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Billet de blog 4 novembre 2013

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Isabelle Duquesnoy et la Franc-Maçonnerie...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Retour sur l'ouvrage qui fait parler... IsabelleDuquesnoy fait une peinture de la franc-maçonnerie assez nouvelle... 

Bonjour Isabelle Duquesnoy,
Dans « Journal insolent d’une franc maçonne » vous vous dévoilez je dirai sans vergogne. Pourquoi ce besoin ? Cette nécessité ?

Durant mes années de maçonnerie, quelques frères et sœurs ont été poussés au désespoir par leurs supérieurs, allant même parfois jusqu’à la tentative de suicide !

Personne ne révèle jamais les abus de pouvoir exercés dans certaines loges bleues, où les apprentis sont pris pour des crétins corvéables. La Glff est un inconcevable vivier d’hystériques à cet égard.

Lorsque j’ai évoqué ce projet de livre avec mes sœurs et frères, je n’ai entendu que des encouragements : « Fonce ! Quelqu’un va enfin raconter  ce que l’on n’ose pas dire ! » était la phrase qui revenait le plus souvent.

Je me dévoile, oui, car l’honnêteté est nécessaire dans le récit d’un vécu. Ce livre implique d’autres personnes,  dont la parole est passée par ma plume. J’aurais pu prendre un pseudo, mais j’ai choisi d’assumer 100% de mes propos, même s’ils doivent déranger.
Je reçois beaucoup de messages me remerciant d’avoir dit tout haut ces vérités ; je ne regrette rien.

L’ouvrage est un récit, plein d’émotion et d’humour… pourquoi ce style ? Une forme d’ironie volontaire mais dans quel but ?

La maçonnerie aurait besoin d’une épuration éthique !!
L’émotion de mon livre est celle d’un maçon lambda, qui arrive plein d’espoir et d’attention dans une loge qui l’accueille. L’humour est une soupape de sécurité qui m’a permis de relativiser les conditions psychologiques dans lesquelles j’ai été précipitée. C’est une façon de prendre du recul, quand on essaie de me faire admettre qu’un détail anodin est gravissime, ou l’inverse, ainsi que de supporter les petites humiliations classiques infligées aux apprentis de la Glff, où les débordements sont nombreux et « excusables », aux dires des supérieurs.

L’importance des cérémonies n’exclut pas l’humour, une fois sortis du temple. On se prend souvent trop au sérieux, et j’aime remettre les choses à leur place.


Un franc maçon prête serment sur le fait de ne pas dévoiler les secrets qui lui ont été confié. Or, vous donnez beaucoup d’éléments de rite qui sont logiquement mis entre les mains des frères et sœurs… Pourquoi aller si loin ?

La franc-maçonnerie exige notre promesse dès l’initiation, concernant des secrets qui ne nous sont pas encore révélés ; nous promettons donc à l’aveuglette ! Personnellement, la cérémonie de mon initiation était grotesque, une bouffonnerie mal préparée.

Refuser de prêter serment m’a effleurée, mais j’ai pensé qu’il était dommage de tout gâcher, et de décevoir les sœurs qui avaient tout préparé (enfin, si on peut appeler ces tâtonnements et fiascos « préparatifs »).  

Ensuite, on nous explique que LE secret n’existe pas (à la GLFF ce fut ainsi), mais qu’il est l’indicible partage de ces moments. Or, il existe énormément d’ouvrages en vente libre, retraçant en détail les rituels et les cérémonies ; ne parlons pas des « pioches » possibles sur Internet, sans mots de passe de protection.

Je ne dévoile rien de plus que ce qui existe déjà, mais à la différence que moi, je raconte mes impressions, mes satisfactions et mes désillusions au fil de 10 ans de maçonnerie.

Il faut arrêter de prétendre que tout est secret, c’est un mensonge que personne ne conteste ouvertement.


Que trouvez vous de plus difficile à vivre in fine en maçonnerie ? Le point de départ n’est il pas un ratage dans la loge mère ?

Effectivement, le parfait ratage de ma cérémonie d’initiation ainsi que des étapes suivantes est imputable à la Glff.

Contre toute attente, là où j’espérais trouver la fraternité, j’ai rencontré la mesquinerie, le calcul sordide et les jalousies puériles. Le niveau intellectuel était affligeant, la teneur des travaux me faisait perdre mon temps : planches cuculs, révélations personnelles indécentes, jugements sur autrui assez violents, le tout masqué derrière un discours patelin.

Hors du temple, après deux gobelets de piquette en cubitainer, les règlements de compte et les vacheries fusaient par-dessus les assiettes en carton.

Donc, bien sûr, mon point de départ fut assez … décevant.

Au Droit Humain, la sensation de ne pas pouvoir exprimer un avis contraire à celui de l’ensemble de la loge m’a dérangée. C’est le comble, dans un lieu où la parole doit circuler librement ! Cette impression désagréable et frustrante était partagée par d’autres maçons qui, depuis, ont démissionné.

Bref, je rêve d’une loge où règnent réellement la concorde et la fraternité, mais je n’en ai pas encore trouvé l’adresse. 

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