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Billet de blog 13 mars 2015

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SIVENS : Je répond à Bernard Viguié

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Suite au billet de Bernard Viguié " ET MAINTENANT, JE SUIS UN DIFFAMATEUR ! "

Je reçois un courriel de Bernard Viguié intitulé « Sivens, nouvel article Médiapart », et dont le contenu se termine par un lien vers son blog accompagné du commentaire : « je vous transmets mon dernier article dans médiapart ».
Mediapart est un journal dont la crédibilité n'est plus à prouver grâce à un laborieux travail d'investigation qui fonde chacun de ses articles. Mais l'article qui m'est présenté ici est en fait l'argumentaire de Bernard Viguié qui, comme tous les abonnés à Mediapart a le droit d'avoir un blog Mediapart et d'y publier ce qu'il veut. J'ai le sentiment d'être manipulé car le texte de M. Viguié n'est pas ce que je considère un « article Mediapart »
M. Viguié, encore et toujours, s'évertue à essayer de mettre en lumière le complot de FNE et Ben Lefetey contre nous, les opposants de terrain au barrage de Sivens. Merci Bernard !
Bernard Viguié a le mérite d'avoir mis les pieds dans le plat. Son analyse juridique a permis à beaucoup d'entre nous de réfléchir et de s'intéresser aux questions juridiques. Je suis en grande partie d'accord avec son analyse et son point de vue sur le fond. Ce qui me pose vraiment un problème chez Bernard Viguié, c'est la forme et les attaques personnelles :
« Est-ce le détournement de l'action associative auquel se sont livrés Ben Lefetey et France Nature Environnement depuis 4 mois ou bien le sabotage des recours juridiques quand les mêmes ont refusé d’obtenir une décision de justice en faveur des opposants alors que tous, je dis bien tous les éléments étaient réunis pour en obtenir une ? »
M. Viguié accuse publiquement Ben Lefetey et FNE, accusations largement argumentées et présentées comme la vérité. Le problème est que les lecteurs du blog sont noyés par une foule d'arguments dont la véracité et l'objectivité ne peuvent être vérifiés ou en tous cas pas facilement. Tout est formulé de façon à laisser penser que les erreurs qui ont été faites ne sont pas des erreurs mais des « détournements » et du « sabotage ». Ce n'est pas honnête de sa part.
«  j'ai démontré dans une note diffusée le 5 décembre 2014 que ce raisonnement était grossièrement erroné ainsi que dans plusieurs textes » M. Viguié présente son point de vue comme la vérité puisqu'il l'a « démontré ».
Dans ce long texte, certains arguments techniques devraient être longuement discutés lors d'un débat contradictoire entre juristes et font appel à des notions maîtrisées par peu de gens. Les certitudes affirmées par Bernard Viguié sont contestées par d'autres juristes. Certains arguments en rapport avec le relationnel (l'humain) sont très critiquables. Dans tous les cas, je trouve la forme très malvenue et peu constructive.
Bernard Viguié ne veut pas entendre parler du contexte dans lequel les décisions contestées ont été prises.
Il ne prend pas en compte les réponses de Ben Lefetey qu'il a reçues à ses accusations (je les ai lues moi-même il y a maintenant plusieurs mois). En d'autres termes, il ne veut littéralement pas comprendre.
Par ailleurs, aussi carrée et pointue que puisse être une démarche juridique, la justice est beaucoup trop subjective et influencée pour que qui que ce soit ne puisse être sûr de comment se seraient déroulées les audiences si elles avaient eues lieu ni les conséquences qu'elles auraient engendrées. Ces paramètres ont été largement pris en compte par les juristes concernés qui ont essayé de prendre en compte tous les paramètres. Bernard ne détient pas la vérité.
Une critique est constructive quand elle permet à la personne critiquée de s'améliorer en intégrant les remarques. Une critique est contre productive quand elle accuse gratuitement en laissant le moins de place possible à la vérité. Mais surtout, quelles que soient les erreurs des uns et des autres, elles restent des erreurs et ne doivent pas servir à nourrir des ragots dont les conséquences sur la lutte sont fortes en ce qu'elles divisent réellement sans raison légitime.
Suite au foin et aux divisions engendrées par Bernard Viguié en fin d'année dernière, je me suis mis dans le « groupe juridique » naissant au sein de la coordination et étant attaché au collectif Testet (auquel je venais d'adhérer). Je trouvais nécessaire que ces questions juridiques soient réappropriées par un plus grand nombre de personnes. Cette démarche de ma part d'entrer dans ce groupe juridique n'était pas cohérente avec mes idéaux, puisque étant déjà très investi de responsabilités et tâches diverses, je ne devrais pas en prendre plus pour ne pas augmenter mon pouvoir, déjà trop élevé par rapport aux autres. Et pourtant, de toutes celles et ceux qui critiquaient ouvertement le comportement du collectif Testet quant aux démarches juridiques, je suis le seul qui ai pris le temps et l'énergie de m'investir dans ce groupe ! Est-ce que ça ne pose pas aussi des questions de cohérence ?? Nous avons demandé une réunion avec Alice Terrasse pour faire connaissance avec le nouveau groupe et éclaircir certains points. Bernard Viguié a alors écrit aux quelques personnes critiques par e-mail : « je ne comprends pas cette réunion de la commission juridique avec les avocats, dont Claire Dujardin qui n'est pas, que je sache dans les contentieux administratifs. Cette réunion ne présente AUCUNE utilité technique en l'état, sauf peut être celle d'enfumer Sylvain (pardon Sylvain, mais je dis ce que je pense et on ne se connait que de vue donc je ne mets pas en doute ta bonne foi) ». Donc selon Bernard Viguié, une réunion doit impérativement avoir une utilité technique ? Aurait-il eu peur que des individus cherchent à comprendre les choses en discutant avec celles et ceux qui le veulent ?  Lors de cette réunion, nous avons fait le bilan des démarches déjà effectuées, de celles qui auraient pu l'être et ne l'ont pas été et pourquoi, de celles à encore effectuer et avons discuté démarche par démarche de la pertinence de chacune. Je crois sincèrement en la bonne foi et la sincérité de tous les participants, dont Ben Lefetey, Alice Terrasse, Hervé Hourcade et Claire Dujardin. Je dois avouer que je suis trop occupé et dépassé pour mener cette tâche pleinement et avec rigueur et je rappelle que le groupe juridique est toujours ouvert aux personnes de bonne volonté !
