Nous ne sommes plus dans le rationnel. Voyant la dérive des cortèges des « anti-mariage pour tous », on peut constater des clichés de plus en plus inquiétants. Certains journalistes ont eu la nausée en voyant des manifestations sorties d’un autre temps. A Lyon, des chemises brunes d’un autre temps se sont donné rendez-vous comme s’ils s’étaient évadés d’un univers à la « Cloud Atlas », revenu du passé avec des signes mimant les élans hitlériens ou SS. A Nantes, un père en soutane aurait harangué la foule comme en 1905 lors de la fin des privilèges de l’Église. Certains participants à ces délires de masse sont allés jusqu’à menacer Fourest et quelques autres avec une violence rare. Par pudeur on ne reprendra pas les propos en question. Inutile de faire trop de publicité sur cette foison de colère attisée par de piteux représentants. Farjot ainsi appelle au sang comme pour reprendre le crédo des croisades. On dirait que sa plume a été plongée dans le même fiel que les islamistes radicaux poussant leurs adeptes à l’irréparable au travers de fatwas totalement hallucinantes.
Le rationnel n’est donc plus. La question est de savoir qu’elle est notre part de responsabilité. Comment est-on arrivé à ce que des français puissent suivre des courants d’une telle intolérance ? Après tout, le mariage gay n’est qu’un pacte civil et il n’oblige en rien l’Église ou les religieux à marier dans leurs lieux sacrés. Et pourtant, la plèbe ecclésiastique s’est sentie obligée de défiler, ne voyant pas que l’amour transcende les sexes. Pourtant une hystérie collective se développe au galop. On peut trouver assez dommage l’exhibition des FEMEN sur certains cortèges allant à la provocation la plus simpliste conduisant à des heurts très dommageables. Mais hormis ces incidents, il est difficile de trouver du sens à « l’appel au sang ».
En analysant plus en amont, on peut voir la crise qui rentre dans le dur et un président qui ne sait pas à ce jour parler sur le sujet du « mariage pour tous ». On aura surexposé, Mme Taubira à cet effet, mais cela ne remplace pas la parole de la république. Le premier ministre non plus ne semble pas avoir eu de positionnement qui puisse marquer le pas au niveau médiatique. Et L’Élysée dans la foule des crises actuelles se trouve affaibli et rate un peu chaque jour les occasions pour désamorcer une cristallisation de plus en plus contagieuse. On peut craindre donc une étincelle sur les prochains cortèges qui pourrait servir de détonation primale aboutissant à des évènements plus cisaillant pour la société française. Certains gauchistes rêvent d’une « insurrection qui vient », à la droite de la droite, on rumine pour mettre Marine au pouvoir… Aussi, la situation devient de plus en plus critique. On peut blêmir de savoir que tout est dans les mains de Mme Frigide Barjot… un peu comme si le destin républicain se mettait à vaciller au point de laisser la main à un nom prémonitoire et une « âme » dénuée de sens et de logique, voire de responsabilité.
Nous en sommes là. Au cœur d’une crise alambiquée, qui peut s’enflammer avec des passions d’un autre âge, des cortèges venus pour créer du blasphème républicain, pour mener du désordre et peut être laisser la main à une droite en manque d’idée. Le risque réel est une crise institutionnelle et quelques manifestations hors de contrôle… mais dans ce genre de tournant politique, ce qu’il faut craindre absolument ce sont les victimes, ces gays qui seront tombés par hasard sur des molosses fous dans des angles morts d’une rue. On peut imaginer ces moments de nausée humaine ou pourraient tomber des hommes, des femmes qui auront été un jour la cible d’un « appel au sang ». La France en est là. Face à l’incitation à une haine débridée et absurde, avec une impuissance politique et médiatique comme témoin d’évènements probables, potentiels, absurdes et proches de l’abjection. Le monde est décidément devenu « barj ».