Voté ce 31 janvier 2014, piloté par la Conseillère Exécutive Maria Giudicelli , ce PADD réunit dans une même résilience, une même intelligence territoriale et un même espoir, les élus de gauche ( PRG, PC, PS, Démocrates) et les élus autonomistes (Corsica Libera, Femu a Corsica). Tous, ensemble, approuvent de nouvelles orientations en rupture totale avec l’ex gouvernance UMP de la Corse, qui du temps de Sarkozy, avait préconisé « une économie de résidence ». Au contraire ce PADD , projet de société solidaire, favorise la souveraineté alimentaire, l’agriculture, les racines rurales et montagneuses de l’île, la « sanctuarisation des sites face à l’argent roi ! ». Un désaccord profond persiste donc entre certains élus ( de droite) de cités balnéaires surfréquentées à haut potentiel touristique mais qualifiées « d’économie artificielle ». Et d’autres conseillers , de gauche qui eux, préconisent : une « économie de la production » et non de pure consommation, la lutte contre la spéculation foncière instaurant la terre comme « une valeur d’usage raisonnée et non plus une valeur marchande ». PADD environnementaliste, barrant la route à la dérégulation de l’extension urbaine. Une vision d’avenir pour la Corse : discutée, rectifiée (80 amendements), votée (36 pour, 10 contre, 3 abstentions). Actée par une Assemblée de Corse, territoriale, délibérante, mature, dotée de pouvoirs réels pour gérer le présent et imaginer l’avenir. Celui d’une minuscule planète insulaire, dont les élus et les habitants ont lutté, comme leurs ancêtres, pour vivre en harmonie avec la loi naturelle. Un document aussi « où résonne encore les grandes luttes contemporaines de l’île ». Inaugurées avec les boues rouges radioactives déversées en mer autour de 1970. Rythmées aujourd’hui par les décisions judiciaires en chaîne qui suivent et quasiment approuvent (!) les recours et mobilisations du Collectif Loi Littoral en faveur des zones inconstructibles. Singularité. Face à une complexité extrême due notamment à la superposition des législations mer et montagne, ce sont parfois les tribunaux administratifs (TA Marseille et Bastia) qui tranchent en lieu et place des élus ! Le PADD va clarifier, recadrer, sécuriser, cartographier, accompagner les municipalités et les services de l’Etat, pour valider désormais les PLUs (Plan Locaux d’Urbanisme). (Parenthèse sur l'image de l'île dans les médias dominants. Les paysages de l'île sont multidiffusés, la Corse est filmée comme une icône de papier glacé. On constate alors et hélas, que les âpres batailles des militants associatifs pour éviter le bétonnage massif du littoral, sont rarement citées dans la presse nationale ! Comme si le paysage insulaire existait uniquement par la loi divine, sans les hommes et les femmes de Corses , enagagés et dévoués, qui alertent, qui sauvegardent cet environnement exceptionnel. ) Cette délibération du Padduc , les Corses l’attendaient depuis 30 ans. En ce début d’année 2014 on arrive au but… avec une philosophie et une ambition qui impacteront et guideront désormais toute l’économie. Sortir la Corse d’une logique de la crise et de l’échec. Les défis du PADD : les sites classés, les déchets, les espaces inconstructibles, le mitages, les zones péri-urbaines, le logement , la précarité, le tourisme, les extensions rurales, la dépendance énergétique etc… La Ligue des Droits de l’Homme de Corse LDH souligne « l’importance et la gravité de ce qui est en jeu. Après l’échec dans l’élaboration d’un premier Padduc, la Corse ne peut plus se permettre de passer une nouvelle fois à coté de cette chance. Il s’agit ni plus ni moins de sortir la Corse d’une logique de la crise et de l’échec. Il faut réinventer une économie productive, maîtriser le développement touristique le mettre au service de la population, renforcer l’économie sociale et solidaire, lutter contre la précarité, la pauvreté, le chômage et les inégalités, donner toute leur place à la culture, à la langue corse et à la préservation du patrimoine (…) » Ce PADD a été précédé par des Assises du foncier, du logement, un Livre Blanc du Littoral, des ateliers régionaux transversaux, la consultation des 2 Conseils Généraux, des 2 Associations de Maires et des 2 Communautés d’agglomérations, d’un sondage d’opinion, de rencontres, la diffusion d’informations consolidées sur le site de la CTC. Il contient le Diagnostic Stratégique, la Charte de Lutte contre la Précarité, le Plan Montagne, le Livret Littoral et Formes Urbaines.Un virage. Certains élus ont redit la nécessité urgente de la révision constitutionnelle qui viendra sans doute réparer deux siècles d’errance et d’erreurs. La France n’a pas su adapter sa législation à un territoire insulaire particulièrement fragile et extrêmement difficile à gérer et valoriser dans le respect de l’environnement . La Corse n’est pas improductive, ne vit pas sous perfusion de l’Etat. Comme le fait remarquer un abonné de Médiapart Massimu : « avant la sanglante conquête coloniale des troupes de Louis XV s’agissait-il d’un territoire pauvre, sous-développé, sous-peuplé ? La Corse était alors le grenier du golfe du Lion , ses exportations nourrissaient le bassin méditerranéen. Châtaignes, mines, fonderies, savonneries, filatures, hauts fourneaux, industrie du liège, pastoralisme, oléiculture, blé, cédrat…Avant les lois économiques de 1818, qui exterminent les productions corses en les surtaxant et en parallèle en sous taxant les productions importées venues du continent. » PADD 2014 Assemblée de Corse - Ajaccio . Les conseillers précisent : « protéger le littoral ne veut pas dire inertie ». Il faut trouver « le bon point d’équilibre entre développement et protection. Ce texte ne sera pas l’alpha et l’omaga de tous nos problèmes mais il est un formidable message envoyé à la Corse ! », « Ce document sent bon la Corse ! Il est la résultat d’un combat de 50 ans pour face à toutes les dérives. On est loin des zones continues sans frein d’urbanisation du littoral. Nous allons recentrer les flux d’argent sur le bien - être des Corses ». La fin du droit prétorien . Paul Giacobbi député de la Haute-Corse Président du Conseil Exécutif conclut : « la permissivité morale ne rend pas les gens heureux ! La permissivité de l’urbanisme ne crée pas de la croissance mais mais du désordre! Donnons au tourisme une vocation professionnelle et non de cueillette. Ce Padd est à la fois conservateur er progressiste pour définir le droit applicable et limiter le droit prétorien et l’instabilité juridique. » Prochaine étape : la cartographie du PADDUC.
Liliane Vittori
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