
La Traversée du Styx, par Gustave Doré ( 1861 )
Tout a un nom. La moindre chose. Est nommée. Le moindre lieu. Tout est chargé d’un temps de la vie des hommes. Et puis la vie des hommes passant, demeure là où ils ont été, demeure à côté de là où ils ont vécus, demeurent noms qu’ils donnèrent aux choses, aux lieux, demeurent et puis s’effacent … Immersion dans l’oubli. Dans le fleuve de l’oubli … Que les anciens grecs connaissent bien … Léthé est son nom. Léthé, le nom de l’oubli, lié à lui, et par lui, immortalisé. Sur le dos de sa monture, de sa fabuleuse monture faite de ce qui n’est plus sans qu’on sache ce dont il s’agit, un fleuve s’est fait un nom, de ce qui n’est plus. Léthé s’est fait un nom. il est ce par quoi est passé ce qui n’en a plus nulle part, ce qui n’est plus nulle part, n’est plus nommé, n’a finalement pas été de ne l’être plus. Léthé st resté, Il y a eu partout, où que ce soit, à un moment, un homme, une vie, une histoire passée par là. Endroits oubliés de la mémoire des hommes. Noms donnés par des hommes... Tout deux, noms et hommes, effacés de la mémoire d’autres hommes qui viennent ensuite, à leur tour oubliés.
L’oubli, le fleuve, qui efface la trace des pas des hommes sur le sable du temps. Même au dur granit, le temps donne forme, qui impressionne, sculpte et érode. Les générations se dissipent dans les tourments, et, comme la roche, s’érode. Rien ne dure. Tout s’essouffle et puis s’épuise. Tout. Il ne reste plus rien du passage du souffle des êtres. Rien ne perdure au-delà du raisonnable. Le raisonnable n’a qu’un temps. Au-delà du raisonnable sont les désespoirs les plus profonds et les combien vaines tentatives de le domestiquer. A Ceux qui atteignent ces puits sans fonds, ces vallées encaissées de la solitude, cette nudité de l’être, cet intempestif inabordable et impensable, ce ressac permanent qui rend la vie impossible, restent la folie, la destruction, plus rarement une infinie sagesse, mais toujours une espérance, ici et là, tissée de la fibre du refus.
Religions. Du verbe, de la révélation.
D’autres plus perspicaces s’en bricolent une, et tentent de pagayer avec …
Pour pallier à l’effacement, réincarnation, paradis, Walhalla, multiples Olympes, et autres vallées et pâturages verdoyants. Les unes après les autres, croyances qui s’y essaient, fleurissent un temps puis fanent à leur tour. L’infini est sans fin et l’astre qui le parcourt ne part de rien et n’arrive nulle part et jamais. Sa course dure toujours. Et embarqué là-dedans, faut faire avec, avec et envers et contre tous …
Marcelle Campana, très vieille dame, première femme ambassadeur de France, nomme, à mon intention, les petits bouts de rochers qui affleurent, ici et là, à la surface de l’eau, devant sa maison d’ Erbalunga, ancienne et familiale demeure à la somptueuse terrasse. Ce rocher là s’appelle…J’oublierai le nom… Ainsi que les suivants. Tous ont un nom. Tous oubliés … Un nom oublié, le nom oublié des choses … Porté nulle part, mentionné nulle part, sinon, uniquement, dans l’extraordinaire mémoire de la vieille dame, port altier, verbe posé, tranquille, précis. Les pécheurs appelaient celui-là, le rocher de la mouette parce que … J’oublierai, j’oublierai tout… Anonymes rochers au nom sombré définitivement dans l’oubli.
Qui eut imaginé que chaque bout de rocher, chaque endroit, au détour de nulle part, ait un nom, ait eu un nom… Un nom qui eut pu témoigner pour l’histoire, celle passée des hommes passés.
Anonymes rochers, sur et autour desquels s’en viennent bruisser, et, de blanche écume, comme une couronne de dentelles frétillante, s’ourler, à chacune de leur infinie respiration des plus douces aux plus profondes, les flots bleus, les flots gris ou noir-violacés, parfois rouges à l’aurore, selon ce dans quoi se drapent ces dieux des cieux, dans lesquels nombreux tentent, avec des fortunes diverses, d’y lire « de quoi demain sera fait ».
