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Billet de blog 14 janvier 2009

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En attendant Obama

   Tout le monde s'accorde à reconnaître que l'avènement de Barack Obama a suscité beaucoup d'attentes. Démesurées disent plus d'un. Depuis le début de la campagne militaire israélienne à Gaza, cette attente est devenue beaucoup plus pressante, fiévreuse et l'impatience s'y est aussi greffée.

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Tout le monde s'accorde à reconnaître que l'avènement de Barack Obama a suscité beaucoup d'attentes. Démesurées disent plus d'un. Depuis le début de la campagne militaire israélienne à Gaza, cette attente est devenue beaucoup plus pressante, fiévreuse et l'impatience s'y est aussi greffée. Bien avant de prendre effectivement les rênes du pouvoir aux Etats Unis d'Amérique, on attend, espère, réclame ou conjure sa prise de position par rapport au conflit. Comme elle n'est pas venue, plusieurs voix se sont élevées pour déplorer, dénoncer ou critiquer son silence par rapport à cette crise. Silence qui est d'autant plus audible et critiquée que Barack Obama, pendant la même période, a fait plusieurs interventions importantes concernant la crise économique et les programmes de relance de l'économie américaine.

Cette situation me semble révélatrice de plusieurs choses, dont deux que je voudrais aborder ici : Le poids écrasant des Etats Unis sur la scène mondiale, particulièrement au Proche et au Moyen-Orient, et la difficulté d'autres acteurs à pouvoir jouer un vrai rôle dans les crises dans cette partie du monde.

Les analystes sont tous d'accord pour dire que les principaux acteurs ont probablement déterminé leurs positions et le cours de leurs actions par rapport à la prise de fonction prochaine de Barack Obama. Ils lui reconnaissent un rôle capital dans une fin prochaine de l'action militaire israélienne à Gaza. Il est d'ailleurs significatif que des dirigeants israéliens laissent ou donnent à penser qu'ils pourraient mettre fin bientôt à leur campagne militaire. Timing parfait avec l'avènement d'Obama aux affaires à Washington.

Cette position centrale des USA aux yeux des parties au conflit met en même temps en évidence, par contraste, le peu de poids et d'influence de l'Union européenne au Proche-Orient. En effet, pendant que l'administration américaine sortante s'est mise en retrait dans cette crise, l'Europe a fait des tentatives visant à apporter une certaine contribution à l'apaisement de la crise. Au moment où Nicolas Sarkozy entreprenait une tournée de certaines capitales dans cette région pour tenter de porter les parties au conflit à parvenir à un cessez-le-feu et à retourner vers la négociation politique, l'Union européenne y envoyait aussi une mission, composée des ministres des affaires étrangères français, tchèque et suédois et de son Porte-parole pour la diplomatie, M. Javier Solana. Cette mission est complètement passée inaperçue et a été supplantée au niveau de la visibilité par l'initiative de M. Sarkozy. Il faut rappeler que les hésitations, pour ne pas dire les impairs de la République tchèque, qui occupe la présidence actuelle de l'UE, n'ont pas vraiment préparé le terrain pour une éventuelle réussite de la mission européenne. En fin de compte, tant le président Sarkozy que l'UE ont échoué dans leurs tentatives, avec ceci près que dans le cas de l'UE, son action dans cette crise est loin d'avoir retenu l'attention. Quand on sait que l'Europe est le premier bailleur de fonds des Palestiniens et un partenaire économique important pour Israël, on ne peut que se poser des questions sur son incapacité à transformer cette présence et ce poids financier en influence politique.

Parallèlement, les Nations unies n'ont pas été jusqu'à présent très efficace dans la crise. L'organisation a d'abord peiné à parvenir à adopter une résolution appelant à un cessez-le-feu. Quand les efforts diplomatiques ont pu permettre l'adoption d'un texte, celui-ci et les multiples appels de son Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, sont restés sans effet. Les deux camps ayant refusé de s'y soumettre. De son coté, le Conseil des droits de l'homme n'a pas pu dégager une position commune pour condamner le fait que la campagne militaire israélienne fasse de nombreuses victimes civiles. Malgré le bombardement par l'aviation israélienne des locaux d'une école tenue par l'Onu à Gaza, les Nations unies demeurent impuissantes à ramener la paix, ce qui est l'une de ses missions fondamentales en vertu de sa Charte.

Obama a promis de s'impliquer dans le conflit à Gaza dès sa prise de fonction. Les USA joueront de leurs atouts considérables auprès des protagonistes. Considérant la politique historique de soutien indéfectible des Etats-Unis à Israël, il est dommage que le faible poids politique de l'Europe sur la scène mondiale et l'impuissance des Nations unies les empêchent de pouvoir jouer un rôle de contrepoids qui pourrait amener à plus d'équilibre et peut-être même à une solution durable de ce vieux conflit.

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