Enfin, le Conseil de sécurité des Nations unies a pu finalement adopter une résolution à propos de l'action militaire d'Israël à Gaza. Les Américains ont consenti à ne pas opposer leur véto à l'adoption du texte et se sont abstenus. En vertu d'une pratique constante de l'organisation relative à l'article 27.3 de sa Charte, cette abstention n'a pas empêché cette adoption. Souhaitée, réclamée et même exigée par beaucoup d'acteurs de la scène internationale, cette résolution pourrait malgré tout ne pas changer grand chose à la situation actuelle à Gaza. Et cela pour deux raisons majeures.
D'abord, Israël a, d'ores et déjà, fait savoir qu'il n'entend pas se conformer à la résolution. En effet, en exprimant la désapprobation de son pays par rapport à la dite résolution, la ministre des affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni a eu à déclarer qu'Israël continuerait à « agir en fonction de ses propres considérations, de la sécurité de ses citoyens et de son droit à la légitime défense ». De plus, le premier ministre israélien, Ehud Olmert, vient de qualifier aujourd'hui la résolution d'« impraticable ». Il a souligné à l'occasion qu'Israël n'a « jamais accepté de laisser un organe externe décider de son droit de protéger ses citoyens ».
De leur coté, des dirigeants du Hamas ont exprimé leur insatisfaction et leur rejet du contenu de la résolution, qui disent-ils, ne tient pas assez compte des intérêts du peuple palestinien. C'est la tonalité des propos tenus tant par un envoyé du Hamas au Liban, Osama Hamdan, lors d'une interview accordée à la télévision al-Arabiya que par le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, dans un entretien à la télévision al-Jazeera.
Ensuite, les postures des deux parties sur le terrain ne semblent nullement indiquer une volonté d'observer un cessez-le-feu, tel que le demande la résolution du Conseil. Les autorités israéliennes n'ont pas changé leurs plans de poursuivre leurs opérations militaires dans la bande de Gaza, comme en témoigne la réaction de M. Olmert à l'adoption de la résolution, lequel a fait savoir que l'armée continuerait d'agir en vue de protéger les citoyens israéliens et de remplir les missions qui lui ont été assignées. Ce vendredi matin, l'aviation israélienne a procédé à des bombardements, détruisant un immeuble au nord de Gaza. Les attaques ont fait au moins une vingtaine de morts palestiniens aujourd'hui. De son coté, le Hamas a lancé ce vendredi des dizaines de roquettes sur le territoire israélien et certains de ses dirigeants ont appelé leurs militants à poursuivre les affrontements avec Israël.
Face aux positions belliqueuses des deux cotés, la communauté internationale se retrouve dans une position difficile. Sa crédibilité, qui est en grande partie tributaire de sa capacité à porter les deux parties à accepter un cessez-le-feu dans un premier temps, est en jeu. Après les critiques émises par certains dirigeants arabes et autres quant à son inaction, sa passivité et même sa complaisance vis-à-vis d'Israël, il est important qu'elle puisse faire respecter cette résolution du Conseil de sécurité. Cela lui permettrait de regagner une certaine autorité qui lui sera nécessaire par la suite quand il s'agira de faire redémarrer le processus politique, seul capable d'apporter une solution à long terme à ce conflit. Cette résolution constitue donc un test permettant de mesurer l'importance que les parties au conflit reconnaissent à la communauté internationale et le rôle qu'elles comptent ou souhaitent la voir jouer quand les opérations militaires auront cessé.