Il s'agit de créer un port de plaisance pour 500 bateaux, à flot, c'est à dire à marée, au port naturel du Diben, en Plougasnou, sur la côte trégorroise du Finistère. Morlaix-Communauté, un regroupement d'une vingtaine de communes du secteur qui a pris en charge le projet et elle vient d'adopter le principe de sa construction. Coût du port à ce jour, selon ses promoteurs, 23,5 millions d'euros dont 14,5 millions à la seule charge des communes. Certains représentants des communes contestent tant l'utilité que les modalités opératoires prévues. Le problème est que les représentants des communes désignés au sein des instances dirigeantes de ce type de structure intercommunale n'ont aucun compte à rendre de leurs décisions devant le suffrage démocratique direct. Et pourtant elles engagent le financement du contribuable. Et probablement pour longtemps dans le cas du projet de port de plaisance au Diben-Plougasnou au caractère environnemental discutable et économiquement plus qu'aléatoire. .
Qui a vraiment décidé de créer ce port, sur le fondement de quelle étude d'impact, de rentabilité, de création d'emplois, de coûts directs et induits ? De toute façon, il serait construit avec l'argent provenant des impôts et de subventions publiques, donc votre argent.
L'idée d'origine semblerait venir de Plougasnou. Elle a fait son chemin. Car l'édile plougasniste a compris assez vite que l'ampleur du projet dépassait largement les seuls moyens de sa commune. Et que le coût de sa réalisation aurait vite condamné la commune de Plougasnou à la faillite. Alors, filons le bébé à Morlaix-Communauté en charge des projets locaux dits structurants. Il s'agit depuis la réforme des collectivités territoriales de la nouvelle vache à lait et du "deus ex machina" fourre-tout des élus locaux Et, pas de souci, la responsabilité y est assez diluée, ses membres sont cooptés et non élus au suffrage direct, le seul réellement démocratique.
Donc, forcément, ses représentants désignés se sentent plus éloignés, j'allais dire plus à l'abri, de la revendication et de la sanction éventuelle de l'électeur.
En fait, les indications dont nous bénéficions, nous les potentiels payeurs et contribuables, ce sont essentiellement les informations fournies par des cabinets-conseil d'études, dont la raison même d'exister est de convaincre leur client de la validité de leurs conclusions. On a vu les bétonneurs de la côte à l'oeuvre, pas loin, et même pas loin du tout, à Trébeurden. Si la mémoire est courte, on pourra s'en rapporter aux archives de l'époque.
Où sont les atouts du projet sur le plan de la protection environnementale, du développement social, économique etc. pour toute la zone à qui on demandera de financer le nouveau port ?
Du vague, si on peut dire et surtout pas de vagues, seules quelques perspectives minimalistes ronflantes pour dorer la pilulle. En face de quoi, la facture dont la caractéristique principale sera qu'elle viendra plus tard, et en fonction des aléas du terrain, et comme toujours, probablement, largement supérieure aux prévisions. On n'y peut rien ! Comme c'est le cas à Roscoff où le prévisionnel budgétaire a gonflé singulièrement avant l'ouverture de quoi que ce soit.
Alors, évitons le pire à la région de Morlaix. En temps de crise gravissime, il y a plus grande urgence pour des politiques responsables que de créer de toute pièce un coûteux bassin à flot pour des unités de plaisance destinées à l'agréement de quelques nantis. Plougasnou n'est pas Marbella ni Cannes. Tant mieux. Nous n'en avons ni le climat ni les milliardaires. Mais notre région, comme le reste du pays, manque cruellement d'emplois et de perspectives de développement durable. Qu'est-ce qu'on veut pour les jeunes : de l'emploi saisonnier, rare et peu qualifié et encore pour seulement quelques uns ?
Laisserons-nous de soi-disant têtes pensantes, supposées nous représenter, nous mettre à contribution financière pour concocter sous nos yeux une aberration écologique, sociale et financière ?
Le sérieux et la simple démocratie consisteraient à ce qu'ils demandent sans tarder l'avis des contribuables de la Communauté de communes. Ceux-ci pourraient estimer qu'il y a mieux à faire avec l'argent public pour la population locale.
Je suggère d'organiser un referendum, comme le prévoit la loi. Soyez courageux. Soumettez le projet au suffrage populaire. On verra qui veut vraiment d'une marina plougasniste, au goût douteux, au coût exhorbitant, construite avec nos sous.
KERNINON MICHEL | 07.03.2012