Comme je le rappelais dans un billet datant d’avant la primaire d’octobre 2011 (j’espérais alors la désignation de Ségolène Royal), il faut distinguer deux courants dans la social-démocratie telle qu‘elle est; les uns suivent une politique d’accompagnement des mutations économiques et sociales (ce n‘est d‘ailleurs pas négligeable, et il y avait une différence appréciable entre Thatcher et Brown…), les autres visent la transformation sociale - sans qu’il soit question, désormais, de quitter l’économie de marché: il s’agit au contraire d’en promouvoir une variété, l’économie sociale et écologique de marché, selon les termes de la Déclaration de Principes du PS, adoptée en juin 2008.
Les premiers peuvent être appelés, ou s’appellent eux-mêmes, « social-libéraux », les seconds relèvent de la social-démocratie moderne.
Pierre Moscovici, qui ne passe pas pour un gauchiste enragé, a déclaré dimanche soir:
« … social-démocratie et social-libéralisme, ce n’est pas synonyme. Je suis un social-démocrate. La social-démocratie, c’est la transformation progressive de la société par le dialogue, en prenant en compte les réalités de la mondialisation, les réalités économiques, en mettant sur le même plan la performance économique et un système social protecteur. Le social-libéralisme est une version extrêmement abâtardie, qui peut donner lieu à des appréciations péjoratives, avec l’idée qu’au fond nous renonçons. Non, nous ne renonçons pas. Et je le dis ici tranquillement, ce gouvernement est un gouvernement de gauche, c’est le gouvernement le plus à gauche d’Europe. Et cette ligne qui est celle du premier ministre, le nouveau modèle français qu’il veut construire, me convient totalement. »*
Dans l’immédiat, la distinction n’est pas essentielle: le problème est de relancer l’activité: desserrage de la contrainte financière, adaptation de l’offre et de la demande et relance de l’emploi, avec redistribution (de ce qui est disponible pour être distribué…).
La divergence se fera plus sensible quand l’emploi et la croissance seront relancés: il faudra alors choisir une voie pour continuer. Un autre occasion de divergence est la prise en compte de l’exigence écologique.
En même temps il faut contenir les tentations archaïques, avec leurs schémas grandiloquents et contre-productifs. L’innovation sociale et politique est un combat.
* (Source: Le Monde daté 8 janvier 2013, p: 17).
Sur la notion de « lutte des classes », c’est encore autre chose. Ce sera le thème d’Étiquette et contenu II, en février.
Le fil de ce billet est placé sous la sauvegarde de la communauté médiapartienne.