Paul Alliès (avatar)

Paul Alliès

Professeur Emérite à l'Université de Montpellier. Doyen honoraire de la Faculté de Droit. Président de la Convention pour la 6° République (C6R).

Abonné·e de Mediapart

330 Billets

2 Éditions

Billet de blog 4 octobre 2014

Paul Alliès (avatar)

Paul Alliès

Professeur Emérite à l'Université de Montpellier. Doyen honoraire de la Faculté de Droit. Président de la Convention pour la 6° République (C6R).

Abonné·e de Mediapart

Une anaphore pour les Etats Généraux du Parti socialiste

Paul Alliès (avatar)

Paul Alliès

Professeur Emérite à l'Université de Montpellier. Doyen honoraire de la Faculté de Droit. Président de la Convention pour la 6° République (C6R).

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Parti socialiste boucle, cette semaine la première étape de la préparation de ses Etats Généraux où il s'agira de "reformuler ensemble notre identité", but asigné par J.C. Cambadélis à partir d'une "série de douze questionnements". Un Conseil national fera le point sur les diverses contributions dimanche prochain.

La section socialiste de Pézenas (Hérault) à laquelle j'appartiens s'est réunie mercredi soir pour discuter des contributions de ses militants. J'y ai pris la parole.

J'ai d'abord rappelé que le même exercice ou presque avait eu lieu en 2000-2001: on peut se rapporter à la brochure "Qu'est-ce qu'être socialiste au XXI° siècle ?" (82 pages) éditée par le secrétariat national d'alors et signée d'Henri Weber. Le résultat fut qu'au début de sa campagne pour les présidentielles de 2002, Lionel Jospin annonça fièrement: "Mon programme n'est pas socialiste". Et l'on sait comment cela finit...

J'ai dit qu'on peut avoir le même sentiment aujourd'hui où l'on veut nous faire débattre de l'identité des socialistes sans dire un mot de leur politique et pratique du pouvoir depuis deux ans.

Aussi, plutôt que de me livrer à l'exercice de contributions formatées pour s'intégrer dans le plan du texte prévu par la direction du Parti, j'ai utilisé, tel François Hollande lors du débat avec Sarkozy le 2 mai 2012, le procédé de l'anaphore pour décliner en quinze énoncés (comme lui) mon identité de socialiste:

1-   Moi socialiste, je ne changerai pas la politique pour laquelle je me suis fait élire sans demander leur avis aux électeurs et au moins, aux militants socialistes.

2-   Moi socialiste, je ne dirai pas que j'aime l'entreprise sans préciser que c'est aussi le lieu d'une lutte de classes.

3-   Moi socialiste, je ne menacerai pas les députés qui veulent exercer leurs droits et devoirs de représentants du peuple.

4-   Moi socialiste, je n'userai et n'abuserai pas du présidentialisme bonapartiste qu'organise la Constitution de la V° République.

5-   Moi socialiste, je n'abandonnerai pas les réformes que j'ai promises pour démocratiser (un peu) le système politique.

6-  Moi socialiste, je ne changerai pas, en même temps que de Premier ministre, le Premier secrétaire du PS sans demander leur avis aux militants.

7-  Moi socialiste, je n'accorderai pas 41 milliards d'Euros aux entreprises sans penser aux ménages et aux contreparties sociales en oubliant la réforme fiscale.

8-   Moi socialiste, je ne dirai pas à Israel qu'il a le droit de se défendre quand cet Etat commet à Gaza des crimes contre l'Humanité.

9-   Moi socialiste, je ne dirai pas que je vais réorienter l'UE pour ensuite m'y rallier au programme de la droite allemande.

10- Moi socialiste, je ne m'attaquerai pas à la Fonction Publique et aux agents du service public.

11- Moi socialiste, je n'oublierai pas que nos ancêtres ont construit une protection sociale des démunis et des dominés qui reste toujours d'actualité.

12- Moi socialiste, je garderai en mémoire que la garantie et l'extension continue des droits individuels et collectifs ont fait la force de l'Etat social.

13- Moi socialiste, j'aurai à coeur de répondre aux aspirations des jeunes et du salariat par l'extension de la démocratie participative.

14- Moi socialiste, je sais que l'égalité est un principe fondamental pour le progrès de l'Humanité et que mon combat est celui de réduire ou faire disparaitre les inégalités évitables, c'est-à-dire sociales.

15- Moi socialiste, je ne parlerai pas de "ces gens-là" pour m'adresser aux "illettrés" de l'entreprise Gad en Bretagne.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.