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Billet de blog 10 avril 2013

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Concernant l'alternative et la promesse que représentent des banques coopératives transparentes, je place ici, sans correction, le commentaire rédigé le 21 mars 2013 à la suite de l'article de Dan Israël « Un abonné de Mediapart en grève de la faim pendant 23 jours contre le surendettement ».

« Oser réagir face à l'insupportable, c'est toute la différence entre le courage et le désespoir. Quand, en 1888, Frédéric-Guillaume Raiffeisen s'éteignait, il laissait en héritage une dynamique d'entraide capable de triompher de toutes les difficultés, une force de mobilisation qui devait donner naissance au Crédit Mutuel moderne. Le « petit bourgmestre » a su codifier cette force formidable capable de trouver les moyens de financement nécessaires au plus incroyable des paris, la maîtrise de la famine et de la misère des populations rurales du siècle dernier. » (4ème de couverture)

« Car j'ai eu faim », tel est le titre d'un ouvrage publié en 1966 et réédité par la Coprur (éditions du Crédit Mutuel) en 1988, pour le centenaire de la mort de Frederic-Guillaume Raiffeisen, (mars 1888), un livre de Franz Braumann.

La bible (en principe) de tous les salariés et administrateurs des Caisses de Crédit Mutuel, de tous les présidents et directeurs-gérants des caisses, qui sont au regard de la loi fondamentale du 10 septembre 1947 (socle en France de toutes les coopératives) pénalement responsables pour tout manquement.

Revenant vers Mediapart après quelques semaines d'absence, je trouve un mp signalant la grève de la faim de Michel Madec et l'article de Dan Israël à la Une. J'avais suivi le combat de Carland face au CMB et lu sans modération les textes inspirés et sans calcul, sans prudence, injustes, lâchés comme une délivrance par le poète à la belle folie. Bi-polaire me dit-on ici. Flamboyant.

Bravo Carland ! Mais une grève de la faim, c'est grave. 16 jours. Détermination, ni défoulement verbal, ni duel en dentelles, c'est grave. Bravo, mais recolle à la vie, au choix de la vie.

Tes amis sont là. Et d'abord la Dame du Bois Joli qui cueillait tes textes comme un cadeau. Et tout ceux qui ont la fraternité au bord des mains. Et les raisonnables qui n'ont pas tort d'être raisonnables, concrets. Quelques handicapés du cœur, aussi, mais...

Qu'ajouter aux commentaires qui accompagnent cet article bienvenu ? Un témoignage d'amitié, un hommage à la folie de savoir rester debout... et un appel à la raison. Au pari sur l'avenir. Tu ne fus pas raisonnable, c'est sûr... Et alors !!! Le vrai visage de tes « interlocuteurs » s'est révélé lors de la fermeture de ton blog.

Pour répondre à l'exigence de vérité, à la question de l'alternative, une chose est à dire très fort : les prédateurs qui se font aujourd'hui hypocrites sont (en principe?) les héritiers de Frederic-Guillaume Raiffeisen.

Au fil des commentaires, je lis ici :

« Les banques n'ont jamais fait du social je vous le concède. »

« Le problème de fond est, me semble t-il, que le taux dit d'intérêt du crédit revolving est, en fait, un taux d'usure... »

« ...les banques s'enrichissent sur le dos des personnes les plus en difficulté. C'est la loi du capitalisme qui est le système dans lequel je suis née... »

Tout cela est archi-vrai... mais Frederic Guillaume Raiffeisen (pasteur allemand 1818-1888), a précisement inventé les caisses de Crédit Mutuel comme une réponse face à la rapacité des usuriers qui volaient le grain en herbe.

Le Crédit Mutuel est une banque coopérative, une vedette de l'économie alternative au service de l'homme, l'un des fleurons de l'économie sociale et solidaire en France !

Etait ?

Qui dirige aujourd'hui les Caisses de Crédit Mutuel ? Au profit de qui ? La loi fondamentale du 10 septembre 1947 est-elle toujours la référence incontournable au lendemain de l'année internationale des coopératives ?

Article 1er : Les coopératives sont des sociétés dont les objets essentiels sont de réduire, au bénéfice de leurs membres et par l’effort commun de ceux-ci, le prix de revient et, le cas échéant, le prix de vente de certains produits ou de certains services, en assurant les fonctions des entrepreneurs ou intermédiaires dont la rémunération grèverait ce prix de revient ;

D’améliorer la qualité marchande des produits fournis à leurs membres ou de ceux produits par ces derniers et livrés aux consommateurs ; Plus généralement de contribuer à la satisfaction des besoins et à la promotion des activités sociales et économiques de leurs membres ainsi qu’à leur formation.

Les coopératives exercent leur action dans toutes les branches de l’activité humaine.

Les excédents sont-ils redistribués ou détournés ? Comment une banque coopérative peut-elle avoir des filiales, oublier la charte de l'ACI (Alliance Coopérative Internationale) qu'elle a signé ? Oublier le prosélytisme prévu dans cette charte de l'ACI ? Réinventer l'usure ? Réinventer l'usure ! Frederic-Guillaume, au secours, ils sont devenus fous !

