J’ai connu David au gré de nos discussions spontanées devant l’école ou le conservatoire que nos enfants fréquentent. Nous nous connaissions comme des parents d’élèves peuvent se connaître mais mes conversations avec lui allaient plus loin que les simples politesses d’usage.
La plupart du temps, nous nous saluions, il descendait de son vélo et nous reprenions la discussion que nous avions interrompue quelques jours auparavant.
On parlait d’écologie, de ses déplacements à vélo. Il était incollable sur les diamètres des roues, la qualité des freins, l’alliage du cadre ou le confort de la selle. Ça m’amusait beaucoup, cette érudition, ce côté geek à l’ancienne.
Et puis assez vite, on revenait à nos sujets de prédilection, plus ou moins sérieux : son goût pour la musique rock, la politique, la République voire la sixième République, l’éducation et les inégalités que les enfants peuvent subir dès le plus jeune âge.
David avait fait le choix courageux, après 40 ans, de tout changer dans sa carrière professionnelle pour passer le concours de professeur des écoles. Il enseignait en Seine-Saint-Denis et me faisait part de ses expériences, de ses difficultés et de son plaisir à faire classe. Je ne le lui ai pas dit mais j’étais impressionné.
Il me parlait aussi bien sûr du rock et je me souviens – triste association d’idées – qu’il m’avait fait écouter un jour The Horrors alors que nous faisions le tour de nos goûts du moment.
Il adorait les concerts. Il était au Bataclan vendredi. Il est mort. C’est absurde.
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