Concernant la démocratie au collectif Testet, elle est loin d'être parfaite, et il y a sûrement eu des périodes de crise ou des décisions ont été prises trop rapidement avec peu de concertation. Mais je rappelle que tous les membres du collectif Testet sont bénévoles et qu'une réelle démocratie ne s'établit pas dès qu'on a prononcé son nom ! C'est un travail énorme que d'arriver à mettre réellement en place un processus démocratique. Sur la ZAD, alors que nous prétendons être autogérés et antiautoritaires, nous tombons dans les même travers que dans le reste de la société et nous sommes peut-être encore moins démocratiques qu'au collectif Testet.
Je rappelle que Ben Lefetey est entièrement bénévole et qu'il ne peut pas tout faire tout seul. Pourquoi Bernard Viguié ne s'est pas proposé pour donner un réel coup de main bénévole au collectif Testet plutôt que de critiquer de façon si accusatrice le travail qui a été fait ? Tout le travail que Ben a fait, il l'a fait pour enrayer ce projet de barrage. Je suis intimement convaincu qu'il a fait de son mieux avec le temps et les moyens dont il a disposé. Je ne suis pas toujours d'accord avec Ben, mais j'ai toujours pu travailler avec lui car il est intègre et sincère. J'ai toujours entretenu des rapports cordiaux avec lui et  je ne me suis pas privé de lui faire des critiques quand j'estimais que c'était nécessaire.
En tous cas, je pense qu'il y a eu beaucoup d'erreurs dans cette lutte, de la part d'acteurs différents, dont moi. Je pense aussi qu'il y en aura encore, car cette lutte est menée par les humains imparfaits que nous sommes. Et si nous prétendons vouloir construire un nouveau monde plus harmonieux et pertinent, alors nous devons faire des efforts de cohérence!
Ce n'est pas seulement depuis un écran d'ordinateur que je lutte depuis plus d'un an contre le barrage, et je suis bien placé pour savoir que nous avons besoin de cohésion. Je suis bien placé pour savoir que les infos se transforment très vite en rumeurs, puis en ragots. « Qui se ressemblent s'assemblent » car nous préférons toujours aller vers ceux avec qui nous ne serons pas confrontés à une remise en question personnelle due à nos différences et nos divergences, nous préférons toujours ceux avec qui notre petit confort mental ne sera pas dérangé.
Nous humains, aimons les ragots. Nous aimons accuser les autres et entendre les autres être accusés quand nous ne sommes pas en paix avec nous-même (ce qui est le cas de la plupart d'entre nous même si on ne veut pas se l'avouer). Car le ragot nous sert à focaliser sur l'autre, à l'accuser de l'erreur, plutôt que de faire sa propre autocritique. Je ne parle même pas de la jalousie, de l'orgueil ni de tous les autres sentiments nuisibles qui interfèrent négativement dans les relations humaines et donc souvent dans les luttes.
Ces ragots, accusations et autres théories du complot ont l'effet hyper nuisible de plonger celles et ceux qui y adhèrent dans une sorte de fatalisme. Comme si plus rien n'est possible car ceux qui contrôlent, ceux qui décident nous manipulent, profitent, sabotent, … Quelque soit l'échelle, celles et ceux qui y adhèrent s'en servent toujours de caution pour ne pas s'engager, ni prendre de responsabilités. C'est plus facile de critiquer de loin que de s'investir en profondeur.
Nous avons un grand besoin de cohésion car les divisions comme celle qui fait l'objet de ce message  canalisent une grande partie du temps et de l'énergie de beaucoup d'entre nous et nous empêchent de travailler ensemble, plombent le moral de beaucoup, me mettent hors de moi. Au contraire, si chacun de nous était capable de faire son autocritique et que nous étions capables de faire tous ensemble notre autocritique collective, alors nous pourrions déplacer des montagnes, ou en tous cas changer le monde !
Il y a un mois et demi, sur la ZAD, je me suis fait traiter de dictateur, de trafiquant d'influences, de manipulateur et de facho, et ce en moins d'une semaine et par quatre personnes différentes. J'en ai profité pour prendre un peu de recul et me remettre en question. Je pense qu'aucune de ces insultes envers moi n'était fondée ni justifiée, même si ce n'est pas pour rien qu'elles me sont tombées dessus. Je pense aussi que si les idées (qui n'étaient pas que les miennes) que j'essayais de mener à bien à ce moment avaient abouties, les choses ne se seraient pas passées de la même façon dernièrement à Sivens. Nous avions d'autres cartes stratégiques à jouer qu'un combat de grosses couilles contre la FDSEA. Mais j'ai préféré me mettre en retrait car des généreux diseurs de ragots étaient dérangés par les idées que je défendais car elles chatouillaient leur orgueil.
Pour info, voici quelques ragots à caractère divisionnaires qui sont passés par mes oreilles et qui font que je ne supporte plus les accusations gratuites :
-« Les Amis des Bouilles » est une association qui a été fondée pour collecter les dons pour soutenir financièrement les inculpés et autres militants ayant eu des déboires. Mais cette association fait du détournement de fonds. Elle retient l'argent donné par les militants, probablement pour enrichir les membres de son bureau qui rouleront bientôt tous en Mercedes neuves. C'est (à peine exagéré) le genre de ragots qu'on peut paraît-il, lire sur facebook et qu'on a pu entendre sur la ZAD. On avait beau répéter aux copains qu'ils peuvent tous les dimanches venir à l'AG des Bouilles demander des comptes au membres du CA de l'association, certains n'en démordaient pas : « Il n'y a aucune transparence pour l'argent ! On a plein d'argent et ils ne veulent pas nous le donner ! » Merci Isa ! Merci les copains pour vos ragots, ils sont merveilleux !
-Le collectif des Bouilles, lui aussi est noyauté par des légalistes manipulateurs qui utilisent les zadistes pour arriver à leurs basses fins inavouables ! Ce ragot-là aussi (reformulé peut-être) a circulé sur la ZAD.
-Laurent Viguier, secrétaire général de la FDSEA m'a confié, alors que nous étions par hasard bloqués au beau milieu de la D132 par des gendarmes mobiles, que de l'argent public a financé la ZAD, qu'il a toutes les preuves et qu'il va les mettre devant la justice. Merci Laurent !
 
