Décidément, le pouvoir socialiste ne nous épargnera aucun des travers que nous aura fait subir la précédente présidence de droite. Nous retrouvons à l'occasion de ce conflit à la SNCF une stratégie désormais si bien rodée, qu'elle aurait même pu être scénarisée d'avance. Le seul raffinement qu'offrent les circonstances c'est la crapuleuse instrumentalisation des épreuves du baccalauréat, à laquelle le président Hollande a cédé, et dont se sont emparés avec gourmandise des médias boutiquiers.
Tous ces pousse-au-crime risquent bien un jour de se retrouver avec une grève des correcteurs du baccalauréat. Il conviendrait, par conséquent, de retrouver un peu de sérénité et d'éviter de croire que l'on puisse régler un conflit social en exerçant un chantage populiste.
Il n'est pas question ici de revenir sur les raisons du conflit. Je ne peux que renvoyer à la parole honnie de ceux que l'on fait profession d'ignorer et de mépriser. C'est ici ou ici. Chacun jugera, comme il va de soi, mais en connaissance de cause.
Les procédures de gestion des conflits sont désormais bien ritualisées. On commence par ignorer les revendications, pour mieux s'étonner de les entendre lorsque le conflit se précise. On triche avec les chiffres de grévistes, afin de mieux étouffer la démocratie sociale sous une démocratie parlementaire exsangue. Ceux qui n'ont parfois été élus qu'avec moins de 10 % du corps électoral s'en prennent à ceux qui se font les porte-parole de plusieurs milliers de grévistes pour lesquels le prix de la démocratie ne s'élève pas simplement à celui de déposer un bulletin de vote dans une urne. On ne craint pas les contradictions qui permettent de minorer les mobilisations tout en en exagérant les conséquences, mais qui autorisent cependant cette odieuse rhétorique de la prise d'otage qui transforme de facto tout gréviste en terroriste. Enfin, afin de pouvoir prétendre chercher à apaiser, on convoque des réunions, mais non pas pour négocier, seulement pour expliquer, pour mieux faire comprendre, comme si les cheminots grévistes ne constituaient qu'une foule de crétins bréghelliens.
Stoppons là. Quoi que nous puissions en penser, maintenons les cheminots en lutte dans la dignité de leur combat. N'alimentons plus le petit bain névrotique autour du baccalauréat que font couler, en premier lieu, tous ceux qui nous disent en souhaiter la disparition.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent », écrivait Victor Hugo, et la vie est bien ce que le fascisme ne peut affronter. Il n'y a pas de démocratie sans reconnaissance du conflit. Il n'y a pas de démocratie forte qui ne sache le supporter.
Bon courage pour tous les candidats.