On ne peut pas réduire les impôts, on ne peut pas augmenter les salaires, il faut réduire le nombre de fonctionnaires, le nombre d'enseignants, le nombre d'infirmières, le nombre de policiers, le nombre de juges ou de greffiers, il faut réduire les aides aux associations. Mais pourquoi, mon Dieu?
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Demandez-vous peut-être encore, sourds que vous êtes. La réponse est pourtant là, répétée sans cesse à nos oreilles : parce qu'il faut diminuer la dette de la France!
Et c'est vrai, assainir les finances publics, c'est ce qu'il faut faire mais pas pour toutes ces raisons que l'on vous vend à longueur de journaux et d'interviews.
Il est loin le temps où le Général de Gaulle pouvait lancer de grandes politiques et considérer que l'économie relevait de l'intendance.
Et j'entends déjà certains grincheux me dire: "ben oui, c'est loin, il faut vivre avec son temps, on est en 2011, maintenant; on n'est plus en 1945."
Certes, et je n'aurai jamais pensé qu'un jour pour une raison ou pour une autre, nous pussions regretter ne plus y être!
C'est qu'en effet, depuis, il s'est passé certaines transformations qui ont rendu la situation morbide. Et ces transformations furent la conséquence directe de décisions politiques, sans cesse aggravées mais dont on ne vous parle pas.
Il est tellement plus avantageux d'avoir un bon prétexte pour faire suer les travailleurs!
Quelles sont ces décisions? Il suffira ici d'en citer une.
Tout remonte au 2 janvier 1973: une nouvelle loi est promulguée instituant l'interdiction pour l'Etat Français d'emprunter auprès de la banque de France.
Conséquences? L'Etat a dû, à partir de ce moment là emprunter, auprès des marchés, c'est-à-dire auprès de préteurs privés.
Différence? Enorme, car la Banque de France pouvait prêter sans intérêt, tandis que les marchés réclament des profits, donc beaucoup d'intérêts.
C'est, entre autres choses, ce que nous rappelle le député Nicolas Dupont-Aignan dans son dernier livre L'Euro, les banques et la mondialisation: l'arnaque du siècle.
Car ça ne s'est pas arrété là: ce n'était qu'une phase préparatoire à l'organisation européenne, qui s'est fondé sur ce principe (article 104 du traité de Maastricht et article 103 du traité de Lisbonne): la BCE ne doit pas préter aux Etats. En revanche, elle prête aux marchés (les banques)... qui prétent aux Etats (en empochant un bon petit intérêt en passant).
C'est ainsi, il faut le savoir, que "nous payons chaque semaine 1 milliard d'euros d'intérêts à des investisseurs privés soit 2600 euros par foyer fiscal imposable. Le tout sans parvenir à rembourser le moindre centime de capital emprunté! C'est maintenant plus que l'impot sur le revenu perçu en France et c'est autant de financement qui disparaît des capacités d'action de l'Etat".
Et à quoi croyez-vous que les banques utilisent cet argent? Allons, allons, réfléchissez. Vous n'en avez pas la moindre idée? Ben à payer des traders, par exemple, à inventer de nouveaux produits financiers, à préter et à prendre des risques. Bref, à produire une crise économique.
Mais pourquoi? Ben pourquoi pas? De toute façon, lors d'une crise, les Etats renflouent les banques. Alors pourquoi se priveraient-elles de leurs petits jeux de casino avec l'argent mondial? L'Etat paie le capital, l'Etat paie des intérêts, et si ca va mal, allez, bon garçon, l'Etat paie les dettes.
C'est un système parfait. Franchement, je serai grand banquier, ou gros investisseur, je me dirais que l'Europe, c'est le paradis.
Vous demandiez peut-être pourquoi l'on avait fait l'euro? A qui profitait cette mondialisation assistée par les Etats? Eh bien, la réponse, vous le voyiez, est simple : pour que les banquiers et les investisseurs puissent en profiter.
Alors, évidemment, comme on ne peut pas tout avoir, lorsque les uns profitent, les autres dérouillent. Mais enfin, ce n'est pas comme si personne n'avait rien vu venir. Et puis on est en démocratie, c'est le peuple qui a voté, non?
Malgré tout, nous sommes obligés de constater que la situation actuelle, avec ces crises économiques successives, est extrèmement mauvaise. Que l'économie française est exsangue, que le chomage augmente, même si parfois cette augmentation diminue, et, du coup, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il faut une certaine dose d'incompétence ou de malveillance pour continuer, dans ces conditions, à soutenir un système pareil.
Et comme les politiques influents ne cessent de clamer qu'il faut les prendre au sérieux et qu'ils ont toutes les qualités requises, il ne nous reste plus qu'à conclure: puisqu'ils ne sont pas incompétents, ils ont sciemment mis en place un système pour dépouiller les Etats au profit d'intérets particuliers.
Autrefois on expliquait que l'Etat devait être indépendant des féodalités économiques. Il y avait même la notion de trahison envers sa patrie. Je ne sais pas si cela existe encore. Il faut dire qu'on ne sait plus très bien de quoi ces gens peuvent se reconnaitre responsables. De rien, sans doute.
En attendant, que faire? Se rendre complice? C'est bien joli de critiquer si c'est pour ensuite mettre dans l'urne un vote inutile qui ne changera rien à la situation puisque le candidat ne veut pas la changer et n'en parle même pas!
Alors c'est sans doute terrible qu'il n'y ait presque personne d'autres, seulement voilà c'est M. Dupont-Aignan qui en parle, qui sort un livre sur le sujet. On peut s'en plaindre, on peut s'en moquer, aussi - ce qui dénote malgré tout une attitude assez singulière - on peut dire que ce n'est qu'un petit candidat gaulliste, qu'on ne le connait pas bien, qu'il n'est pas très médiatique.On aurait d'ailleurs pu dire tout cela de De Gaulle en 1940 - et certains l'ont dit.
Car quoi? De quoi s'agit-il ici? D'une élection de Miss France, d'un concours de télé-réalité? Ou de l'avenir du peuple français?
Une chose est certaine. Il fut un temps où le peuple lui-même se débarrassait des profiteurs, même s'il fallait pour cela les débarrasser d'abord de leurs têtes.
(Mais je continue à penser que voter Dupon-Aignan est malgré tout plus civilisé).