A propos de l’intervention au Mali, qui malheureusement était inévitable en ce début janvier 2013, à ce qu'on nous dit. Une « obligation » de pompier liée à diverses raisons cumulées, en résumé: l’absence d’ambition des oligarchies à défaire les vieux schémas, accompagné de la politique de l’autruche des gouvernements, autant Africains que Français et plus largement occidentaux, dans la mesure ou quand tout roule en apparence, pourquoi donc changer un système qui « gagne ».
Cependant, il est aussi nécessaire d’évaluer à notre niveau, et selon nos moyens, des réelles intentions qui se cachent derrière les belles paroles et motivations humanitaires. Ce qui se passe actuellement et selon mes réflexions, mon esprit critique, mes recherches sur le net, et aussi ma connaissance de l’Afrique pour y avoir voyagé et travaillé durant mes jeunes années ( 1 ), un ensemble «expériences», qui me fait dire qu’il y a une duperie d’un cynisme extrême dans ces affaires.
Les moyens sophistiqués de camouflage de la « Real politik », et l’ambivalence des raisons d’États, toutes formes de gestion complexes, qui vont au-delà, me semble-t-il, de ce qu'on a put connaître durant la guerre 39/45 et plus tard ; sans remettre en doute les pratiques horibles de ces périodes, et des conséquences aux millions de morts. Une époque, ou quand l’ennemi était clairement identifié, sans détours ni ambiguïté. Ce qui n’est plus le cas.
Georges Orwell, avait écrit juste, dans son roman « 1984 » et la prison 101 n'est plus très loin…
Il y a dans l’obligation à fouiner les infos bien au-delà des médias occidentaux. D’où il ressort des éléments concordants, des recoupements qui peuvent nous permettre d’émettre des hypothèses contradictoires à ces belles envolées « humanistes ».
De la recherche recoupée par plusieurs documents, et il ne suffit pas aux tenants du pouvoir de jeter l’opprobre à ces réseaux, quand les affaires de gros sous, les alliances ambigües apparaissent de plus en plus fréquemment. Certes, une démarche qui ne servira pas à remplir la gamelle, ni à remettre en cause cette action Serval, les pompiers pyromanes! Il est urgent de tenter de briser l’unanimité qui se noue actuellement à ce sujet, un danger quand tous oui-ouitent à un tel point, là est la ressemblance de certains régimes qui œuvraient leur totalitarisme de ce passé génocidaire pas si lointain. Des avis et éléments, que je résume ci-dessous :
- Halliburton, Groupe US est implanté en Algérie depuis plusieurs années, dans des secteurs d’activité divers : BTP, Logistique, Ingénierie pétrolière et gazière, armement,… C’est ce groupe US, qui a remit à niveau l’aéroport de Tamanrasset dans le Sud Algérien. Ou la CIA a ses quartiers depuis bien longtemps ( 2 ). De plus, le fond d’investissement émirati DP World, l’un des plus gros industriel manutentionnaire portuaire au monde, concurrent à Bolloré qui est un nain à coté, a obtenu la concession du port Djen Djen, une infrastructure en eau profonde à l'est d’Alger, ainsi que la concession du port d’Alger également. (Ce qui créé du chômage localement – entre l’engourdie et l’hyper activité). Et le Qatar qui souhaite et rentrera inévitablement au capital d'AREVA. ( 3 )
- La transsaharienne goudronnée depuis Alger à In Guezzam (à la frontière Nigérienne) est achevée, ou prêt de l’être. De fait Arlit, et Imouraren (le chantier Ua à 5000 tonnes/an) sont relativement proche. Ce qui ouvre une nouvelle opportunité au groupe français, d’avoir à remonter son « carburant » par le nord, dans un pays relativement stable, par la grâce d’une dictature qui ne dit pas son nom. Le pourquoi et l’entente des accords secrets de la France du haut avec les décideurs et certains Généraux algériens - contre les faux semblants et l’activation des rancœurs des peuples par la politique visible au commun Valls, et les précédents Hortefeux. La presse algérienne : ( 4 )
- Le Bénin et son port de Cotonou qui a perdu de son attractivité et serait abandonné par le directoire d’Areva. Le port de départ d’Afrique, pour l’exportation du « yellow cake », venu d’Arlit, via Niamey, Dosso, Parakou puis Cotonou situé dans le Golf de Guinée. Les cargos à destination vers l’Europe. Selon certaines sources, le port d’Abidjan était un moment envisagé en remplacement. Ce qui n’est point acquit, un choix stratégique en logistique remis en cause par la difficile pacification de la Cote d’Ivoire par le Président Ouattara, une rébellion qui bouge encore et une réconciliation toujours en souffrance. De plus, le grand projet rail, Abidjan-Ougadougou au Burkina, relié depuis le rail venant de Cotonou- Parakou-Dosso-Niamey-Agadès, la grande ville du nord du Niger, située à environ 600 km au sud d‘Arlit serait abandonné sur la partie sahélienne ! ( 5 )