Alors merci Bernard, merci Isa, merci Laurent, merci les copains pour vos super ragots ! Et surtout continuez comme ça !
Sylvain
Ma réponse à Bernard Viguié le 20 janvier 2015 suite à son email me mettant en garde contre les risques d'être « enfumé » :
« D'abord, je ne sais pas nos chances de gagner vu la tournure des événements, mais le projet initial est encore d'actualité des points de vue juridique, administratif.
Cette réunion a pour but de réfléchir ensemble mais aussi pour but de faire connaissance entre commission juridique et avocate. La présence de Claire avait pour but que Alice ne soit pas seule juriste présente. Je suis partisan de parler avec tout le monde, de comprendre en profondeur, de demander des explications concernant les erreurs passées pour les analyser d'un point de vue intelligent et ne pas les répéter. Je suis particulièrement énervé par les procès d'intentions qui ne font que nous desservir. Je ne pense pas que les gens qui participent à cette réunion ont déjà des plans et encore moins des stratagèmes de manipulations internes. Ce sont justement les préjugés qui enfument tout le monde, dans le sens où ils mettent de la fumée devant les yeux, empêchent les gens de voir. Le meilleur moyen de ne pas se faire enfumer est de se fier à des arguments rationnels et non pas à des jugements, appréciations et attaques interpersonnelles.
Sylvain, casseur de bulles. »

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