Jean Cassou n'est guère célèbre, et pourtant, il est, il fut plutôt, l'incarnation de la poésie en marche.
Résistant, incarcéré en 1941, il a composé Trente-trois sonnets composés au secret sans pouvoir les écrire. Il les a portés en lui jusqu'en 1944 - et sans doute au-delà - où il a pu les faire publier.
Il est le meilleur exemple du fait que la grâce de la poésie, c'est qu'on peut l'emmener partout en et avec soi.
Alain Bosquet, autre immense poète, a déploré que Jean Cassou ait sombré dans l'oubli.
Je voulais vous offrir un des sonnets de Jean Cassou, mais sur le web on ne les trouve pas, signe "intéressant". Je vais donc chercher mon livre, et recopier.
Ajout : un poème (j'ai eu du mal à choisir)
Sonnet XXIII
La plaie que, depuis le temps des cerises
je garde en mon coeur s’ouvre chaque jour.
En vain les lilas, les soleils, les brises
viennent caresser les murs des faubourgs.
Pays des toits bleus et des chansons grises
qui saignes sans cesse en robe d’amour
explique pourquoi ma vie s’est éprise
du sanglot rouillé de tes vieilles cours.
Aux fées rencontrées le long du chemin
je vais racontant Fantine et Cosette.
L’arbre de l’école, à son tour, répète
une belle histoire où l’on dit : demain …
Ah ! jaillisse enfin le matin de fête
où sur les fusils s’abattront les poings !
Sonnet 23, in 33 sonnets composés au secret