petercoatbs@aol.com (avatar)

petercoatbs@aol.com

Utopiste doté d'un optimisme pragmatique

Abonné·e de Mediapart

260 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 décembre 2011

petercoatbs@aol.com (avatar)

petercoatbs@aol.com

Utopiste doté d'un optimisme pragmatique

Abonné·e de Mediapart

Connaissez-vous le Social Business ?

petercoatbs@aol.com (avatar)

petercoatbs@aol.com

Utopiste doté d'un optimisme pragmatique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le père du social business

Muhammad Yunus, l’alliage capitalisme et économie sociale

“A chaque fois que je vois un problème, je crée une entreprise…” Le petit professeur d’économie de l’université de Chittagong au regard de jais et aux cheveux poivre et sel associe pragmatisme et charisme. Deux caractéristiques qui lui ont sûrement servi à convaincre les dirigeants de Danone de créer en commun avec la Grameen Bank un “social business” spécialisé dans la fabrication et la vente de yaourts enrichis en nutriments pour combattre la malnutrition. A un prix dérisoire. De même avec Veolia pour filtrer l’eau des rivières et la vendre aux particuliers, avec BASF pour concevoir des moustiquaires traitées chimiquement afin d’enrayer le paludisme.

Même fonctionnement, autre finalité
Le principe de cette entité commune à chaque fois ? L’entreprise ne doit pas réaliser de pertes – c’est une entreprise – mais elle ne distribue pas de dividendes. Les investisseurs ne pourront prétendre qu’au remboursement de leur investissement initial. Contrairement aux ONG et fondations dépendantes de financements extérieurs, elle prétend à l’autofinancement. Le succès est mesuré chaque année selon les bienfaits sociaux générés. Adidas-Grameen – qui propose des baskets à un euro aux enfants bengali afin de les protéger des parasites qui s’attrapent par les pieds nus – sera donc attentif à son taux de pénétration dans les villages et non au profit généré. En bref, une approche hybride située entre le système du tout-profit et celui du caritatif dépendant des dons.

“Concevoir un social business équivaut à faire germer une graine. N’importe qui peut la planter là où on en a besoin, puisque chaque unité s’autofinance”, serine-t-il à chaque conférence. A l’actif du prix Nobel de la paix 2006, père fondateur du microcrédit, une capacité déroutante à mettre en pratique ses concepts. Le centre Yunus de Dacca ou le Grameen Creative Lab de Wiesbaden en Allemagne, accueillent des groupes de discussions et laboratoires pour surveiller les progrès des social business et en élaborer de nouveaux.

Comme pour le microcrédit, il a très vite adopté une vision planétaire, lui qui espère un jour “voir se créer un marché financier réservé au social business, afin de faciliter l’accès des petits investisseurs à ce type d’entreprises”. Le financement initial pourrait provenir d’une partie de ce qui est versé aujourd’hui dans la philanthropie par les Etats, les particuliers et les entreprises. Sa finesse a aussi été de comprendre le besoin des entreprises occidentales de mieux connaître les marchés des pays en voie de développement.

Personnage polémique, avancées indéniables
Certains lui reprochent d’insister sur des pratiques qui existaient déjà. Mais avant lui personne n’a été en mesure de théoriser, mettre en pratique puis surtout médiatiser le social business. Celui qui veut “renvoyer la pauvreté dans les musées” a été marqué en 1974, après son retour des Etats-Unis où il a enseigné l’économie à l’université du Colorado, par la famine au Bengladesh qui a emporté 1,5 million de personnes. “Les gens mouraient de faim dans la rue et moi je continuais à enseigner d’élégantes théories économiques sans aucune prise avec la réalité.”

Son mérite aura été de concocter des recettes adaptées et exportables pour pallier les déséquilibres, ce qui en fait assurément un vrai régulateur. Le fait que la Cour suprême du Bengladesh ait décidé le 5 avril qu’il devait démissionner de la Grameen Bank à cause d’une affaire de corruption ne peut l’en priver. De mauvaises langues diront que sa volonté exprimée de se lancer en politique ne l’a pas aidé.

Par Julien Tarby

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.