Des groupes armés liés à l’ASL et à Al-Qaïda ont enlevé plus de 700 civils kurdes entre Alep et Afrin, après avoir subi de lourdes pertes face aux combattants des Unités de défense du peuple (YPG), armée kurde. Des combats se poursuivent en outre entre plusieurs groupes islamistes et les kurdes.
Malgré un accord de cessation des hostilités entre les kurdes et l’armée syrienne libre (ASL), le 17 février 2013 à Rass al-Ain (Sêrékaniyé) après de violents combats pendant deux semaines, des groupes liés à l’ASL continuent de violer cet accord, affirment des sources proches de l’YPG.
« NOUS CONSTRUISONS LA TROSIEME PARTIE »
D’une part les massacres commis par le régime de Bachar Al-Assad, d’autre part des enlèvements, tortures, exécutions et pillages par des groupes armés au nom de la « révolution syrienne ». Une partie est soutenue notamment par l’Iran et la Russie, tandis que les autres par l’Occident, les Monarchies du Golfe et la Turquie.
L’armée syrienne libre (ASL) n’est pas composée d’un seul bloc. La véritable ASL serait aujourd’hui minoritaire parmi de nombreux groupes armés. Une guerre de pouvoir se déroule sur place entre les différents groupes armés, selon une source kurde, tout comme la Coalition nationale de l'opposition syrienne, profondément divisée. Après la révolte lancée en mars 2011, des combattants étrangers et des mercenaires ont également été exportés vers la Syrie.
Quant aux kurdes, ils ne sont ni avec le régime ni avec l’opposition armée, tout comme la position des kurdes en Turquie. « Nous construisons une troisième partie. Nous ne sommes ni avec l’opposition ni avec Assad. Nous ne sommes pas avec les forces interventionnistes, ni avec les forces du statu quo qui résistent contre cette intervention. Nous sommes la troisième partie. Les kurdes syriens l’ont aussi. Nous défendons la fraternité entre les peuples, la liberté et la démocratie (…) Nous voulons lancer une période de paix dans toute la région » résume le dirigeant du PKK, Murat Karayilan, dans une interview accordée à un site d’information turc (T24).
DES DIZAINES DE « REBELLES » TUES A AFRIN
Réunis dans la région d’Azzaz, le 25 mai, plusieurs groupes, notamment Liwaa Al-Tawhid, Liwaa Al-Fatih et Dawla al-Islamiyya, ont décidé de lancée une vaste attaque contre la ville d’Afrin, au Kurdistan syrien. Après avoir attaqué les villages de Ziyarat et Aqiba, des affrontements violents ont eu lieu entre ces groupes, soutenus par des pays étrangers, et les combattants de l’armée kurde YPG, créée en juillet 2012 et composée d'hommes et femmes.
En trois jours de combats, au moins 38 « rebelles » ont été tués et plus de vingt autres ont été blessés dont le commandant du groupe « Liwaa Salahaddin », Bewar Mostafa, a-t-on appris de sources locales. L’YPG affirme avoir perdu trois combattants dans ses rangs.
Il s’agirait d’une déclaration de guerre à l’initiative de Liwaa al Tawhid pour prendre le contrôle de la ville d’Afrin, ce qui parait impossible face aux combattants kurdes, très disciplinés et soutenus par des habitants, contrairement aux groupes armés qui s’affaiblissent de plus en plus.
UN GROUPE QUI COMBAT AUX COTES DES KURDES
Certains groupes dont Liwaa Ahrar auraient refusé de participer aux affrontements contre les forces kurdes. Mais étrangement, l’armée du Bachar al-Assad a lancé une attaque contre le groupe Ahrar dans le village d’Anadan, près d’Alep, ce qui fait croire que des attaques visant les kurdes sont également soutenues par le régime syrien. Le groupe Liwa Ahrar a affirmé à une chaine de télévision qu’il mène des combats contre le régime à Alep, aux côtés des kurdes. L’YPG a de son côté déclaré avoir coupé la route menant au village Anadan pour empêcher l’armée syrienne d’envoyer des renforts.
Une source proche de l’YPG a affirmé à l’ActuKurde que le groupe Liwaa al Tawhid a récemment participé à une réunion en Turquie. Cette dernière aurait également profité de cette situation pour affaiblir les kurdes.
Mardi 28 mai, les combats se poursuivaient dans la région d’Afrin, notamment dans le village de Bassila, encerclé par des combattants kurdes. « Les combattants de l’YPG sont entrés dans le village » a dit à l’ActuKurde une source à Afrin. De nombreux « rebelles » ont été tués et un véhicule transportant des « rebelles » a été entièrement détruit par des combattants de l’YPG, selon cette source.
A RASS AL-AIN, 11 MEMBRES DU FRONT AL-NOSRA TUES
A Rass al-Ain, au moins 11 membres du Front al-Nosra, liés à Al-Qaïda, ont été tués le 27 mai dans des combats avec les kurdes. Deux combattants kurdes ont perdu la vie sous la torture, après avoir été capturés par le Front al-Nosra, rapporte l’agence de presse ANHA, publiant les photos de cette atrocité.
700 CIVILS KURDES ENLEVES
Subissant de lourdes pertes face aux combattants kurdes, des groupes armés lie à l’ASL ont enlevé plus de 700 civils kurdes entre Alep et Afrin, selon une source proche de l’ASL, citée par l’agence de presse ANHA. Plusieurs véhicules de transport de voyageurs ont également été saisis par des « rebelles » et amenés à Marei, une zone sous contrôle du Liwaa al-Tawhid, dans la région d’Alep.
Entre Hassaka et Tel Tamer, quatre véhicules appartenant aux habitants kurdes ont en outre été confisqués par des combattants du Front al-Nosra.
Blog de Maxime Azadi avec ActuKurde