- La société nigérienne qui assume le transport d’uranium, depuis les mines vers le port du Cotonou, une société sous capital de l’État Nigérien, la part et suivant la doctrine prétendue gagnante-gagnante pour les populations locales, le partage selon AREVA de cette richesse empoisonnée, qui est très critiquée par le groupe français. ( 6 )
- L’uranium du Hoggar Algérien, cette zone du Sahara est connue prometteuse depuis la présence du CEA dans les années 1950. Des quantités d’uranium, d’or, et de divers métaux précieux, des sondages ont commencé en 1953, puis ont suivies durant les années 1970-90 , du « BRGM » algérien, qui dénombre les quantités évaluées de plus de 23 000 tonnes, avec de plus la voie goudronnée qui passe à proximité et citée plus haut. Et des ressources Or, Etain-Tungstène-Cuivre (voir Doc Pdf)
La défiance est obligée, ces double, triple, multiple langages et les politiques des Etats : Émirats, USA, France, Algérie, Qatar … Une explication, de l'offre de service en appui militaire à la France, le sauveur inattendu de Poutine, histoire de jeter encore du trouble dans l'opinion, et le lien direct au conflit meurtrier en Syrie. La sous région d'Asie mineure, sous influence de la Russie, et la « lutte » pour le leader cheap : Qatar/Russie, pour le commandement des pays producteur de gaz ... ( 7 )
La conclusion qui me vient à l’esprit à la lecture de tous ces faits facilement vérifiables ; qu’il serait plus aisé de transporter vers l’Europe ces produits uranate par cette voie là. Des transports quasi sécurisés, dans un pays contrôlé par des militaires. Et de l’autre coté, tout juste une nuit de bateau, puis directement livré à deux pas de là des centres de traitement du Tricastin. Ce qui nécessite au préalable, le nettoyage par quelques manipulations à barbouzes, une obligation à préparer dans l’urgence, à cette « pénurie » annoncée d’uranium par le groupe d’études « 2000Watts » ( 8 ). Pour l’énergie, rien n’est interdit tant cela n’a pas de prix, l’évidence que tous ces pays ont des intérêts communs d’éradiquer ce que certains d’entre eux avaient fabriqués.
Les pompiers pyromanes humanitaires
Quand il y a le feu dans la maison, vouloir interdire les pompiers de l’éteindre serait une imbécilité. Pourtant, la situation du Mali, et les aventures sarkoziennes à bombarder Libye, dans une guerre qui n’a rien résolu, là bas ou toute la clarté n'est toujours pas établit. Ce qui aurait du nous prévenir à la prudence dans l'élan unanime a bombarder cette région, pourquoi en serait-il différent aujourd’hui au Mali ? La guerre pousse une autre, l’effet domino est évident. Une intervention légale, nous dit-on, certes, mais n'oublions pas que ce droit international est lui aussi variable que les cours de bourse au CAC 40.
Si de spéculer sur les intérêts français qui sont connexes à ce chantier militaire et de démocratisation d'un pays est critiquable, avec aussi peu d’information car nous les attendons, de spéculer sur l’aide à l’élaboration d’un état de droit dans un délai de 10 ans au Mali, est pour ma part tout aussi spéculatif. Un pays État Nation, aussi disparate en peuples, et riche dans son sous sol, à l’égal de tout le Sahara, dès lors que les ressources minières sont en raréfaction, ici comme là bas, sur toute la planète c’et déjà le cas.
Une diplomatie incompétente, ou aveugle de plein gré ?
Au passage, la France qui est l’un des pays le plus riche au monde, proportionnellement en personnel diplomatique, au moment ou l’on nous impose une cure d’austérité, il serait serein que la Cour des Comptes se penche sur la question. De constater une fois encore, de l’incompétence de ces diplomates français, plus particulièrement dans ce cas. Des messagers et observateurs qui ont ce devoir de prévenir en amont des situations critiques. D'ailleurs, l'isolement de la France sur le terrain, au delà de révéler que l'Europe de la défense est encore dans les cartons, que l'amie allemande avec qui l’on fête les 50 ans pompeusement, se dit pour une politique internationale pacifiste. Ce qui ne l'empêche pas d'être le plus gros vendeur d'armements, en Turquie, en Grèce. Un isolement qui n'a pas échappé au Tsar Poutine, celui-ci qui offre désormais ses services en appui à la France. ( 7 )
Si l'intervention était nécessaire, il me reste encore cette question : Qu'elle idée leur prit tout à coup, à ces dingos de fous de dieu, ces coupeurs de main et violeurs, de vouloir ainsi franchir la ligne de démarcation du fleuve Niger ?
