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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 5 décembre 2014

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Faussaires de l'économie - 47 : Un bien économique comme un autre, le sourire de l'aimée

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Reconnaissons qu'en prétendant nous délivrer la "première loi élémentaire reliant" le "revenu" et le "capital", Thomas Piketty nous fait un peu peur...

Nous avons vu que "son" revenu n'est surtout pas un revenu. Et que "son" capital n'est rien qu'un patrimoine, et donc surtout pas un capital... Qu'ensuite il prétende nous préparer une sauce à sa façon en conservant la désignation "capital" pour quelque chose qui n'en est pas et qu'il va savoir lier à un revenu qui n'en est pas un non plus, ça ne peut que nous laisser un peu perplexes : sûr qu'il va nous sortir un lapin du chapeau !... mais avec trois pattes et six oreilles, sauf erreur de calcul...

Mais améliorons tout d'abord nos définitions déjà tellement boiteuses :

"Le revenu est un flux. Il correspond à la quantité de richesses produites et distribuées au cours d'une période donnée (on choisit généralement l'année comme période de référence)." (page 89)

Nous retrouvons, avec satisfaction, le pseudo aller-retour : revenu = ce qui "revient". Comme nous le savons, chez Thomas Piketty, cette fiction correspond à la volonté délibérée de passer très vite sur la production (de plus-value qui caractérise le fonctionnement de l'économie "capitaliste", c'est-à-dire le sens même du terme "capital"), pour laisser accroire que... toute peine mérite salaire, et au "juste" prix... C'est que "nous" sommes franchement pour la démocratie méritocratique, mais aussi pour un black-out total sur la question de l'exploitation.

Voici qu'arrive le second personnage de la fable :

"Le capital est un stock. Il correspond à la quantité totale de richesses possédées à un point donné du temps. Ce stock provient des richesses appropriées ou accumulées au cours de toutes les années passées." (page 89)

Un vrai tas d'or, sur lequel il suffirait de dormir... C'est vraiment beau, le capital, chez Thomas Piketty. On se demande pourquoi il y a tant de conflits armés dans le monde... Alors que le capital est, lui, si paisible... Sans doute y a-t-il trop de gens qui ne le laissent pas faire ses petites affaires tranquillement... Alors, il se fâche, et ça saigne...

Le capital ?... Mais c'est même un poète... Ainsi, "à un point donné du temps", comme notre auteur nous l'a dit précédemment, ce brave capital pourrait s'approprier "l'air, la mer, les montagnes, les monuments historiques, les connaissances". (page 84)

Car, dans cette voie-là, tous les coups sont permis, ainsi que nous l'a déjà appris Edmund S. Phelps, prix Nobel d'économie 2006 (cf. http://micheljcuny.canalblog.com), qui prend la peine de remplacer le terme de "patrimoine" par celui de "biens"... Et voilà ce que cela donne dans la bouche de son confrère canadien Robert A. Mundell qu'il aime tant à citer :

"En économie, le concept de bien est très large. Un morceau de pain est un bien, et de même une voiture, une maison, un tableau, un disque des Beatles, un lit et un chien. Et aussi peut-être l'air, un rendez-vous avec une jeune fille, un bain dans l'océan, une conversation avec un génie..."

Dans toutes ces belles affaires de "patrimoines" et de "biens", où et comment serait-il possible de réintroduire ce fait que le seul facteur de richesse économique, c'est le travail de production ?... Et plus particulièrement, en société capitaliste : le travail producteur de plus-value ?...

Pas à l'Université en tout cas.

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