Voici l'évolution des sondages depuis un an sur les élections européennes comparés au résultat de 2009 et l'estimation des nombres de sièges. Bien sûr c'est prématuré alors que la campagne n'a pas vraiment commencé, les programmes ne sont pas publiés, les candidats tout juste investis. Mais à ce stade, quelle analyse en faire ?
Le constat est édifiant, en nombre estimé de sièges élus :
- Fulgurante montée du Front National : +15 (x5) arrivant en n°2
- Chute drastique des Ecologiste EELV : -9 (-60%)
- Baisse notable des centristes UDI+MoDem : -6 (-50%)
- Légère progression de la gauche PS (+2) et Front de Gauche (+2)
- Légère baisse de la droite UMP (-2) mais qui reste en tête
Ces statistiques démontrent :
- Une forte montée de l'opposition à l'Europe et à l'Euro (concentré sur le vote FN) et aussi un vote contestataire contre le gouvernement actuel et aussi précédent. Mais d'où proviennent ces nouvelles voix ? Des abstentionnistes qui cette fois voteraient FN ? Dommage que le tableau ne le précise pas ...
- Une lecture "primaire" du tableau pourrait laisser penser que les votes écologistes et centristes se sont reportés sur le FN, mais c'est inconcevable, il s'agit plutôt d'autres mouvements tournant, en partie sur les reports d'abstentionnistes et par exemple des centristes ayant basculé sur UMP ou PS, des écologistes s'étant reportés sur le PS et des voix du PS reportés sur le FG, alors que des voix de FG allant plus loin contre l'Europe et l'Euro ont pu se porter sur le FN ...
- Si on inclut EELV dans la gauche, la gauche est en baisse. Est-ce une démobilisation face aux sujets écologiques qui passeraient au second plan ? Si on attribue la baisse d'EELV au départ du flamboyant Dany Cohn-Bendit (qui avait boosté le score de 2009) et aux disputes internes, la gauche se maintient ou augmente légèrement sans plus.
- Cependant si on oppose les "pro-Europe" aux Europhobes, les pro-Europe sont très margement majoritaires.
Note méthodologique sur le tableau :
Ce tableau a été réalisé par Pierre Escaich, Conseiller national du Modem (de l'Allier), ingénieur informaticien expert dans les sondages (il a travaillé 4 ans à la Sofres). Il me garantit ses calculs et m'a fourni le tableau excel avec les formules, les calculs et même la possibilité de faire des simulations.
Notons que l'attribution des sièges (à la proportionnelle à la plus forte moyenne) ne donne pas toujours un résultat exactement conforme aux pourcentages, surtout lorsque le territoire est découpé en 8 circonscriptions comme c'est le cas en France.
Le principe des calculs est le suivant :
- Application des coefficients de redressement aux intentions de vote que donnent les instituts de sondages pour tenir compte de l'implantation régionale des partis politiques. Les coefficients appliqués proviennent des résultats des Européennes de 2009. Par exemple, le FN fait 22% dans le dernier sondage IFOP. L'application des coefficients de redressement lui donnent 16,4% en IdF et 31,7% dans le Nord-Ouest. C'est important d'en tenir compte.
- Puis application dans chaque circonscription européenne de la règle électorale de la "proportionnelle à la plus forte moyenne".
Concernant les autres partis "qui ne seraient pas testés" et à propos du total des pourcentages qui ne fait que 89% : les autres partis sont bien proposés aux interviewés, mais comme ils n'atteignent pas 5%, ils sont éliminés et le calcul de la répartition des sièges se fait sur ceux qui restent (par exemple, sur 89% des voix pour le dernier sondage de l'IFOP). C'est la loi électorale.