Au fait, c'est pour quand la guerre des paradis fiscaux ...?
1 : Quatre voyages, trois traversées du Sahara dans ces zones désertiques, Reggane-Gao-Niamey ; Alger-Tamanrasset-Agadès-Niamey-Cotonou-Abidjan via le Ghana.
2 : Les partenaires « d’exception » de Jacques Chirac Par Lounis Aggoun le 28 avril 2005
http://www.reseau-ipam.org/spip.php?article699
L’auteur de ce texte a co-publié avec Jean-Baptiste Rivoire un ouvrage intitulé "La Françalgérie : crimes et mensonges d’États. Histoire secrète, de la guerre d’indépendance à la "troisième guerre " d’Algérie" aux éditions La Découverte, Paris, 2004.
Le Sahara présente quant à lui un double inconvénient. Le rapt des ressources naturelles exige un cadre législatif explicite et cette vaste étendue est difficile à contrôler. Le ministre des Finances Abdelatif Benachenhou et celui de l’Énergie et des mines Chakib Khelil s’emploient à faire adopter (au nom des Algériens) les lois qui font perdre aux Algériens la souveraineté sur le Sahara. Quant à la sécurisation de ce territoire, qui de mieux alors pour y veiller que le gendarme du monde par excellence : les États-Unis d’Amérique ?
3 : Jeune Afrique (Du "yellow cake" à Djen-Djen ?): Djen-Djen- à 280 km à l’est d’Alger- augroupe émirati DP World est un gage de professionnalisme dans la gestion de cette gigantesque infrastructure portuaire ; le gouvernement d’Ahmed Ouyahia envisage de lancer l’exploitation des gisements d’uranium du Hoggar, dans le Grand Sud algérien
4 : Extrait [...L’Algérie a déjà réceptionné le dernier tronçon de la route transsaharienne (Tamanrasset-In Guezzam), inauguré par le président de la République au même titre que le projet de transfert d’eau d’In Salah à Tamanrasset...] ...//... [....L’Algérie compte accompagner certains pays démunis dans cet effort, comme le Niger. En témoigne la décision de prise en charge du financement de l’étude technique du maillon manquant de 230 km situé entre Assamaka et Arlit ... ] Route de l'unité africaine : La partie algérienne achevée d'ici 2015 K Daghefli Publié dans Horizons le 24 - 04 - 2011
5 : Par Marcel Zoumènou Éviction du Port de Cotonou par Areva pour l’exportation de l’uranium du Niger: pourquoi le Bénin doit s’en prendre à lui-même /http://www.lanouvelletribune.info/
6 : Publié le 25 avril 2012Source : http://lahache-niger.com/ Nous avions entendu des responsables locaux d’AREVA-Niger se plaindre des prestations de la Compagnie Nationale de Transport des Produits Stratégiques (CNTPS), lors du séminaire sur les mines d’uranium au Niger organisé par le Groupe français à Niamey du 03 au 05 avril 2012.)
7 : Mali : la Russie lorgne sur la région : Les grandes entreprises russes, comme Gazprom et Rosatom, ont de grands intérêts énergétiques dans tous les pays de la zone. / Depuis plusieurs mois, s'appuyant sur le principe de non-ingérence, la Russie s'oppose catégoriquement à toute intervention occidentale en Syrie. Le drame syrien est d'ailleurs une très importante pierre d'achoppement diplomatique entre Paris et Moscou. Par Roland Lombardi, Doctorant à l'IREMAM, Aix-Marseille Université, sur le site riskenergy.fr.
http://energie.lexpansion.com/prospective/mali-la-russie-lorgne-sur-la-region_a-34-7672.html
8 : Uranium 2013 : Fin des livraisons Russes aux USA
http://blogs.mediapart.fr/blog/patrig-k/170113/uranium-2013-fin-des-livraisons-russes-aux-usa
Pour aller plus: Mali : une intervention sans doute nécessaire,mais pas nécessairement juste
LE MONDE | 24.01.2013 à 17h10 • Mis à jour le 25.01.2013 à 07h49 Par Jean-Jacques Roche