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Billet de blog 12 octobre 2011

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Octobre à Paris

Le 17 octobre 1961 une manifestation pacifique d’algeriens est réprimée dans le sang sous ordre du préfet de police de Paris, Maurice Papon. L’assassinat de centaine d’individus, dont des bébés, par la police française est le paroxysme d’une politique de déstabilisation des pourparlers entre le gouvernement français et les indépendantistes algériens.

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Le 17 octobre 1961 une manifestation pacifique d’algeriens est réprimée dans le sang sous ordre du préfet de police de Paris, Maurice Papon. L’assassinat de centaine d’individus, dont des bébés, par la police française est le paroxysme d’une politique de déstabilisation des pourparlers entre le gouvernement français et les indépendantistes algériens. Pendant plus de deux ans, des Algériens de région parisienne seront assassinés ou torturés par la police française et des collaborateurs harkis. Octobre à Paris, tourné à chaud dans les bidons-villes de Nanterre, reviens sur la politique de la terreur choisie par l’Etat français durant cette période. Il sera interdit. Projeté de façon clandestine dans différentes salles, il bénéficiera d’un nouvel éclairage en Mai 68 lorsqu’il fut associer à la projection de La Bataille d’Alger. Impressionné par le documentaire et indigné par l’interdiction dont il était frappé, René Vautier entame une grève de la faim. Cet acte permet l’autorisation de diffusion du film en 1973. Mais Jacques Panijel est avant tout scientifique. Sa volonté de démonter le processus par lequel l’Etat est passé pour exécuter son crime, le pousse alors à refuser de diffuser son film. Un prologue, ou historiens et témoins directs de cette période offrent des éléments implacables mettant en cause l’Etat, est pour lui nécessaire. A l’ocasion des 50 ans de ce massacre, le film est enfin accompagné de son prologue. En plus d’être un témoignage de la violence fasciste du gouvernement d’après guerre, Octobre à Paris est un moment de cinéma. Construit en trois actes, il bénéficie de l’ensemble des compétences de son auteur. Biologiste, il se penche sur cette période avec la rigueur du scientifique. Ancien résistant, il utilise la caméra comme une arme face à la terreur fasciste. Militant associatif il transforme son oeuvre en un film collectif. Après avoir essuyé le refus des réalisateurs en vue de l’époque, Panijel décide de diriger le film. Avec l’aide des militants du FLN et d’ouvriers, il pose sa caméra à Barbes et à Nanterre. Le chef opérateur n’est pas un professionnel, mais un ouvrier apprenti photographe qui utilise le 35mm avec poésie. L’energie dépensé par Panijel et son équipe est visible et leur rage face aux horreurs commises par l’Etat est communicative. Après une première partie se concentrant sur les tortures, les assassinats et les humiliations subies au jour le jour par les Algériens, Panijel fictionnalise les préparatifs de la manifestation demandant aux victimes de jouer leur propre rôle : Une façon d’exorciser leurs blessures et de leur rendre leur fierté. La puissance dramatique de la réalisation est à son apogée lorsque que Panijel transforme un handicap (pas de caméra lors de la manifestation) en un atout. Le montage acèré de photos de cette nuit-là fige le crime d’état dans la mémoire et offre un grand moment de cinéma. Le film se termine par la réitération de la terreur, un jour de février 62. Cette fois, au métro Charonne, ce sont huit démocrates français qui furent assassinés par l’Etat.

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