'ai envie que chaque chose soit un objet unique, ce que permet la fiction, ce que permet moins le documentaire.
LT : Comment vivez-vous l'existence de Louise Wimmer, film déjà remarqué au festival de Venise, sachant qu'il s'agit en partie de votre parcours personnel comme vous l'avez souligné ici, comment vivez-vous cela?
CM : Je sais pas... (sourires). C'est très compliqué (sourires). Je sais pourquoi je vis ça parce que ça correspond à dix années de ma vie, de travail, d'envies, d'espoir, de tentatives, d'échecs, de réussites, donc je vois bien comment tout ça s'est tricoté. Après il y a des gens qui tricotent et qui n'y arrivent pas forcément, bon voilà moi j'y suis arrivé à ce quelque chose. Je sais d'où il vient, je suis heureux qu'il plaise, heureux qu'on en parle, je suis vraiment heureux de tout ça et je pense que j'ai très bien su m'entourer aussi mais il y a aussi un drôle de sentiment. J'ai de la fierté, de l'enthousiasme mais il y a quelque chose qui est de l'ordre d'avoir l'impression d'avoir trahi quelque chose aussi, qui est étrange, assez indéfinissable... Ça fait penser à Annie Ernaux un peu si on veut... J'ai coupé quelque chose auquel j'étais destiné, j'ai coupé avec une spirale de l'échec qui vient de loin, j'ai coupé plein de choses. Je me sens un peu seul...
LT : N'est-ce pas le sentiment d'avoir « vendu » son passé à soi?
CM : Je me suis remboursé en tout cas! (sourires) En le transformant, en le sublimant c'est une manière de se dire que ce qu'on a vécu ça valait la peine d'être vécu, c'est une manière d'affirmer ça. Aujourd'hui, je le donne aux autres donc du coup je solde peut-être aussi et je m'offre la possibilité de passer à autre chose.
LT : Que le film touche les femmes est-ce important pour vous?
CM : Il se trouve qu'il touche les femmes, beaucoup. La plupart du temps lors des avant-premières la salle est pleine de femmes, vraiment de tous âges, il y a le sujet donc les mecs...bon voilà (sourires). En fait le film touche toutes les catégories de femmes parce que je ne raconte pas l'histoire d'une SDF. Je raconte symboliquement avec cette femme avec sa voiture, une femme qui se perd, une femme qui est mise au ban de quelque chose, donc ça raconte bien des violences faites et subies qui sont symbolisées par une situation sociale donnée, mais on peut la voir comme un symbole aussi cette situation sociale. Une bourgeoise qui se sent seule dans son mariage, qui se sent seule dans sa vie ou seule dans sa grande maison est touchée par Louise. Cela va lui raconter sa solitude même si elle n'en voit pas la dimension sociale. Beaucoup sont venues me le dire, vraiment.
LT : Les hommes dans Louise Wimmer sont particulièrement défaillants, ils ne s'engageraient pas avec elle, au delà de lui donner un ponctuel coup de main non?
CM : Soit ils attendent une contrepartie, on peut le lire à plusieurs degrés mais ils sont surtout très faibles en face d'elle au final. Elle est aussi atypique, elle est grande, c'est pas exactement une petite femme qu'on a envie de prendre dans ses bras immédiatement, alors qu'en réalité elle est super fragile même si sa manière de réagir est pleine de colère, de tristesse.

LT : Comment Corinne Masiero a-t-elle vécu elle le rôle?
CM : Elle l'a vécu d'une manière assez bouleversante dans le sens où comme actrice elle n'avait jamais été regardée de cette manière là. Aucun réalisateur n'avait fait appel à elle pour interpréter quelque chose sur la corde sensible. Corinne c'est quelqu'un qui a une boîte à outils, qui est dans le trash, dans l'humour, dans le vulgaire, dans le décalé parce que c'est une armure. On n'avait jamais fait appel à elle sur des choses sensibles qui au fond lui ressemblent beaucoup donc c'était toucher sur ses fragilités, sur ses failles, c'était un vrai saut dans le vide pour Corinne. D'en faire le minimum, d'en faire le moins possible, c'est dur à faire! Le rôle je l'ai écrit pour elle. L'enjeu du film c'était ce personnage de Louise mais aussi d'imposer cette actrice là, donc c'était pour moi tout un travail pour imposer Corinne comme elle l'est dans le film. Il fallait aussi que j'impose Corinne à Corinne.
LT : Cela vous fait deux révélations d'acteurs avec Tahar Rahim dites-moi!
CM : (Rires) D'ailleurs Corinne vient de tourner avec Audiard! C'est super, c'est drôle mais faudra qu'il m'explique quand même un jour! (rires)
Propos recueillis le 16/12/2011
Laura Tuffery
Article mis en ligne le 3/01/2012 sur www.culturopoing.com