Marchés, les nouveaux dieux païens

Offrande aux dieux
«C’est parce que nous sommes dans le plein emploi que nous sommes dans la merde » sonne bruyamment Bernard Friot. Et pour cause :
«Nous sommes entrés dans une logique où les employeurs et les actionnaires on totalement la main...»
Puis il lâche précautionneusement pour qu'on l'entende bien : « les mots n'ont plus leurs sens...et il y a une guerre des mots !....Il y a aujourd’hui un empêchement du travail par l’emploi ! ».

Il prend comme exemple un jeune diplômé prêt à travailler : « C’est bien l’emploi qui l’empêche de travailler !... Il n’a pas trouvé d’employeur...» Si à la sortie de ses études on lui avait donné le travail et le salaire équivalent à ses qualifications il serait au boulot sans galère.
«La retraite c’est d’être payé pour le reste de sa vie et donc de travailler enfin avec bonheur, comme beaucoup aujourd’hui puisque que le retraité est payé sans employeur, alors que quand il était employé il souffrait l’indicible et sa productivité était moindre... »Même ceux qui ne font rien sont moins nocifs qu’un prof de mathématique financière ou bien ceux qui fabriquent n’importe quoi, nourriture et médicaments dangereux et qui ne servent à rien, moins nocifs que ceux qui font des semences non reproductibles, nous souffrons du mauvais travail parce que nous sommes sous le carcan de l’emploi. Le tiers de nos emplois est nocif...Il faut voir les choses dans le bon ordre, c’est pourquoi Bernard Friot préconise un salaire à vie, comme la retraite, simplement.

L’obstacle à l’investissement c’est l’investisseur. Il y a maintenant une conscience de la douleur au travail comme il y a le sentiment profond que les investisseurs sont des prédateurs... On voit le mécanisme en Grèce et maintenant en France. On ne peut pas rembourser la dette, on est obligé de réemprunter à un taux supérieur ce que l’on doit pour ne toujours pas pouvoir rembourser. Jusqu’à brader nos services et nos libertés. L’investisseur fait un simple tour de passe-passe de titres qui ne sont pas de la monnaie mais un avoir sur la future production des employés.
«Si nous voulons investir il faut se débarrasser des investisseurs, s’il faut travailler il faut se débarrasser des employeurs », nous dit clairement Bernard Friot. L’employeur n'étant pas le petit chef ou le petit patron, mais ceux qui décident de la vie ou de la mort des connaissances productives des individus. On peut les prendre ou les jeter.

« Nous avons une conscience jusqu’à l’écœurement de la toxicité des marchés, mais on a l’impression qu’on ne peut pas faire autrement... On dit si bien qu’il faut apaiser les marchés..., les marchés sont nerveux..., comment vont réagir les marchés...Combien de sacrifice pourrions-nous faire pour calmer les marchés... Nous sommes dans la religion païenne où il faut faire des sacrifices pour apaiser les dieux et plus ont fait de sacrifices plus ils en redemandent...Ça n’arrête jamais ! »
L’investisseur est le parasite absolu. Il nous pille et nous aliène en même temps.
Nous avons l’occasion de déconnecter le travail de l’emploi pour enfin le reconnecter à la qualification de la personne et à sa propre valeur. Il faut arrêter avec ce leurre... L’emploi est par essence mauvais, parce qu’il nous nie comme personne et comme producteur il ne nous reconnaît que comme un gagne-son-pain en esclave.
Petit rappel : c'est la même chose en art...
