Marielle Billy (avatar)

Marielle Billy

récolter, semer

Abonné·e de Mediapart

202 Billets

4 Éditions

Billet de blog 16 septembre 2010

Marielle Billy (avatar)

Marielle Billy

récolter, semer

Abonné·e de Mediapart

Lutte des classes ?

En ces journées apparemment agitées, je ne peux m'empêcher de livrer cette observation : au cours des divers commentaires entendus sur Chabrol à la suite de sa mort, voilà que j'ai surpris plusieurs fois ce mot incroyable, disparu quasiment - le cinéaste aurait donné à voir certains aspects de la lutte des classes.

Marielle Billy (avatar)

Marielle Billy

récolter, semer

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En ces journées apparemment agitées, je ne peux m'empêcher de livrer cette observation : au cours des divers commentaires entendus sur Chabrol à la suite de sa mort, voilà que j'ai surpris plusieurs fois ce mot incroyable, disparu quasiment - le cinéaste aurait donné à voir certains aspects de la lutte des classes.

Je n'aborde pas ici la question du cinéma de Chabrol (autrement passionnant), mais bien l'emploi de ce mot.

On peut aussi mettre cette remarque en lien avec l'article de Jade Lingard concernant le dernier travail des sociologues Pinçon - Charlot

http://www.mediapart.fr/journal/france/130910/la-revo-cul-de-deux-specialistes-de-la-bourgeoisie#comment-651128

Avec ce rajout spécial : Les sociologues ont fait un travail identique (potentiellement scandaleux sur Neuilly) en 2008 et n'ont, à l'époque, réveillé aucune indignation ... No comment.

Il me semble qu'un tout petit signe se fait jour, clignote faiblement à travers les flots de discours : la lutte des classes existe, on l'a rencontrée.

L'avenir serait si doux à vivre si cette catégorie disparaissait à tout jamais ; certes, de temps en temps il y aurait bien des coups de sang, des coups de gueule, mais on pourrait néanmoins envisager la perpétuation du monde selon des lignes connues : les marchés (ô dieux !) et leurs exigences (divines aux voies impénétrables), l'accumulation comme logique de fonctionnement, etc ....

Pas de chance !

On savait bien que l'enthousiasme créatif n'étouffait pas nos chantres politiques, on savait bien que, passé l'énervement mi-véridique, mi-joué, chacun reprendrait les rennes d'une habituelle façon, on savait bien que l'arrangement* remplacerait encore la pensée du monde à construire, mais on ne savait plus que la lutte des classes existe.

Une chance ?

Peut être celle de penser les fondements de la violence sociale et économique, d'examiner ses manifestations et de les nommer.

Ou bien chance à saisir, de réfléchir à ce que seraient les armes d'une lutte non-violente mais obstinée.

Et encore, chance de décomplexer une pensée de la lutte sociale (car la pensée humaine supporte mal l'inhibition, le manque d'imagination, le défaut de conviction enthousiaste).

* et avant de mourir d'ennui, revoir le film formidable d'Elia Kazan (L'arrangement, 1969)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.