Je reçois un texto de Nadav : attaque sur Gaza… A Rio de Janeiro- autant dire au bout du monde- je demande au taxi dans lequel je me trouve de mettre les informations : un reportage sur les scorpions du Parana… fort intéressant au demeurant, mais complètement hors sujet. En arrivant à la maison, je branche la télé...
Bien évidemment il faut regarder les nouvelles sur CNN pour obtenir des informations sur les raids israéliens à Gaza : à la télé brésilienne jeux pour les fêtes de fin d’annee et novelas.
J’exprime ma sidération à ma grand-mère : comment est-ce possible que la terre continue de tourner ? est-ce que personne ne se rend compte de ce qui est en train de se passer ?
Nadav est à Jérusalem, que j’imagine dans un état de tension incroyable… Nadav et une équipe de télé française pour laquelle il tourne un reportage sur la ville sainte. Ou est-il ? Comment peut-on parler d’autre chose ?
Ma grand-mère et son bon sens me font remarquer quepas-de-nouvelles-bonnes-nouvelles. D’ailleurs, Nadav réussit a m’envoyer un texto entre deux prises, je suis rassurée. Pour l’instant.
Ma grand-mère, à qui je souligne comment Israël semble si loin, tout d’un coup, soupire avec un fatalisme résigné que, c’est comme ça… on s’inquiète des siens avant de s’inquiéter des autres…
Dis-moi, me demande-t-elle… Sais-tu que plusieurs milliers de brésiliens ont perdu leurs maisons pendant les trombes dos qui se sont abattus sur le pays dans les dernières semaines ?
Non…
Tu vois… Et toi qui te crois toujours si bien informée de tout… Ça tu ne le savais pas… Tu vois…
Je vois, je vois.
Mais alors quoi ? Les théories de Le Pen auraient gagné ?
C’est lui qui avait dit : il est normal de préférer son frère à son cousin, son cousin a son voisin, son voisin a un inconnu…
Non.
La devise des pompiers de Rio de Janeiro me revient à l’esprit :
NOUS SOMMES POMPIERS, RIEN DE CE QUI EST HUMAIN NE NOUS EST ÉTRANGER
Au feu !