Franchement, on ne voit pas en quoi le nouvel aéroport de Notre-Dame des Landes est si indispensable au pays.
JM Ayrault semble en vouloir faire l'oeuvre de sa vie dans la région nantaise. Comme Premier ministre, pour le moment, il aurait certainement d'autres manières de manifester autorité et compétence pour relever le pays.
ND des Landes :
un projet discutable
Il y a près de 40 ans qu'ont commencé les expropriations de terres pour pouvoir mettre en oeuvre ce projet coûteux et discutable. Il divise les économistes et échauffe les esprits dans les communes concernées et bien au-delà puisqu'il est devenu un enjeu environnemental et politiques national. La question est de savoir quels types de grand travaux, de projets ou de dispositifs efficaces sont utiles à la collectivité et capables de donner de l'emploi et de l'activité économique au pays.
Il ne semble pas que l'aéroport de ND des Landes ou d'ailleurs l'accélération du TGV Ouest, tant vanté par la droite bretonne, constituent des priorités pour une majorité de concitoyens. Directement concernés par la crise, l'avion comme le TGV sont tout bonnement inaccessibles pour eux.
Les ardents partisans de la création de l'aéroport de ND des Landes feraient bien d'aller voir ce que sont devenus deux des grands aéroports régionaux créés en Espagne. Celui de Castillon près de Valence comme celui de Ciudad-Real à 200 km de Madrid sont désertiques, quant à celui de Huesca, il est quasiment privatisé.
Les délires pharaoniques et dépenses intempestives de quelques une des dix-sept communautés autonomes d’Espagne sont responsables du déficit public record du pays. La France n'est pas éloigné de ce fâcheux record et devrait ne pas l'ignorer plus longtemps.
Une urgence pour les investisseurs
Mais restons sur le projet de ND des Landes.
Aujourd'hui, l'aéroport existant Nantes-Atlantique se situe sur les communes de Bouguenais et Saint-Aignan-Grandlieu, à 10 km de Nantes. Il est géré par les CCI de Nantes et de Saint-Nazaire et par AGO, aéroports du Grand Ouest, associée à Vinci, omniprésente en France, et TPO, société de travaux publics raflant les gros marchés de la région.
Suivez la piste. Des dizaines d'hectares seraient libérés autour de La Bouguenais où se trouve aujourd'hui l'aéroport, pour des projets immobiliers et lindustriels juteux à proximité immédiate de la Cité des Ducs. Un important réseau de desserte routière à 4 voies devra être mis en chantier. Voyez donc.
Tout celà urge absolument. Les contrats avec l'Etat ont été signés fin 2010. Les travaux routiers doivent débuter ... maintenant. Les travaux de l'aéroport sont prévus en 2014. L'ouverture de l'aéroport est programmé à l'automne 2017. Il n'y a pas uner minute à perdre pour les investisseurs. On comprend l'impatience. Certains, et parmi les gros des TP, jouent gros dans l'affaire. Crise ou pas crise, il faut y aller. Ni rien ni personne ne doit résister. La machine à cash doit tourner à plein ... pour "désenclaver" la région.
La région, justement, parlons-en. Dans le gouvernement de JM Ayrault certains et certaines feraient bien de regarder de plus près les "audaces" qu'ils prônent à tout bout de chant-(champ) à la lueur des régions autonomes d'Espagne. Résultat catastrophique général d'une autonomie toute libérale globabalement contre-productive pour la population.
Mme Lebranchu en particulier, poids lourd supposé ou réel du PS, maire éphémère de Morlaix et aujourd'hui ministre de la décentralisation de l'Etat, ex-vice présidente du conseil régional de Bretagne, prêche pour sa paroisse. Elle vante les audaces des régions (Le Télégramme du 19/10/ 2012 ), mais plaide de fait l'impuissance de l'Etat et notamment la sienne à agir au niveau gouvernemental. De là à favoriser la loi du renard dans le poulailler ? Il y a des doctrines qu'un(e) socialiste devrait éviter de promouvoir, même à mots feutrés pour dissimuler son impuissance.
La réalisation de projets mégalos s'est avérée un désastre dans les régions autonomes espagnoles. Les aéroports régionaux à vocation dite internationnale devenus des cîtés fantômes en sont quelques exemples. La preuve qu'une concertation et un centralisme dans l'organisation et la décision sont de nature à éviter des naufrages économiques et sociaux et le désordre absolu.
Il y a en Bretagne de tels projets insensés. A leur échelle respective, le projet du port de Primel, fief de Mme Lebranchu, et celui de l'aéroport de Notre-Dame des Landes, fief de M. Ayrault, en font partie à mon avis.
On aimerait de la part du chef du gouvernement, nantais, et de la ministre finistérienne un peu moins d'enthousiasme quant au bien-fondé de ces grands travaux. La finalité en est d'ailleurs hautement discutable du point de vue environnemental, économique et social. A fortiori dans une crise durable ne permettant aucune fantaisie de ce genre
La régionalisation, oui bien sûr, tout le monde y est favorable. Ou d'ailleurs la décentralisation, mot-valise, comme on préfère le dire maintenant et dont Mme Lebranchu détient le portefeuille. Mais à une condition essentielle : que les responsables au pouvoir aient le courage de vouloir le redressement du pays, au lieu d'arbitrer sans cesse leurs querelles de boutiques et de clochers.
MICHEL KERNINON