Réunion des bailleurs de fonds: Constat alarmant Jeudi, 06 Décembre 2012 09:43
Même en cette période de fêtes de fin d’année - censée favoriser la trêve des confiseurs - la communauté internationale ne semble guère vouloir lâcher Madagascar, notamment, dans le domaine des Droits de l’Homme. A ses yeux, l’île bafoue, plus que jamais, les droits humains. En tout cas, le compte-rendu de la réunion de concertation des partenaires techniques et financiers du 21 novembre 2012 à Antananarivo, est accablant. Un compte-rendu, voire un procès, à charge contre le régime transitoire.
D’ailleurs, à la vue seulement du tour de table, et ce malgré l’absence du représentant des Etats-Unis, on savait que le pouvoir en place ne bénéficiera d’aucune indulgence. A commencer par le Conseiller en droits humains du Bureau du Haut-Commissariat de l’ONU aux Droits de l’Homme (OHCHR), Oumar Kane, qui a émis des remarques acerbes sans fondement… D’après ce compte-rendu, « il a indiqué qu’il y a des violations répétées des droits humains à Madagascar (…) ». « Dans le Sud, il y aurait une violation systématique des droits humains ». Evidemment, les auteurs de ces supposées exactions sont les forces de sécurité.
En outre, Oumar Kane, qui est un peu le procureur de service, devait s’attarder sur « le cas de la liberté de la presse, en mentionnant plusieurs affaires politico-judiciaires en cours. Il y a eu des pressions, des convocations, des arrestations, des jugements et des condamnations ». Autrement dit, on croit savoir d’après M. Kane, que la liberté d’expression est mieux respectée en Erythrée, au Soudan, en Somalie, en RDC qu’à Madagascar.
Et le Conseiller d’enfoncer le clou : « Ce climat n’est pas propice à la tenue d’élections apaisées. » Le procureur général a donc parlé… Bizarrement, la partie malgache n’a pas été représentée à cette réunion qui s’est déroulée de 14h30 à 16h45, dans la salle Titan 2 (Zone Galaxy).
Pendant le débat, l’on a « naturellement » parlé de la situation dans le Sud de l’île qui est « une source de préoccupation pour la bonne tenue des élections dans cette zone ». « Aussi, il faudrait que le Premier ministre précise, lors de la réunion du Groupe de Dialogue stratégique du 13 décembre 2012, comment les autorités pourraient garantir le bon déroulement des opérations électorales dans un climat apaisé (…) Le gouvernement fait-il le lien entre la pauvreté l’insécurité dans le Sud ? ».
Toujours dans le cadre de cette rencontre de tous les déballages : « Il semblerait, d’après le CICR, qu’il n’y ait pas dans le Sud, pour ainsi dire, de prisonniers de guerre (…) Il faut pour l’ensemble de cette problématique de violence dans le Sud, avoir des éléments de preuve, des éléments fiables avant de tirer des conclusions et faire des déclarations. » Voilà enfin, des propos censés. « La communauté internationale, dans sa recherche de la vérité et d’une solution, devra avant tout éviter une instrumentalisation politique de ses décisions et démarche auprès des autorités. Pour ce faire, il est impératif d’avoir des informations sur qui fait quoi et s’il y a eu des exactions… » (sic).
Par ailleurs, lesdits partenaires techniques et financiers ont abordé le processus électoral. Mme Samoura (PNUD) a signalé, à cette occasion : « (…) sur les 243 000 carnets remis aux recenseurs, seulement 61 000 carnets remplis ont été retournés pour la saisie. Ce retard est dû à la fois au fait que l’impression des carnets a accusé du retard, que les agents de recensement font face à des contraintes logistiques pour se rendre dans certaines localités enclavées (sans compter le fait que les virements concernant leurs émoluments n’ont été effectués par le Trésor public que la semaine passée) et que le découpage administratif n’est pas toujours très précis… » « (…) si le 15 janvier 2013, les listes électorales ne sont pas affichées, alors il y aura un retard qui pourrait être problématiques, car le bouclage de la liste électorale y compris la fin des recours, est fixée au 15 avril. »
A propos des droits humains et de l’élection présidentielle, la communauté internationale donne le sentiment de vouloir en découdre avec les tenants du régime en place. Celui-ci aura-t-il les reins solides pour supporter encore longtemps toutes ces invectives et autres remontrances ?
Franck RAHARISON La Gazette de la Grande Ile