Officiellement, le Président Truman aurait voulu épargner des vies de GI dans sa lutte contre le Japon. Or, des premiers pourparlers étaient en cours, le Japon était déjà vaincu et le reconnaissait. C'était sans compter sur deux idées obsessionnelles de nos "amis" US : leur soumission au lobby militaro industriel et leur anti-communisme viscéral.
Après les essais concluants dans le désert du Nouveau Mexique en juillet, on n'allait tout de même pas laisser au placard les deux bombes A fabriquées et prêtes à être utilisées. Donc, direction Hiroshima, décision prise en cours de vol. Ville sans objectif militaire, en dépit du mensonge d'Etat, lors du discours du Président, un de plus.
Ville en zone de population plutôt catholique, ce qui est rare au Japon et sûrement sans intérêt et inconnu pour l'état-major US.
Quelques jours plus tard ce sera Nagasaki. Deux crimes contre l'humanité. Ce qui n'empêchera nullement le procès de Nüremberg, les vainqueurs étant dédouanés de tout crime contre l'humanité comme d'habitude.
Et puis, il fallait envoyer un signe "fort" à l'URSS pour prouver que les USA étaient en avance, qu'ils n'avaient que faire de l'engagement de Staline, une fois le front ouest stabilisé de donner un coup de main pour mettre le Japon hors jeu. Conséquence de la conférence de Yalta, chaque "libérateur" demeure maître dans les zones européennes qu'il a conquises. Point final. Les résistants, communistes compris, dont le rôle est reconnu par tous les historiens, devront mettre dans leur poche leurs espérances de changement de société. Les quelques représentants coco seront vite éliminés des gouvernements d'après-guerre, condition pour obtenir les bienfaits du plan Marshall.
La Grèce aura même droit à une guerre civile, mais mieux valait, aux yeux de nos cousins d'outre Atlantique, d'anciens collabos, des monarchistes, des adorateurs du profit et de l'exploitation des travailleurs que des communistes.
http://www.herodote.net/6_aout_1945-evenement-19450806.php
Je joins la fin de l'article d'Herodote.
"Notons que l'opinion publique ne prit guère la mesure des événements qui venaient de se produire ces 6 et 9 août 1945. Ainsi le quotidien français Le Monde titra-t-il le 8 août 1945, comme s'il s'agissait d'un exploit scientifique quelconque : « Une révolution scientifique. Les Américains lancent leur première bombe atomique sur le Japon ».
Parmi les rares esprits lucides figure le jeune romancier et philosophe Albert Camus, qui écrit dans Combat, le même jour, un article non signé : « Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles »."
Approbation totale, en ce qui me concerne, de cet intellectuel, penseur libertaire, qui se refusait d'être considéré comme philosophe, de ce journaliste et romancier lucide que les "beaux penseurs" méprisent en le désignant comme "philosophe pour futurs bacheliers".