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Billet de blog 24 juin 2010

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Un pionnier de l’informatique du photojournalisme disparait

 Le monde du photojournalisme est également le monde des informaticiens. L’agence Polaris, fondée en 2002 par Jean-Pierre Pappis à la suite du rachat de l’agence Sygma New-York par Corbis, bénéficia de l’ingéniosité de Laurent Imbaud, qui fut dès 1985 un pionnier de l’informatique d’aujourd’hui. Vendredi 18 juin 2010, il a été emporté par un cancer du poumon.

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Le monde du photojournalisme est également le monde des informaticiens. L’agence Polaris, fondée en 2002 par Jean-Pierre Pappis à la suite du rachat de l’agence Sygma New-York par Corbis, bénéficia de l’ingéniosité de Laurent Imbaud, qui fut dès 1985 un pionnier de l’informatique d’aujourd’hui. Vendredi 18 juin 2010, il a été emporté par un cancer du poumon.

Dans un communiqué diffusé le 22 juin 2010, Jean-Pierre Pappis écrit :

« J'ai connu Laurent en 1986, quand il a commencé à écrire du code et s’est attelé à la construction d'un moteur de recherche pour Sygma, l'agence où je travaillais. Il fut l'un des programmeurs pionniers du travail en agence photo. Son approche était audacieuce et les outils qu'il utilisait (Unix etc.) étaient inconnus à l'époque dans le monde des agences. Il a développé des technologies de recherche intégrant la circulation des images jusqu'à la comptabilité. Le tout à une vitesse fulgurante. Laurent était un créateur, un innovateur qui a vu la problématique dans son ensemble, mais toujours en cherchant la solution la plus « agile », pratique, rapide et élégante. »

« Musicien amateur de jazz et pratiquant le saxophone soprano, il nomme ses serveurs Gordon, Duke, Mingus, et autres grands du jazz. C’est à juste titre car les pages de ses systèmes se déploient comme une symphonie. Il aimait la photographie et les photographes. Il se félicitait de leurs capacités techniques et a vu beaucoup de points communs entre leur travail et le sien. Il était toujours disponible pour les guider et leur montrer des trucs sur leurs ordinateurs pour faciliter leur travail. Il va beaucoup leur manquer. »

« Au moment où j'écris ces mots, je pense aussi à quel point il va manquer à toute l’équipe de Polaris et à moi-même. Il était présent pour nous à toute heure, pour trouver des solutions et améliorer le système. Laurent était avec moi quand j'ai commencé Polaris en septembre 2002 et son support technique est une contribution inestimable au succès de l'agence et à sa longévité, à une époque où le métier est passé du partiellement au totalement numérique. »

« Il y a cinq ans, en 2005, à Visa pour l’image, alors que Laurent Imbaud accompagnait l’équipe de Polaris au festival de photojournalisme, il avait rencontré Julia Lucke de l'agence Studio X et en est tombé amoureux. Ils ont eu depuis deux enfants, Dexter et Oscar. »

Pour ma part, la même année, j’accompagnais mon ami Mark Grosset (1957-2006), nous avions eu avec Laurent une longue conversation passionnante sur les techniques qu’il utilisait à Polaris. J’avais été impressionné par le côté pionnier de son travail. Unix, en 1985, était une technologie tout à fait innovante qui fut importée en France notamment par l’équipe de Jean-Louis Fourtanier du centre serveur CTL qui l’utilisa pour développer les services Minitel des éditeurs de presse (FR3, Libération, Marie-Claire etc.) tandis que le monde des agences photo balbutiait encore avec des systèmes informatiques dit « propriétaires » sous la houlette de France Telecom.

Pour avoir suivi de près, comme journaliste spécialisé télématique, l’émergence de l’informatique dans la photographie, l’expérience de Laurent Imbaud ne pouvait que me « bluffer », et c’est la raison de cet hommage à son travail, et à la chaleur humaine qu’il communiquait. Dans cette époque où l’on parle beaucoup des difficultés des photojournalistes, une pensée émue pour ce « soutier » qui comme d’autres illustres inconnus, a contribué à donner des moyens de diffusion aux reporters photographes.

Je m’associe à la peine de ses enfants et de sa femme, ainsi qu'à celle de l’équipe de Polaris.

Michel Puech
23 juin 2010

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