Les peintures du paléolithique (l’art pariétal) sont-elles de l’art pour l’art, qui aurait été exécuté dans le but du simple plaisir de le réaliser puis d’admirer ces représentations zoologiques de leur vivant, ou cela découle d’une nécessité qui leur était absolue et matérielle pour leur quotidien, un visa conceptuel pour l’accès à la chasse, autant préventive de dangers que d’abondance pour la nourriture ? Le débat est déjà très ancien, et plusieurs hypothèses sont toujours en discussion parmi les passionnés de préhistoire, au sujet de ces œuvres que nous ont légués nos lointains parents. Mais aussi : Qu’est-ce que l’art en définitif ?
Une question difficile à analyser et d’y répondre également, tant les éléments constituants le quotidien de ces populations préhistoriques, sont infimes en traces archéologiques et disponibles en ressources d’études, et autres que ces œuvres magistrales. Toutes comparaisons et raisons gardées. C’est comme si dans 100 000 ans, des archéologues devaient se prononcer sur nos quotidiens, en analysant les restes du Louvre, sans connaitre la réalité des supermarchés, et autoroutes associées. Des sculptures peintures le plus souvent superposées les unes sur les autres au gré du temps et des artistes exécutants. Et contrairement à l’idée répandue, des œuvres réalisées enfouies aux fins fonds des grottes, des lieux le plus souvent sombres et très peu accessibles, rien d’un endroit à y réaliser des messes, chamaniques ou autres. Il semblerait également, que ces œuvres n’avaient qu’une utilité éphémère, pour une chasse donnée, selon cette théorie la plus partagée dite « chasse magique ». Une conclusion théoricienne qui s’explique par l’observation d’enchevêtrement et superpositions en multi couches des ces ouvrages d’art préhistorique.
La lecture d’un dossier à ce sujet sur le site http://www.hominides.com/, m’a fait découvrir, d’une part que les premières représentations « artistiques » étaient des sculptures en bas relief (-77000 ans et depuis 2011 -100 000 Av JC) La 3D autrement dit avant la suprématie des représentations artistiques planes, mais toutes premières et relatives conceptualisations en 2D faites par les aurignaciens principalement, qui ont par la suite atteint leur apogée vers -35000 ans Av JC, et de disparaitre vers -8000 ans Av JC. L’art rupestre, ainsi classifié, prenant ces quartiers au plus proche de la lumière, et des lieux de vies au néolithique, à l’ère de l’agriculture naissante.
En effet l’image courante de ces périodes, que s’attribue le grand public (dont je fais partie), est très largement faussée par la médiatisation en représentation souvent romanesque, qui a variée depuis la fin du XIXé jusqu’à nos jours. Le film de Jean Jacques Annault « La Guerre du Feu », en est le plus parfait exemple, à mélanger Homo erectus (-1.8 millions d’année - avec Sapiens ! C’est un écart chronologique assez surprenant). Une publicité que ne renie plus les chercheurs, une ouverture à créer des liens commerciaux et probablement d’intérêts induits pour la recherche. Ce qui ouvre un autre débat (Recherche et financement : Publique ou publicitaire ?). Mais dont la constante en conclusion de ces communications, toujours selon les spécialistes qui ont en étudié les phénomènes dans ce domaine, c’est que l’avènement de l’homme moderne, l’homo sapiens-sapiens, serait l’aboutissement d’un cheminement, qui ferait de nous the best on the world, le top modèle « hominidé », et quel que soit le milieu culturel ou idéologique qui le définit. N’est-ce pas merveilleux !
De l’art pour l’art, au totémisme et à la chasse. La première de [....ces théories, résurgence assez inattendue du « bon sauvage » de Rousseau, n’est en fait que le reflet des idées anticléricales, parfois violentes, de certains préhistoriens de l’époque, Gabriel de Mortillet entre autres, elle ne leur survivra ...] Le totémisme qui selon cette théorie, attribue à un clan un animal, un postulat du reste qui sera démonté en pièces par la sociologie et ethnologie structuraliste. D’autre part, les « atteintes » corporelles effectuées par les artistes du paléolithique, ne correspond pas au totémisme idolâtre. Les motivations de tuer symboliquement ces représentations, par l’ajout de flèches ou de taches sombres, des blessures sur les animaux. Une explication qui citée, ce afin d’affaiblir magiquement le gibier convoité. D’autre peinture ou la disparition des yeux, avait pour volonté magique de mieux pouvoir l’approcher sans être vu. Des relevés précis de ces traces archéologiques, ont révélés ces intentions et modes opératoires, un peu de ce qui perdure chez les peuples premiers, des phénomènes constatés par des ethnologues célèbres et faisant autorité. C’est L’Abbé Breuil (1877-1961), qui portera le plus cette théorie dite de la « chasse magique », elle durera en faveur quasi unanime, jusqu’aux années 1950 à 1960, la fin du bon sauvage donc. [...Le préhistorique ancêtre est présumé être un chasseur affamé, ...] qui doit sa survie à la magie plutôt que la religion. Le choix est assez simple à saisir pour ma part, ce venant de l’Abbé Breuil, pourtant assez éloigné nous dit-on, de la hiérarchie ecclésiastique.