La reconnaissance du respect dû au sociétaire Carland sera un premier pas. Tu as déjà gagné. Tu n'es plus un bouchon au fil de l'eau. Ce ne sont pas des gens bien mais (eux) ne sont pas fous, il vont faire le minimum syndical pour apparaître convenables. Et ce minimum sera convenable car nous allons les surveiller.

Ta vitalité sera demain leur cauchemar. Dans ces situations, ils parient toujours sur la disparition du problème, son élimination physique. Tu dois continuer à témoigner, à résister. Vivant et debout !

J'entends le grondement incessant d'un message d'alerte : Frederic-Guillaume se retourne dans sa tombe. Et encore. Et encore. Et encore. Et... il guette le signal des (ir)responsables de la Caisse.

« Car j'ai eu faim... » (Mathieu 25 35-40) référence aux origines « chrétiennes démocrates » du mouvement.

Editions Coprur, 24 rue du Waken, 67913 Strasbourg Cedex 9

L'article (indispensable) de Dan Israël a généré un total de 396 commentaires. A titre personnel, j'en ai posté un second le 22 mars :

A méditer, effectivement, et je suis frappé par trois aspects de la question :

1° La méconnaissance de la longue histoire de l'idée coopérative et des pratiques, chez nous et sur la planète (Ubuntu !)

L'année internationale des coopératives (2012) aurait du être l'occasion, par exemple, de « raconter » le centenaire de l'ACI (Alliance Coopérative Internationale) et d'expliquer, de diffuser, la Charte de l'ACI et la déclaration sur l'identité coopérative.

2° La redécouverte, comme une quasi nouveauté, depuis quelques années, de l'idée coopérative vue en tant que « nouvelle solution ».

Et l'abandon simultané aux prédateurs des « vieilles coopératives géantes »... comme si la captation par les malins était, sur la durée, une fatalité.

Comme si le contrôle, le respect de la loi et des valeurs, étaient finalement impossibles.

Comme si « l'exemple russe » (confiscation des coopératives soviétiques par les dirigeants qui sont ainsi devenus milliardaires du jour au lendemain) était la référence universelle.

3° La redécouverte étant le fait des idéalistes, ça donne envie de « pousser à la roue ». De s'engager pour faire advenir une « nouvelle société », une autre logique, seule chance pour une planète menacée et une humanité qui fonce dans le mur.

Cette redécouverte (et c'est très inquiétant) est, aussi, vue par les enfumeurs comme une nouvelle possibilité d'escroqueries. Y compris lorsqu'il s'agit de « scop de dépannage », solution hypocrite pour cacher (provisoirement)... le manque de solution.

Une vraie coopérative ne peut exister que par la volonté lucide de ses sociétaires qui s'engagent avec un projet, des moyens et des risques (les leurs), une culture (pédagogie, enseignement) et donc une connaissance de la démarche des « pères fondateurs » et des pièges déjà rencontrés. Avec enthousiasme.

Pour faire bref.

A quand, chaque mois, en prime-time, une grande émission TV réservée à ce sujet ?

Séquence « histoire », séquence « exemple concret », séquence « projet », séquence « mode d'emploi », séquence « explication de la loi du 10 septembre 1947 », etc... Visibilité des coopératives et transparence de leur fonctionnement. Le contrôle démocratique est, en principe, dans leur ADN...

Transparence ? Glissement des vérités ?

A lire, l'ouvrage de Marcel Lancelin « D'un mouvement social à la banque » (1991 – Editions Ouest-France Rennes)

Étonnante histoire que celle de la Fédération du Crédit Mutuel de Maine-Anjou, Basse-Normandie ! Hier – cent ans à peine – un mouvement social qui cherche à préserver le monde rural traditionnel des méfaits supposés de la civilisation industrielle perçue comme « dangereuse pour la morale et la religion ».

Aujourd'hui, une banque moderne qui a très largement contribué à permettre aux catégories sociales les plus modestes de sa région d'accéder aux services bancaires et... à la société de consommation. L'obligation du résultat et la qualité du service ont rencontré les valeurs chrétiennes initiales. Jusque dans les années soixante-dix, des militants recevaient les sociétaires à leur domicile. Ils portaient le mouvement à bout de bras. Aujourd'hui, le Crédit Mutuel de Maine-Anjou, Basse-Normandie est un établissement de professionnels qui vendent des services de banque et d'assurance.
Fondé par des mutuelles locales qui se contentaient de faibles bonis, il est devenu un groupe bancaire qui atteindra bientôt le milliard de fonds propres accumulés. Produit vrai de cette société rurale de l'ouest de la France au début du siècle, ayant pu longtemps rester hors du marché, il se trouve désormais immergé dans le monde financier. Mais alors, ses originalités, ses finalités ne se sont-elles pas évanouies ? L'intendance n'a-t-elle pas étouffé le militantisme ?

Au-delà de la survie, quel est le sens de son existence dans la société de demain ?

Fondé de pouvoir principal de la Fédération du Crédit Mutuel de Maine-Anjou, Basse-Normandie, Marcel Lancelin s'est penché en sociologue sur l'histoire de ce mouvement qui est aussi devenu une banque. En déroulant le fil historique, il espère que le miroir du passé se transforme en ouverture vers l'avenir.

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