Le lundi 28 octobre, je suis allé au supermarché du rêve en boite voir "Gravity", en 3D, salle IMAX, avec son dolby, écran géant et tout le toutim. Ouaouh ! Plus d'une heure d'apesanteur à tourner autour de la planète à seulement 600 km de notre plancher des vaches. C'est à peu près la distance qui sépare Rouen de Brest. On fait ça dans la journée s'il n'y a pas de manifestations qui bloquent les routes.
Elle est belle notre planète, vue de là-haut. Je comprends que certains cosmonautes aient des difficultés à revenir. Silence, calme, avec des levers et des couchers de soleil à couper le souffle et des villes, des régions complètes en train de bouffer de l'électricité la nuit, tandis que de la majorité de la planète est dans le noir.
La technologie, les effets spéciaux, sont époustouflants. A déconseiller à ceux et à celles qui ont le vertige, supportent mal l'avion et ont des problèmes d'oreille interne.
Le scénario est mince. Deux bricoleurs de l'espace sont pris par un nuage de détritus qui vient tout casser. Lui, un vieux de la vieille est d'un calme souverain, elle, a presque tout à apprendre. Leur navette HS, il faut aller voir la Station Orbitale Mondiale très russe, elle-même en piteux état, ça se termine chez les chinois. Les trois grands de l'espace.
Quand le mot fin apparaît sur l'écran, on en a eu pour son argent, mais, on sait que l'on oubliera assez vite cette bluette sponsorisée par la NASA et peut-être par Bricorama ou Leroy-Merlin. Pas sûr !
Le soir, Arte nous donnait "La Strada".
C'est la troisième fois que je le vois. J'en avais encore quelques souvenirs. Pas d'effets spéciaux. Pas de couleurs. Le noir et blanc. Décors naturels. L'Italie des années d'après-guerre. Le petit monde des damnés de la terre. Marginaux en orbite autour des Trente Glorieuses qui encerclent ses villes de quartiers d'immeubles confortables pour l'époque et rectangulaires à pleurer d'ennui.
Le cirque, ses clowns, la plage, les écorchés vifs, les difficultés pour s'exprimer, pour avouer ses sentiments, le mal être autant que le mal vivre. L'univers fellinien est déjà là avec une Gelsomina aux yeux aussi profonds que le vide sidéral est sans âme.
Dans Gravity, on en prend plein les yeux, dans La Strada on en prend plein le cœur.
Je ne garderai du premier film qu'un très agréable moment de haute technologie spectaculaire, à ne voir que dans un cinéma adapté. Un produit de consommation à haute valeur commerciale.
L'autre, on peut l'avoir à portée de main dans notre armoire à DVD, comme un livre de chevet. D'autant que le film n'a pas pris une ride. Tous ceux qui ont contribué à le réaliser doivent être morts ou sur le point de l'être. Mais leur œuvre appartient à l'Eternité.
Celle-là, une fois visionnée, on ne l'oublie jamais.
Et puis, je n'ai plus du tout l'âge pour m'identifier à un quelconque cosmonaute, alors que pour les personnages de Fellini, aucun problème.