M. CHALLALI (avatar)

M. CHALLALI

Abonné·e de Mediapart

115 Billets

1 Éditions

Billet de blog 14 novembre 2009

M. CHALLALI (avatar)

M. CHALLALI

Abonné·e de Mediapart

Ben Ali en colère contre la France !

Le président tunisien Ben Ali ne supporte plus «l’ingérence répétée de la France» dans ses affaires intérieures. Il le fait savoir.

M. CHALLALI (avatar)

M. CHALLALI

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le président tunisien Ben Ali ne supporte plus «l’ingérence répétée de la France» dans ses affaires intérieures. Il le fait savoir. Jeudi dernier, il a annoncé que son pays avait saisi l’Union du Maghreb arabe et l’Union africaine contre une «ingérence dans ses affaires intérieures» et «atteintes à sa souveraineté». Rajoutant que «Semblable ingérence va au-delà de l’atteinte à la souveraineté de notre pays pour affecter également la souveraineté de l’Union du Maghreb arabe et de l’Union Africaine auxquelles nous appartenons», dit-il.
Dans son discours à la Chambre des députés, le président de la Tunisie, insiste pour que les deux organisations qui ont été saisies « adoptent la position qui s’impose et s’élèvent contre ces abus qui sont contraires au principe de respect de la souveraineté des Etats».
Les faits auxquels M. Ben Ali fait allusion sont liés aux déclarations faites en France ayant fait savoir que les capitales européennes discutaient de la situation du journaliste Toufik Ben Brik incarcéré depuis la fin octobre en Tunisie.


Comme par exemple celle de l'eurodéputé socialiste Harlem Désir qui a réclamé dans un communiqué «l'intervention de l'Union européenne» pour obtenir la «libération immédiate» du journaliste tunisien Taoufik Ben Brik, incarcéré depuis fin octobre à Tunis. «La Tunisie est liée à l'UE par un accord d'association qui comprend, dans son article 2, +le respect des principes démocratiques et des droits de l'Homme. Ceux-ci sont aujourd'hui ouvertement et systématiquement bafoués, au lendemain de la réélection du président Ben Ali pour un cinquième mandat qui s'annonce sous les pires auspices», explique Harlem Desir. «La Commission européenne et le Conseil ne peuvent rester sans réagir devant de telles violations des engagements pris vis-à-vis de l'Europe. Ils doivent intervenir fermement, tout comme la France, auprès des autorités tunisiennes pour demander le respect des principes démocratiques les plus élémentaires et la libération immédiate du journaliste tunisien emprisonné».

Ainsi que celle du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui s'était déclaré «déçu» mardi à la radio par l'arrestation du journaliste d'opposition tunisien, qui doit être jugé le 19 novembre prochain sous l'accusation d'avoir agressé une femme. Selon des organisations de défense de droits de l'homme, les services de sécurité tunisiens auraient monté l'affaire de toutes pièces pour punir le journaliste d'articles critiques dans la presse française à l'égard de la politique de Ben Ali. (Voir dossier Tunisie sur Mediapart).

Ce genre d'intimidations verbales et diverses plaintes du Raïs tunisien sont évidement connues, anciennes et d'ailleurs qui n'ont jamais compromises les relations diplomatiques des deux pays.

Ben Ali, dont le pays est un partenaire important de la France, a reçu les félicitations du président Nicolas Sarkozy pour sa réélection soviétique de 89,62% des suffrages, le mois dernier.

N’empêche le Raïs proteste. Souvent. Régulièrement. A chaque fois contre «l’ingérence dans ses affaires intérieures» estimant «qu’il n’a de leçon à recevoir de personne en matière de droits de l’homme». Ben Ali affirme que le journaliste était à la disposition des juges et qu’à ce stade, «la Constitution ne lui permet pas d’intervenir». Il a également tenu à dire combien «Nous réaffirmons notre attachement à faire en sorte que la diversité des approches et des efforts de réflexion, constitue un élément enrichissant et un apport supplémentaire pour le climat démocratique dans notre pays», dit le président.
«Pour nous, l’opinion différente constitue une réalité évidente, voire indispensable, pour enrichir la vie publique et conforter l’entente sur les constantes et les principes que notre peuple a librement choisis et que nous nous sommes tous engagés à adopter et à défendre», a-t-il ajouté. Pour le président, «le vrai patriote est celui qui répugne à porter son différend avec son pays hors des frontières nationales, pour chercher à tenir l’image de son pays».

Et c'est sans surprise enfin que dans cette affaire où l'autre Raïs, le libyeen, le colonel Kadhafi vient en soutien du frère Ben Ali. Kadhafi le fait en plus au nom du conseil de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), de l'Union Africaine (UA) et de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), dont il assure la présidence tournante, et qui se dit «scandalisé, préoccupé face à l'ampleur attribuée par des parties étrangères à une affaire banale concernant une altercation entre deux personnes en Tunisie, comme si ces parties étaient responsables des citoyens dans les Etats africains et arabes».

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.