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Billet de blog 3 septembre 2014

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TRIERWEILER : UN PEU DE BRAVITUDE ET FERMER LE BAN !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a de l'obscénité dans le récit de la relation de ce couple par Trierweiler.  Mais la véritable atteinte au fonctionnement démocratique se situe dans la connivence entre la plupart des journaux (des journalistes ? ) et le pouvoir politique avec lequel ils entretiennent des rapports incestueux. Ils sont redevables, -et leurs journaux d'exister-,  à l'argent public que distribue le pouvoir par les nombreuses subventions à la presse. Et l'argent a le pouvoir de corrompre insidieusement par la révérence les consciences les moins farouches.

Et on n'oubliera pas dans le tableau de la proximité incestueuse pouvoir-argent-presse, des éditorialistes issus de familles de patrons de presse qui pour protéger leurs privilèges et leur rente de situation,  jouent tour à tour l'innocence, la menace, la morale ou pratiquent un dogmatisme à cent sous,  s'il le faut, pour  défendre leur bout de gras. C'est le cas notamment dans la presse régionale et la bretonne n'y fait pas exception. L'un des bons exemples du genre, façon de parler,  est donc le polybonimenteur Coudurier Hubert,  homme orchestre au Télégramme et croisiériste assidu. Et l'autre est l'indéboulonnable et chenu Hutin François-Régis que sa fille Jeanne-Emmanuelle supplée habituellement maintenant le dimanche à Ouest-France.

Ce sont des exemples caricaturaux d'un mélange rien moins que facétieux associant idéologie, la défense du capital et sans complexe la prédication dogmatique. En faveur, le plus souvent désormais et avec l'insistance de l'inconscient,  de la paroisse néo-libérale pour le premier, avec option giratoire pour qui aurait suivi son parcours médiatique de fils de famille qui a dû s'imposer. Et, pour le second, plus expérimenté intellectuellement et largement moins caricatural, puisqu'il  plaide la bonne foi en faveur d'un humanisme catholique, ce qui peut attirer davantage la sympathie du lectorat régional, voire même la considération de certains esprits bienveillants.

D'autres faiseurs d'opinions paraissent au plan national tout aussi indéboulonnables que les régionaux.

Ils sévissent dans les medias nationaux avec longévité et savent cumuler amples revenus, titres et fonctions. Ils ont été dirigeants de chaînes ou responsables dans des titres importants. Et bien qu'ayant depuis belle lurette atteint l'âge de la retraite -voir l'insubmersible Elkabach, ou Christine Clerc, -autrefois  au Figaro et billettiste de longue date au Télégramme,  sournoisement qualifiée La petite soeur des riches-etc, et un certain nombre d'autres cumulards-, ils sont omniprésents, et depuis des décennies, dans des medias importants où ils donnent l'exemple et la tonalité. Ils  appliquent depuis toujours la ligne éditoriale fixée par leurs maîtres et  très généreux employeurs. Ils bouffent le travail de jeunes journalistes que leurs patrons traitent souvent comme des mendiants, mais ils s'en battent nettement le coquillard.

Les inconvenants et insatiables du système politico-médiatique ont depuis longtemps déjà perdu de vue l'éthique qui devrait caractériser la mission d'informer. Pas grand' chose de commun cette élite auto-satisfaite et méprisante avec les quelques dizaines de milliers de journalistes besogneux de France. Ceux-là, qui tous les jours, et pour la plupart sans compter les heures, sans attendre de reconnaissance autre qu'un salaire décent,  font leur travail, parfois dans la précarité sociale et souvent dans l'anonymat. Ce sont de loin les plus nombreux. Sans eux, pas d'information. Mais leur père n'était pas patron de presse avant eux, ne s'appelait ni Baylet, ni Coudurier, ni Hutin etc.  Leur conjoint n'a généralement pas de haute fonction officielle.

Ainsi aux yeux des sans grade de la France, le sort et la plainte de Trierweiler, qui a plongé jusqu'à l'os dans le mélange des genres, constituent l'exemple même du flagrant délit de la connivence presse-pouvoirs. Ce ne sont que de misérables pleurnicheries. La voracité d'ascension sociale contrariée d'une femme de pouvoir ne chagrinera que ses amis. Et la femme délaissée se consolera en touchant ses droits substantiels pour sa misérable confession intime.

Qu'elle garde aussi son emploi protégé à temps partiel choisi chez Lagardère. Mais que la femme Valérie Trierweiler ait la bravitude suffisante, un sens de l'honneur, et même l'humour si elle en a,  de verser intégralement ses droits d'auteur aux associations caritatives auprès desquelles la vacuité de son destin semblait lui avoir apporté une consolation provisoire. Et ensuite :  fermer le ban !

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