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Billet de blog 10 juillet 2015

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L'ÉNIGME GRECQUE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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 Pour réfléchir calmement à la situation grecque,  je lis des textes de commentateurs qui tentent non d'enfoncer Tsipras mais de comprendre de quoi relève sa démarche.

La situation de ce petit pays face à l'Hydre mauvaise, sa résistance puis son "dernier coup" hier, à la stupéfaction de beaucoup de monde, suscitent un grand nombre  de questions qui nous impliquent tous, en tant que  membres d'une "Union Européenne" de plus en plus affolante.

La première de ces questions, sur toutes les lèvres depuis hier soir, est: "Mais pourquoi avoir demandé aux Grecs de participer à un référendum pour ou contre l'austérité?"  Enigme insondable en effet sauf si l'on pare Tsipras, comme le fait JAM, des plumes de la malice (voire du cynisme). Ou bien qu'on le juge totalement oxymorique au point de dire un jour une chose et de planifier son contraire le lendemain.

 Quel était le but du référendum Tsipras, se demande Paul Mason, journaliste qui couvre les événements grecs avec beaucoup d'intérêt et aussi d'humanité.  Je livre ici une traduction de son article, comme amorce pour une réflexion.


Les nouvelles propositions gouvernementales grecques, publiées hier soir, sont très clairement fondées sur celles soumises par Jean Claude Juncker le jeudi 26 juin, avant le référendum.

Elles ont frustré beaucoup de Grecs qui se demandent : quel était le but du référendum ? Nombre d'observateurs étrangers pensent de même.

Voici les réponses les plus évidentes :

D'abord, l'espoir du gouvernement grec que le mandat issu du référendum permettrait des renégociations rapides avec ses créanciers, a été déçu. Au lieu de cela, le gouvernement a été confronté à un ultimatum renouvelé, avec la menace d'un effondrement du système bancaire grec et l'exclusion de la zone euro.  En effet, l'une "des finalités" du référendum était  de juguler cette claire menace, de la part de politiciens qui ne l'avaient jamais admise auparavant.

Le gouvernement grec n'a aucun mandat pour quitter l'Euro, car les 61 % de Non du 5 juillet dernier signifiaient "rester et combattre".

Deuxièmement, l'accord n'a économiquement  aucun sens sans l'allègement des dettes. Le référendum, combiné avec la pression américaine, semble avoir incité des voix européennes clés, y compris celles d'Angela Merkel et de Donald Tusk, à accepter en principe le reprofilage de dettes - qui est une façon sournoise de les déprécier.


Troisièmement, Syriza peut toujours arguer que son programme est très différent de ceux précédemment conçus par la coalition des  conservateurs: il a prévu un impôt de 29% sur les sociétés par exemple. Cependant il fait vraiment des concessions sur les retraites et sur la TVA dans les îles, qui bénéficient actuellement d'une remise.

Quatrièmement, c'est le travail d'Euclid Tsakalatos. Tsakalatos, comme je l'ai expliqué depuis la mi-janvier, est existentiellement assigné à deux choses : l'appartenance à l'euro, ainsi que la modernisation et le changement social. Il veut garder le pouvoir - et non le laisser à un gouvernement "de technocrates".

Cinquièmement, l'accord vient avec la demande d'un prêt pour rembourser les dettes de la Grèce au cours des trois prochaines années. Si quelqu'un d'autre paye vos dettes pendant trois ans, c'est très fiscalement avantageux, vous permettant de dépenser l'argent que vous n'avez pas.

Plus important encore, il ne s'agit pas d'un accord conclu. S'il passe le Parlement grec et est alors rejeté dans les visages des Grecs, il cristallisera et préparera la société grecque au Grexit.

Il aboutira très probablement à quelques démissions de Syriza, mais, me dit-on,  la Plate-forme Gauche de Syriza l'acceptera. Obtenir l'aval du Parlement n'est pas le problème. Le problème est de l'obtenir de l'UE - et cela incite  beaucoup de Grecs à penser que c'est  le dernier jeu avant le  Grexit.

http://blogs.channel4.com/paul-mason-blog/4131/4131

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