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Billet de blog 23 janvier 2015

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M6r, à quoi ça sert ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ou, pour ma part, comment tout à commencé. Citoyenne, signataire m6r, membre bénévole de l'organisation technique du site m6r.fr, j'ouvre ce blog pour expliquer ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons, pourquoi ça prend autant de temps, ce que nous avons en chantier. Ce blog est personnel et les propos tenus n'engagent que son auteur, et non l'ensemble des bénévoles ayant en charge l'organisation du site : j'écris au seul titre d'être un signataire parmi 70 000 autres.

Depuis le début du m6r, arrivent de toute part questions, interrogations, injonctions, conseils, d'impatiences, déclarations, adhésion, rejet, déception, espoir surtout. De l'espoir. C'est bien la preuve que la création du m6r venait combler, au moins partiellement, un manque cruellement ressenti, l'absence définitive du peuple de l'espace politique. Pourtant, on nous le répète à longueur de journée, la France est un pays libre, une démocratie, une République, et quand on va à la mairie, même pour faire la queue pendant 3h pour un fichu papier, on a la chance de voir sur le fronton sa devise qui nous le rappelle : Liberté, Égalité, Fraternité.

On a appris à l'école, il y a longtemps, que la démocratie est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. On a bien appris que la Révolution avait mis fin à la monarchie, que nos ancêtres ont raccourci le roi et aboli les privilèges, que la République a mis du temps à s'imposer. On sait au moins confusément que la République Française n'est pas toujours digne de ses idées et de sa devise, quand elle envoie ses troupes coloniser des pays, asservir des peuples, tout en clamant orgueilleusement qu'elle serait la patrie des droits de l'homme. On sait aussi que la République est le fruit de longs et âpres combats. Que des forces la travaillent de l'intérieur pour la destituer, la mettre enfin à terre, la gueuse. On sait que c'est le peuple et les masses populaires qui ont su l'imposer, quand les femmes de Paris vont chercher le roi à Versailles, pour commencer. Le peuple, illustre et anonyme, surtout anonyme.

Le soir des élections européennes, il y avait de quoi tomber de sa chaise. Quoi ?! Ce peuple si politisé, boudant les urnes, se détournant de la politique, abandonnant sa République à ses pires ennemis, laissant la place libre à ses futurs et actuels dépeceurs ?! Et la bonne dame au sourire carnassier, préparant sa curée avec ses sbires, se délectant d'avance de la proie sur laquelle elle va fondre, de triompher. Et nous, pauvres andouilles, qui avons laissé faire ça. Soit par désintérêt, soit par ennui, soit par revanche mesquine, soit de volonté délibérée, soit par dégoût, soit par rejet, soit par vengeance, soit par indifférence, soit qu'on ait simplement oublié.

On ne peut pas dire qu'on ne s'y attendait pas. Depuis l'élection de F. Hollande, tout allait déjà de mal en pis. Non que son élection ait suscité beaucoup d'espoir, mais beaucoup de ceux qui ont eu la naïveté ou la lassitude de voter pour sa candidature au second tour n'avaient pas anticipé que ce serait un vrai bon quinquennat de droite. Chaque semaine, on se dit qu'on a touché le fond. Et la semaine suivante, c'est déjà pire. Ça commence par le TSCG (signé en l'état malgré la promesse de renégocier), et puis le gag absolu de Cahuzac, et l'ANI qui détruit les protections sociales comme jamais un gouvernement officiellement de droite n'aurait osé, et la non-revalorisation du SMIC (comme si on ne galérait pas déjà assez comme ça), le chômage qui augmente encore et toujours, la farce ultime du retour de la TVA anti-sociale, l'augmentation de l'âge du départ à la retraite, le racisme ouvertement proclamé envers les populations roms, et j'en passe, et des meilleures. Ils nous auront tout fait. Tout.

Et tout ça sur la base de notre vote à nous ! Nous les gens normaux, qui nous débrouillons comme si comme ça, qui avons du cœur, qui espérons, qui peinons. On nous a déjà fait le coup une fois, deux fois, trois fois, toutes les fois. Ils racontent des tas de trucs, on est assez cons pour y croire. C'est devenu un fait acquis que les campa

gnes électorales ne servent qu'à nous enfumer. On le sait, mais on va voter quand même, par pur acquis de conscience, au cas où on s'éviterait par là des malheurs encore pires. Oh et puis zut ! Qu'ils se démerdent entre eux ces **** de *****. Pourquoi, moi, je devrais cautionner une mascarade pareille ? Me faire le complice de mon propre racket ? Genre, ils m'injurient, se vautrent dans des privilèges avec un argent qu'ils m'arrachent et après je devrais voter pour ces **** de ***** de **** ? NIET ! NADA ! QU'ILS S'EN AILLENT TOUS !!!

