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Billet de blog 4 septembre 2012

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Conf Energie: L'UDB demande le moratoire sur les CCCGaz

Centrales électriques au gaz: les conseillers régionaux de l'UDB demandement un moratoire à la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie

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Centrales électriques au gaz: les conseillers régionaux de l'UDB demandement un moratoire à la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie


Communiqué de presse
Rennes / Roazhon, le 3 septembre 2012
Ouverture de la Conférence environnementale le 14 septembre à Paris : les élus régionaux de l'UDB écrivent à la ministre Batho pour demander un moratoire sur les projets de centrales électriques à cycle combiné gaz
A la veille de l'ouverture de la Conférence environnementale à Paris, les élus de l'Union démocratique bretonne (UDB) au Conseil régional de Bretagne viennent d'écrire (lettre ci-dessous) à Delphine Batho, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie pour lui demander d'instaurer un moratoire sur les projets de centrales électriques à cycle combiné gaz (CCCG).
La crise économique et sociale profonde que traversent la France et ses territoires appelle une politique publique de l'énergie très forte en faveur de la sobriété, de l'efficacité et du développement des énergies renouvelables. Le recours à une énergie fossile comme le gaz naturel est acceptable à titre transitoire, à condition que le gaz soit consommé comme une énergie primaire. Or les CCCG produisent une énergie secondaire (on brûle du gaz pour produire de l'électricité), avec un rendement maximum de l'ordre de 55%.
Un tel gaspillage, à partir d'une énergie que la France importe à 98%, n'est acceptable ni d'un point de vue économique (on aggrave le déficit commercial), ni d'un point de vue social (on renchérit le prix de l'électricité pour les ménages), ni d'un point de vue environnemental (on alourdit le bilan carbone de la France). Si le gaz doit être utilisé comme un des éléments de réponse aux pics de consommation hivernale qui sont dus à la prépondérance du chauffage électrique en France, ce n'est certainement pas en construisant des équipements surdimensionnés comme des CCCG, très coûteux pour le contribuable qui prend à sa charge les raccordements aux réseaux, mais en développant la technologie légère de la micro-cogénération domestique (chaudières à micro-cogénération dite de 3ème génération). Les pouvoirs publics doivent préférer cette alternative, en accompagnant la formation des professionnels, ce qui aidera un secteur du bâtiment en difficulté.
Herri GOURMELEN
président du groupe
Christian GUYONVARC'H
conseiller régional, rapporteur général du budget
référent énergie du groupe UDB
LETTRE OUVERTE
Destinataire : Madame Delphine BATHO, Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie
Objet : Conférence environnementale
Demande d’un moratoire sur les projets de centrales électriques à cycle combiné gaz
Rennes / Roazhon, le 29 août 2012
Madame la Ministre,
Le 14 septembre prochain vous ouvrirez la Conférence environnementale. A cette occasion nous souhaitons attirer votre attention sur le dossier de la multiplication des projets de
centrales électriques à cycle combiné gaz en France pour lequel nous sollicitons un moratoire.
Nous ne sommes nullement hostiles à l’utilisation du gaz, dans une phase de transition vers un modèle énergétique fondé sur la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. En effet, le gaz est l’énergie fossile la moins polluante et la moins nocive pour la santé humaine, ce qui ne signifie pas qu’elle ne le soit pas. Encore faut-il l’utiliser de façon adéquate, c’est-à-dire comme énergie primaire afin de garantir un rendement énergétique satisfaisant. Tel n’est pas le cas de la technologie des centrales électriques à cycle combiné gaz, dont le rendement n’est que de l’ordre de 55 % dans le meilleur des cas, ce qui, autrement dit, se traduit par un gaspillage de près de la moitié du gaz converti en électricité.
Dans la situation économique et sociale que traverse la France, ce gaspillage est d’autant moins admissible. Il serait totalement déraisonnable de gaspiller près de la moitié d’un gaz que la France importe à 98%. A ce titre les centrales électriques à cycle combiné gaz ne peuvent que contribuer à aggraver la dépendance énergétique de la France, donc son déficit commercial déjà si lourd, et celle des Français, qu’il s’agisse des particuliers ou des acteurs économiques.
Les promoteurs de cette technologie la présentent comme la seule réponse possible aux pics de consommation électrique les jours de grand froid. Or, il est de notoriété publique que ces pics de consommation électrique ont pour cause principale le développement du chauffage électrique en France depuis les années 80 comme mode de chauffage principal (environ 35% du parc immobilier en France), un développement à marche forcée qui s’est
fait sous la poussée du lobby électronucléaire et qui met la France dans une situation unique en Europe (certains Etats européens interdisent le recours au chauffage électrique). Le chauffage électrique est, de loin, le mode de chauffage le plus onéreux, et contribue de ce fait à la montée de la précarité énergétique (en 2009, 100 kWh de chauffage électrique coûtaient 11,43 euros, contre 6,48 euros pour le gaz ou 7,47 euros pour le chauffage
urbain). En répondant à cette situation par la mise en service de centrales électriques à cycle combiné gaz, on traite non pas la maladie (la dépendance des ménages au chauffage électrique) mais un symptôme (les pics de consommation hivernale qui en découlent), ce qui ne constitue pas une politique clairvoyante.
Les Allemands consomment 28% d’électricité spécifique – c’est-à-dire hors chauffage (l’électricité ne chauffant que 5% des logements en Allemagne)

