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Billet de blog 16 avril 2011

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Et Dieu dans tout ça ?

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Elevé dans la bondieuserie la plus envahissante, j'ai tôt fait de m'en débararrasser en fréquentant de préférence et sans hiérarchie, les bouffeurs de curés, les libres penseurs, les laïcs de la Laïque, les convives traditionnels du gras double du Vendredi Saint.

A lire certains blogs peuplant l'univers médiapartien, on notera une recrudescence de billets et de commentaires évoquant l'au-delà, la spiritualité, revendiquant la finitude humaine et cherchant une raison bien solide pour justifier sa foi ou son agnosticisme.

Luce Caggini, Michel Philips, Cacochyme, Melchior Griset-Lebûche et l'irremplaçable JPYLG s'en donnent à coeur joie et nous régalent de leurs certitudes et questionnements.

Plongé dans la lecture de leurs billets et commentaires, j'en oubliais mon statut d'entomologiste mécréant pour constater, à ma grande surprise, que si je ne me sens pas croyant, je suis certain de l'avoir été, ou d'avoir eu envie de l'être, au moins par deux fois dans ma vie.

Serait-ce iconoclaste de prétendre être croyant et mécréant à la fois ?

Tant pis, je prends le risque ! Par deux fois, oui par deux fois, je me souviens avoir failli à un athéisme affiché et revendiqué. Non pas, suite à une longue réflexion sur le sens de la vie en général et de la mienne en particulier, non pas suite à une fulgurance passagère. Quoique.....

Fulgurance, ce mot me plairait bien si, malgré sa puissance évocatrice, il n'évoquait l'évanescente vision céleste qui s'estompe sans coup férir.

Ma première expérience d'agression religieuse fut américaine. Nous visitions la côte Ouest à Los Angeles où nous avions consommé du parc d'attractions à n'en plus pouvoir, de Hollywood et ses Universal Studios à Anaheim et Disney Land, du Musée Getty à UCLA. Longeant la route cotière nous nous étions arrêtés à Wayfarers Chapel, autrement connue sous le nom de Glass Church.

Au coeur de cette chapelle imaginée par Franklin Lloyd Wright un des maîtres de l'architecture américaine, la simplicité des matériaux, le verre et le bois, la fabuleuse luminosité qui inondait la pièce, cette impression de faire corps avec la nature, le balancement des branches d'arbres, le bruit des vagues qui explosaient au bas de la falaise, tout concourait à une telle symbiose, générait une telle harmonie que, sans doute par syncrétisme, j'ai eu envie d'avoir la foi devant tant de beauté.

La seconde expérience notable en la matière fut, elle aussi, à l'occasion de la visite d'un espace spécifiquement réservé à la prière et au recueillement, mais sur un autre continent.

Nous avions le matin même laissé Taghit et son vieux ksar en marge de la palmeraie à l'abri de sa grande dune de sable et continué notre route vers le sud pour rejoindre la route deTam. En début d'après-midi, nous arrivions à Beni Abbès dont le ksar envahi par la palmeraie s'étend au pied de la ville neuve perchée sur la falaise. Un peu à l'écart de cette dernière, nous cherchions les traces de l'Ermitage construit au debut du siècle dernier par le Père Charles de Foucauld.

Là encore, la rusticité des lieux, leur simplicité et leur intégration dans un paysage désertique adossé aux dunes monumentales de l'Erg occidental, relevait d'une beauté à couper le souffle. Nulle âme pour accueillir le visiteur, mais s'échappaient d'une casemate des chants religieux dont on pouvait deviner qu'ils étaient exclusivement féminins.

A l'intérieur, huit Petites Soeurs Madeleine de Jésus avaient entamé de cantiques et n'avaient pas perçu notre arrivée.

C'est donc en catimini que nous nous glissions à l'intérieur de cette minuscule chapelle qui n'aurait pu contenir plus que la dizaine de personnes que nous étions alors. Les murs n'étaient pas décorés, le toit manifestement végétal, et le sol du même sable que celui de la dune toute proche.

Ecouter monter vers le ciel, les chants cristallins de la petite chorale, tout en veillant à ne pas troubler ce moment extraordinaire de plénitude, tel était notre souhait. Fixant au fond de la chapelle la seule décoration au mur pour magnifier l'autel, j'ai eu la sensation, là encore, de toucher du doigt une félicité dont je m'étais volontairement privé et eu envie de laisser là mes habits de mécréant.

Mais, sur la route de Timimoun, les voix célestes s'étaient déjà tues et ma nouvelle croyance évaporée.

Dessin de l'autel par Ch de Foucauld

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