C'est avec consternation que j'ai lu hier l'article de Mathieu Magnaudeix et de Stéphane Alliès relatant la séance, pour le moins houleuse, tenue à l'Assemblée Nationale le 22 octobre entre les députés socialistes. Une réunion, nous dit l'article, dont l'objectif était de remettre de l'odre chez les députés de la majorité et d'en finir avec les "députés rebelles". Or il se trouve que parmi ces "députés rebelles", il y a celui pour lequel j'ai voté lors des dernières élections législatives. Il s'agit de Pascal Cherki, député du 14ème arrondissement de Paris. Par honnêteté vis à vis de ce journal qui accepte de publier mon billet et transparence à l'égard de ceux qui me liront, il se trouve que Pascal Cherki est aussi un ami. J'espère que l'on me fera la grâce de croire que ce n'est pas la raison pour laquelle j'ai voté pour lui. J'ai, heureusement beaucoup d'amis, mais peu obtiendraient ma voix lors d'un vote.
Donc, j'ai voté pour ce député et donc il me représente à l'Assemblée. Ce, en vertu d'engagements qu'il a pris à mon égard et à l'égard de tous ses électeurs. Je les rappelle ici , tant ils ont été clairs pendant sa campagne:
- Rupture avec la politique de Sarkozy,
- Refus, non pas de l'Europe, mais de l'Europe libérale,
- Protection des salariés,
- Remettre le monde bancaire à sa place dans l'économie.
A ce jour, et sans suivre dans le détail ce qu'il fait à l'Assemblée, ce député respecte les engagements. Rien dans ce qu'il dit, dans les positions ou les actes de législateur qu'il prend ne vient contredire ce pourquoi j'ai choisi ce député. Le rencontrant sur les marchés, j'ai bien des choses à lui reprocher sur la politique du gouvernement, j'en ai peu sur son action en tant que député. Il continue bien de me représenter. Aussi, lorque avec d'autres députés, je lis qu'il "en prend pour son grade", qu'il passe "devant un conseil de discipline", que "des sanctions pourraient tomber pour ceux qui s'opposent à la ligne majoritaire"... etc, j'ai alors la très détestable impression que c'est à moi que l'on fait tout ça. C'est à moi qu'on demande de rentrer dans le rang. C'est moi que l'on veut sanctionner si jamais je n'étais pas en accord avec la ligne dite majoritaire (mais à 20% de satisfaction dans les sondages). Que c'est à moi enfin qu'on explique que " le président de la république a une légitimité supérieure" à la mienne. Est-ce besoin de redire qu'il n'y pas de légitimité supérieure au suffrage universel! Les députés de l'Assemblée ne constitue pas un corps militaire. Ils n'entrent pas dans l'hémicycle comme on entre dans un théâtre d'opérations militaires. Si la discipline est utile pour se renforcer dans le combat politique, ce dernier a besoin d'être accepté par tous ceux qui le mènent. Si cela n'est pas le cas, alors la discussion doit se poursuivre. Et puisque nous fêtons le 100ème anniversaire de la guerre de 14-18, chacun pourra se souvenir que ce sont des chefs militaires inconséquents qui menèrent à la boucherie des millions d'hommes. Mais revenons à moi, citoyenne et électrice de Pascal Cherki. Je vous le dis messieurs, président de groupe, premier ministre ou autre et avec respect pour votre fonction, il ne se peut pas, dans notre démocratie, que vous me "tanciez" ou me "sclaguiez" comme vous prétendez pouvoir le faire avec mon représentant à l'Assemblée. Je vous mets en garde contre ce dysfonctionnement grave. N'oubliez pas que le soutien à votre politique ne peut être une exigence. Les dernières élections partielles vous le prouvent. Vous ne pouvez pas exiger de moi que je vous soutienne. Citoyenne et électrice,vous pouvez seulement me convaincre afin que je vous accorde ma confiance. En agissant de la sorte, ni vous ne me convainquez, ni vous n'obtenez ma confiance. Comprenez enfin que si j'écris ces lignes en mon nom, il y a tout de même fort à parier que cette insupportable façon de faire la démocratie soit partagée par de nombreux citoyens et électeurs. Je vous invite à vous reprendre en laissant mon député respecter mon vote.S i d'aventure vous pensez qu'une autre politique est meilleure que celle que j'ai choisi en votant Pascal Cherki (et vous en avez le droit), il faudra me convaincre puisque c'est ainsi que foonctionne la démocratie. Patricia PHILIPPE