Le structuralisme et le chamanisme, suivront, l’une comme l’autre de ses théories auront leurs contradicteurs. [...A. Leroi-Gourhan (1911-1986), ouvre une perspective nouvelle de type structuraliste. Selon lui, derrière le désordre apparent de l’art pariétal, il existerait un ordre, une structure, que la statistique doit permettre de faire apparaître....] Qui ne sera jamais démontré. En 1996 Jean Clottes et D. Lewis- Williams ré-ouvrent le dossier du chamanisme. Selon eux cette pratique très répandue chez les chasseurs-cueilleurs expliquerait la plupart des particularités de l’art paléolithique, une théorie fortement contestée par le silence, un ostracisme, qui sera rendu violemment par des préhistoriens très attachés au structuralisme de Leroi Gourhan.
Mais comment cela a-t-il put commencer ?
« Évidemment il a fallu tout d'abord que l'homme se soit rendu compte qu'il pouvait représenter un animal, avant d'avoir l'idée qu'il se servirait de cette faculté, pour se rendre maître de cet animal. » S’interroge l’auteur dans son dossier (Cf lien ci-dessous)
Une idée qui est mienne, est que l’observation de ces mêmes animaux, a put être révélée dans un précédente période. Le chasseur de ses pupilles imprimées de millions de pixels, durant ses longues poses ou guets, mémorise ainsi, soit une ombre, un relief naturel, dont la silhouette ressemble à la représentation immatérielle du gibier. L’expérience reproduite plusieurs fois se rapprochant d’un fait de chasse fructifiant. D’où une possible association d’idée qui fera son chemin par la suite. Il en émerge l’envie de reproduire ses images. Rien ne nous empêche d’envisager qu’il y a eu aussi des phases intermédiaires, avant de parvenir dans ces endroits à peindre, le fond de ces grottes, qui n’est que la petite trace de ce qu’il nous en reste pour analyser ce long processus. Peut être qu’une longue période a put précédée, à ce que la chasse était possible, uniquement à la suite d’une vision « naturelle » et aussi éphémère, un « don » d’interprétation des images qu’offre encore la nature à tous. (Qui n’a jamais rêvé à la vue d’un nuage, de la tète d’un double, ou d’une entité ou d’un dieu ou tout autre imaginaire).
Art pour l’art, totémisme, chasse magique, structuralisme ou chamanisme, il est certain à mon sens, que personne ne pourra apporter la réalité arrêtée, d’autant plus que ce passé ne peut être entrevu que par les prismes qui nous sont contemporains, ceux-ci de même qui fluctuent selon les âges politiques et idéologiques, dans une course de vitesse exponentielle et effrénée, le regard miroir de nous autres voyageurs de ces temps passés...
Je recommande aux passionnés, ce site très bien documenté : http://www.hominides.com/
Notamment, ce bon document d’études critiques sur la diffusion des opinions à ce sujet :
Comment l'homme du 20ème siècle voit ou perçoit la Préhistoire ?
En résumé chronologique:
Art paléolithique et néolithique
Le champ de l’art avant l’histoire est vaste. Il se divise en deux sections correspondant aux deux grandes périodes chronologiques.
- L’art paléolithique comprend l’art pariétal localisé dans la profondeur des grottes, hors de portée de la lumière du jour et l’art mobilier sur support organique ou minéral.
Découvrez, sur plus de 77 000 ans, la chronologie de l'art pariétal...
- L’art néolithique dit rupestre se manifeste dans des abris sous roche peu profonds, à la lumière du jour.
Art- Magie : L’art-préhistorique et la chasse ( Les négatifs ...)
http://www.hominides.com/html/art/magie-art-prehistorique-chasse-1.php
http://www.hominides.com/html/art/magie-art-prehistorique-chasse-2.php
PS: Une idée à fouiner ce sujet, qui m'est venue à la lecture d'un article de Vingtras : Médium 32-33
http://blogs.mediapart.fr/blog/vingtras/190812/medium-3233
A noter que "l'amateur de l'ancien monde" (Régis Debray) nous fait part dans son "Pense-Bête" (page 430 et suivantes) de sa plongée dans la grotte Chauvet : un texte magnifique et sublime.
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