La création d'une section de «criminologie» au Conseil national des universités (CNU) provoque une sérieuse bronca au sein de la communauté universitaire.
L'arrêté de création, publié le 15 mars 2012 au Journal Officiel, offre ainsi à cette discipline contestée et à ses promoteurs de «la bande à Bauer» un statut universitaire.
«Après la remise d'un rapport au ministère en 2010 et après qu'une consultation publique a eu lieu sur le site internet du ministère (les résultats n'ont jamais été rendus publics, ndlr), il est apparu qu'il existe une demande de formation ad hoc en ce domaine», justifie de son côté le ministère de l'enseignement supérieur dans un communiqué.
Une délégation d'universitaires reçus le 27 février par le cabinet du ministre a pu apprécier ce sens de la consultation. «Le conseiller nous écouté pendant près de deux heures sans se prononcer, ni nous indiquer quand la décision de créer ou non une section criminologie serait prise», explique le sociologue Fabien Jobard, directeur du Cesdip (lire la synthèse de cette rencontre).
Surprise du petit groupe quand ils découvrent que l'arrêté de création publié le 15 mars avait été en fait signé le 13 février, soit quinze jours avant cette entrevue...
Le sociologue Laurent Muchielli, qui décrit le parcours d'Alain Bauer sur son blog, voit dans cette création une « vaste entreprise de conquête de pouvoir institutionnel et de légitimation scientifique» du « duo Bauer-Raufer ».
Ex-rocardiste rallié à Nicolas Sarkozy qui l’a placé en 2003 à la tête de l’Observatoire national de la délinquance, Alain Bauer est partisan d'une «approche géopolitique et globale des études criminelles», liant dans un même mouvement sécurité publique, réseaux internationaux et lutte contre le terrorisme.
Un vision reprise par le doyen de la faculté de droit de Nice, Christian Vallar, réclamant l’adoption de la dénomination «criminologie, diplomatie, polémologie, stratégie». Ce qui place la lutte contre la délinquance sur le terrain de l'art de la guerre…
Billet de blog 16 mars 2012