Le plan de bataille de la finance
Rue 89 est tombé sur un document émanant d'un certain Nicolas Doisy, « chief economist » de Cheuvreux, filiale du Crédit Agricole.
La lecture de ce document interne présenté comme le plan de bataille de la finance, celui qu'elle entend suivre dès le 7 mai et quelque soit le Président élu, a motivé une interview de Nicolas Doisy par François Ruffin pour l’émission de Daniel Mermet, « Là-bas si j’y suis » (France Inter).
C'est un extrait de cet interview que nous propose Rue 89, en nours invitant plus particulièrement à écouter jusqu'au bout, jusqu'au moment où le banquier lâche :
« Là, c’est le gros coup d’angoisse »
Rue 89 pense que ça se passe de commentaire, et en effet il n'y en as pas de la part de Rue 89.
Pourtant j'en ferai bien un :
Ce Monsieur Nicolas Doisy, érigé en général en chef de l'armée de la finance ne doute évidemment pas un seul instant de la victoire, en toute hypothèse de la finance, non seulement sur Monsieur Hollande, mais sur tout autre candidat, et même sur le peuple.... même si une réaction populaire est ce qui est à l'origine de son angoisse (*), angoisse que bien sûr il veut nous faire partager. Finalement, le bon candidat serait celui qui par habilété manoeuvrière arriverait à "rouler" le peuple pour lui faire avaler la pilule amère de l'austérité et singulièrement celle de l'abandon du CDI, le "verrou" que les marchés veulent faire sauter (**).
Que ce banquier soit incapable de sortir de sa logique, et que le fait de lui entre-ouvrir un porte vers une logique qui lui est parfaitement étrangère et inconnu soit la source d'une profonde angoisse, n'a rien d'étonnant. Ce qui le serait, c'est de la partager, comme si nous étions nous-même dans sa logique, comme si nous avions tous les mêmes intérêts que la Finance, comme elle pouvait être la représentante de l'intérêt du plus grand nombre, de l'intérêt général !
Le plan de bataille de Hollande
Il se peut que Hollande partage cette angoisse, sans doute même et pour les mêmes raisons que le banquier. Et il apparait bien qu'il s'apprête en effet à engager sa bataille avec la finance, avec les armes et la logique de la finance : du coup le scénario de la manipulation de l'opinion et du peuple décrite par le banquier est on ne peut plus crédible.
Du coup, je dirais même que le document décrit, non pas le plan de bataille de la finance, mais plutôt celui de Hollande ! D'ailleurs cela ne m'étonnerait pas du tout que Monsieur le banquier soit trsè trsè proche de Hollande ou DSK? Vous me direz ce que vous en pensez.
Le plan de bataille du FdG en France et des gauches alternatives
Ce document serait desespérant, s'il n'y avait l'émergence du FdG, en France et de "ses frères" qui naissent déjà (voir ici en Belgique).
En offrant aux peuples un moyens politique d'expression de leur colère, les partis "alternatifs" de gauche sont finalement les seuls qui puissent non seulement procurer des angoisses aux banquiers, mais les domestiquer.
L'angoisse, la peur, doit changer de camp en effet. Il faut d'abord que nos concitoyens ne se laissent pas plus longtemps enfermé dans une logique qui n'est pas la leur, même si Hollande semble, comme le banquier penser qu'il n'y a qu'un logique. On est enore dans une des plus belle illustration de la "pensée unqiue".
Voilà ce qui me semble être le commentaire indispensable, pour ne pas inviter à la résignation nos concitoyens.
Décidemment dans ce moment historique, tout nous tourne vers l'alternative de gauche que représente le FdG en France, son candidiat dans ces présidentielles, ses candidats dans les prochaines législatives.
(*) l'angoisse du banquier ; il aimerait finalement nous la communiquer, elle est d'ailleurs tout à fait visible sur son visage.
Par ailleurs enjoué, rieur, content de lui pendant l'interview, on voit subitement la Sainte-Pétoche lui assombrir le visage. Il montre ainsi où est la faille dans les lignes de l'adversaire "finance", par laquelle il faut bien sûr s'infiltrer pour le basculer.
Hollande explique dans son discours du Bourget que la finance n'a pas de visage et donc pas de candidat. Discours une fois de plus ambivalent : elle a au contraire beucoup de candidats pour faire passer sa politique, faire avaler sa pilule. Ce qui les différencie c'est juste leur manière de la faire avaler : l'enrobage en chocolat, même sucré et trop sucré de Hollande pour en supprimer l'amertume, n'est qu'une manière parmi d'autres, mais sans doute celle que la finance prefère pour éviter d'avoir : "un sacré coup d'angoisse". (vois mon billet sur ce point intitulé : Hollande mieux noté par les "marchés" que Sarkozy)
(**) Pourquoi le CDI est-il un verrou si important à faire sauter ?
Ce n'est pas directement pour des raisons économiques, mais essentiellement pour des raisons politiques. Un peuple précarisé, dans l'insécurité est plus facilement domesticable, résigné, surtout si par ailleurs il est innondés par les médias par les "valeurs" véhiculées par la droite notamment la droite extrémisée : individualisme forcené, compétition entre les individus et entre les "communautés", xenophobie et racisme en tous genres, ayant pour finalité de diviser, finir de disloquer le peuple, anéantir de fait le souverain. Ensuite une bonne cuillère de "gouvernance" ce machin qui consiste à diluer la démocratie dans la soupe du pouvoir des experts, et le tour est joué. Une oligarchie encore plus insaisissable que celle de l'ancien régime se voit 1000 ans de régne devant elle.
Alors précarisé, disloqué, privé du pouvoir direct et de celui de ses corps intermédiaires, le peuple résigné pourra accepter que se perpétue les outrances inégalitaires. Mais pourtant un peu de réflexion montre bien que ce système a ses limites, il n'a pas 1000 ans devant lui, pas même quelques dizaines pour les toucher : elles sont probablement en train d'être d'ailleurs atteintes, d'où l'émergence necessaire et inéluctable du FdG en France et des partis frères ailleurs en Europe.
Oui Mélenchon a raison, c'est inéluctable, même s'il est diffcile de savoir l'heure. D'ici 10 ans nous dit-il, mais le plus tôt serait le mieux, Car Hollande, pour la bataille qu'il va falloir mener, c'est non seulement un vote "POUR RIEN", mais déjà un vote dépassé, archaïque.