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Billet de blog 25 mars 2010

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Le Pin Kôd 3 - Le félon démasqué

J’avais perdu une bataille, je perdrai peut-être la guerre, mais je harcèlerai l’ennemi jusqu’au dernier bureau de la dernière chefferie, j’irai réveiller dans leur sommeil décennal les bureaucrates-au-bois-dormant des tanières les plus inaccessibles, je saisirai les prud’hommes, la cour européenne des droits de l’homme, le tribunal administratif de Bobigny, j’écrirai au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, en coréen s’il le faut, je ferai irruption au Conseil de sécurité avec une ceinture d’explosif et exigerai une résolution pour mon Pin Kôd.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’avais perdu une bataille, je perdrai peut-être la guerre, mais je harcèlerai l’ennemi jusqu’au dernier bureau de la dernière chefferie, j’irai réveiller dans leur sommeil décennal les bureaucrates-au-bois-dormant des tanières les plus inaccessibles, je saisirai les prud’hommes, la cour européenne des droits de l’homme, le tribunal administratif de Bobigny, j’écrirai au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, en coréen s’il le faut, je ferai irruption au Conseil de sécurité avec une ceinture d’explosif et exigerai une résolution pour mon Pin Kôd.

La lutte serait terrible, ils ne me connaissaient pas encore, ça ne saurait tarder.

Première étape : puisque la réputation de mon chef direct m’avait été confirmée par l’expérience, j’allais taper au-dessus et, pour l’heure, au figuré. Le grand chef de mon service. Un francophone sympa qui faisait partie de la catégorie : « Tiens, quelqu’un dans mon bureau, ça tombe bien ça faisait une semaine que je savais plus quoi faire. » A mon arrivée, il m’avait récité d’un air pénétré : « Nous sommes heureux d’accueillir parmi nous un nouveau collaborateur, ce sont ces expériences nouvelles qui permettent de nous améliorer, et nous comptons sur vous pour nous faire part de vos réflexions, susceptibles de contribuer à perfectionner l’œuvre commune. »

Je n’en menais pas large. Moi, un humble technicien, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, une telle responsabilité… J’avais murmuré un « Oui » tremblotant tandis qu’il étendait sur moi son aile paternelle.

Il m’avait fait l’effet d’un sage rencontré un instant à la croisée du chemin de la vie, dont les quelques mots prononcés accompagnent le récipiendaire jusque sur son lit de mort, guidant ses choix à chaque moment important de son existence.

Cela même si la perspective de changer quoi que ce soit à l’organisation, sinon du Tribunal, du moins d’une seule équipe dans un service, m’était rapidement apparue comme aussi illusoire que les tentatives de Sysiphe avec son rocher, et l’esprit de vengeance de l’ensemble des dieux de l’Olympe une aimable plaisanterie de potache rapportée à la bureaucratie onusienne.

Bref, je me rendis avec détermination dans son bureau.

Il n’était pas là. Une conférence à Nairobi. Il reviendrait la semaine suivante.

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