Alors maintenant, on fait quoi ? On reste là à crever chacun de son côté, de faim ou de rage ?On se dit qu'on ne peut pas laisser faire cela. On ne peut pas laisser comme alternative entre la dégringolade à l'infini d'un pouvoir ectoplasmique, le retour de l'ancien président (on dit que Hollande est pire que Sarkozy I, c'est vrai, mais il ne s'ensuit pas que Sarkozy II n'aurait pas été pire que Sarkozy I, et pire encore que ne l'est Hollande), ou alors carrément, la guerre civile promise par le FN. Les autres partis de gauche, laminés, résistant tant bien que vaille, entraînés malgré eux dans la pente fatale prise par le parti focialiste (oui, focialiste, pour faux-socialiste). Faut dire qu'ils ne se sont pas aidés eux-mêmes. De toute façon, avec l'acharnement médiatique à appeler les choses autrement que par leur nom (gauche = PS et PS = gauche), même s'ils avaient été meilleurs, aurait-ce changé grand-chose ? Avec la campagne de promotion permanente du FN organisé par les médias, pour jouer à se faire peur, en dédiabolisant, qui nous répètent tous les jours qu'ils sont formidables et qu'ils vont gagner, en se ruant avec délectation sur la moindre connerie qu'ils voudront bien sortir, ya de quoi être découragé.

Hors de question ! La République se meurt, et il faut être aveugle pour ne pas le voir. Il paraît que République, ça veut dire la chose commune, l'intérêt général, ce que le peuple a en partage. On en est loin. La finance règne sans partage à notre place, les riches sont de plus en plus riches, du coup, les pauvres de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux. La politique a perdu tout son sens. Des débats d'experts, auxquels on comprend rien, qui sont tous d'accord entre eux pour nous enfumer (changer une lettre ou deux s'il le faut). La démocratie n'existe plus depuis longtemps, au moins depuis la ratification du traité de Lisbonne, avec le « Non » au référendum de 2005, clair et net, bafoué, et la souveraineté populaire aux orties. L'intérêt général est dilapidé. La République tu parles ! Elle a abandonné ses enfants, et ses enfants l'ont abandonnée à son tour. Et il y a ceux qu'elle n'a jamais reconnus, dont on parle trop peu, ou alors pour les montrer du doigt. Bien fait pour sa tête après tout, la soi-disant République.

C'est moche de voir la France dans cet état. Et pire encore, savoir que ce n'est que le début. Nous avons été nombreux à faire cette analyse, en partant peut-être d'ailleurs, par un autre cheminement, mais pour aboutir à la même conclusion. Donc on a décidé de ne pas se laisser faire. On les envoie tous promener ailleurs si on n'y est pas, et on reprend les affaires en main. Passer un bon vieux coup de balai. Reconstruire notre démocratie qui depuis longtemps n'a de démocratie que la prétention. J'apprends qu'un mouvement citoyen est en train de se construire. Qu'on avait besoin d'aide, parce que le chantier était, excusez du peu, refonder la République. Bim ! Rien que ça ! Un mouvement citoyen, ouvert, horizontal. Sans bureau politique, et qui appartient à ses signataires. Qui s'auto-organise, et qui propose comme programme de refonder la République sur des vraies bases populaires. A partir du peuple, pour le peuple. Avec un investissement le plus massif possible, de quoi renverser la vapeur, la table, la tendance, tout ce que vous voulez.

Donc une pétition a été ouverte, son contenu est simple, clair, ses objectifs politiques sont immenses, son contenu permet de rassembler des personnes de sensibilités très diverses, sans toutefois être complètement vide de sens. La République que nous voulons construire, nous allons la définir tous ensemble, à partir de quelques principes que nous partageons : « Je demande l’élection d’une assemblée constituante qui fonde avec les citoyens la 6e République. Une République débarrassée de la monarchie présidentielle et fondant les nouveaux droits personnels, écologiques et sociaux dont notre pays a besoin. »

Dans ces conditions, moi, je tope. Du coup, je suis allée signer la pétition sur m6r.fr. Et tant que j'y étais, j'ai proposé un coup de patte pour tout ce qui était dans ma compétence. Qui a été accepté, parce qu'il y a du boulot. Du coup je m'occupe de quoi pour le m6r ? De tas de choses. L'idée de ce blog est de raconter ce que l'on fait, collectivement.

Pour signer, amplifier le mouvement et préparer la constitution, rendez-vous sur >>> m6r.fr. <<<

Au prochain épisode : comment on s'est débrouillés pour monter une machinerie pareille ? (la pétition)

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