– de moins que les Français. Il ne nous semble pas que le confort des ménages allemands ou la productivité de l’industrie allemande s’en ressentent. Ce comparatif met en lumière les économies et les gains de productivité à réaliser en France.
Nous considérons que la bonne réponse aux pics de consommation électrique en période de grand froid se trouve à la fois dans une politique publique incitant à la sobriété dans les usages tout au long de l’année (les bons réflexes ne s’acquièrent pas quelques jours par an), dans le développement des technologies qui améliorent l’efficacité énergétique (normes de construction et de rénovation du bâti, électro-ménager, équipements industriels, transport…) et dans l’accélération des investissements en matière d’énergies renouvelables. Le tout dans une approche décentralisée de la demande et de l’offre en énergie, ce qui, nous vous l’accordons, constituerait une révolution copernicienne pour l’Etat français et son centralisme fondateur. L’amélioration de l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables seront d’ailleurs, à n’en pas douter, les secteurs économiques qui seront le plus pourvoyeur d’emplois industriels nouveaux en Europe dans les prochaines années. C’est de cette façon que les pouvoirs publics contribueront à relancer l’économie, tout en préservant le pouvoir d’achat des ménages.
D’ailleurs, comme vous le savez, la Commission européenne et le Parlement européen ont calculé qu’une réduction de 20% de la consommation d’énergie primaire en Europe permettrait d’économiser 200 milliards d’euros par an, créerait 2 millions d’emplois nouveaux et permettrait aux ménages d’alléger leur consommation énergétique de 1 000 euros par an. Alors, le gouvernement de la France va-t-il opter pour une politique de
l’énergie résolument tournée vers l’avenir ou va-t-il préférer les vieilles lunes vendues par les mastodontes historiques qui monopolisent le marché de l’énergie en France? C’est l’indépendance du pouvoir politique, donc sa crédibilité aux yeux des Français, qui se joue sur ce dossier.
Et s’il fallait penser au gaz comme moyen de produire de l’électricité, à l’évidence la seule technologie d’avenir est celle de la micro-cogénération. Les chaudières à micro-cogénération gaz naturel, dites de troisième génération après la chaudière classique et la chaudière à condensation, permettent de produire de la chaleur et de l’électricité avec un rendement global de 96%. Cette technologie est disponible pour le résidentiel et le petit tertiaire. Le marché français commence tout juste à s’ouvrir à cette technologie innovante, faute de professionnels formés en nombre suffisant, mais d’autres pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Belgique…) l’ont déjà bien développée. Qu’attendons-nous ?
Madame la Ministre, nous vous demandons instamment de ne pas enferrer la France dans une nouvelle impasse énergétique. Les centrales électriques à cycle combiné gaz appartiennent déjà aux solutions du passé. Il est encore temps pour la France de prendre un nouveau chemin, conforme à l’intérêt général, celui des générations présentes et de celles à venir. La responsabilité de votre gouvernement est grande.
Veuillez agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.
Herri GOURMELEN, Mona BRAS, Naig LE GARS et Christian GUYONVARC'H, conseillers régionaux de Bretagne, groupe UDB (Union démocratique bretonne), autonomie et écologie

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