Il en va, parfois, de demain, comme d’un aujourd’hui, devenu intolérable, et duquel, l’urgence est absolue de s’extraire. C’est l’égrainement sempiternel duquel tout espoir est banni. C’est le trait de craie blanche tracé de la main frêle, de haut en bas, droit comme un i sans le point dessus, sur le mur d’un cachot. C’est l’alignement sépulcral des tombes des jours. Quand le trait horizontal s’en vient les biffer, cinq jours, comme les cinq doigts la main impuissante, qui sont, ainsi, et, de la sorte, enterrés. C’est jour d’une messe intime. Journal intime commun à tous les incarcérés. Le grand dévidement du temps qui passe et qui n’en finit pas. Temps, on ne peut plus lancinant, dont chaque seconde pèse sa tonne de plomb. Fardeau bien lourd pour de bien frêles épaules. Le Bouddha, jeune prince riche, chéri des siens, et, par eux, quasiment hermétiquement protégés des malheurs de ceux de son temps, avant que de l’être devenu, en chemin statique vers sa bouddhéité, en savait quelque chose, lui qui vit son corps, peu à peu, se décharner, réduit à sa plus simple ossature, son squelette en posture de yoga, soumis par des puissances qui le dépassaient mais dont il pressentait les compossibilités, et qu’il allait, au terme de son terrible et effarant périple, finir par s’allier.
C’est Jean Genet qui disait avoir rencontré, dans ses années de pénitenciers, d’où sa plume, et, uniquement elle - la plume somptueusement ciselée de cet orfèvre des mots qu’il était devenu, lui qui écrivait dans la langue de ses juges, mais dans une langue portée à des puissances et à une telle quintessence d’elle-même et de son expression, que jamais ses juges n’en approchèrent du moindre balbutiement ou même bégaiement - lui permit de s’extraire définitivement, avoir rencontré des hommes condamnés très lourdement qui avaient accès à des mondes aux portées symboliques que peu atteignent, et, dont, la plupart d’entre eux, n’avaient, d’ailleurs, aucune conscience.
Ce voyant des consciences sculptées par les tourments et les souffrances de la vie en forgea une œuvre à leur gloire.
Dans ces temps d’où le sacré et le symbolique et ses puissances sont aussi puissamment vidés, expurgés, par cette conjuration des imbéciles, du cours de la vie, que ne l’est, de tout corps ou objet, une cabine d’avion lors d’une dépressurisation soudaine et brutale, les voies qui s’offrent à l’être en quête d’un lui-même que seules les adversités les plus douloureuses lui permettent d’en appréhender les pourtours et la forme, ainsi que la concrétude de la qualité de son exigence, passent par des chemins d’où la douleur et la souffrance ne sont jamais exempt. Elles en sont le ferment et les énergies pour qui sait s’en saisir et se les amadouer, s’en sertir le mental et avancer plus avant en lui-même, à la rencontre d’avec une bienveillance active au service de tant des siens, de ses contemporains plongés au seindu grand désarroi général et quotidien.
Et de citer JL Godard, qui tournait son dernier film à bord du " pis-que-pendre Concordia de triste croisière ", qui, dans, Allemagne année 90 neuf zéro. Solitudes, un état et des variations, citait Maria Rilke … « Comment oublier ces mythes antiques que l'on trouve au début de l'histoire de tous les peuples ; les mythes de ces dragons qui, à la minute suprême, se changent en princesses ? Tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Toutes les choses terrifiantes ne sont peut-être que des choses sans secours qui attendent que nous les secourions. » …
La vie continuellement, perpétuellement menacée - et les siècles en sont émaillés de ces tragédies, qui, comme des blessures dans nos mémoires... Qui, comme des météores, nous éclairent ... - par les écueils qui, sans cesse, affleurent sous les coques des frêles esquifs aux blanches voiles entraine à sa suite la menace pour de plus gros venus à son secours.
A ce stade de l’urgence, tout un chacun peut oser le geste, peut semer l’action qui ouvre le chemin des grands voyages, qui, tous, commencent par un premier, par un simple, presque anodin et bien humble premier pas.
Tout grand voyage commence par un premier pas.
" sèmes une pensée, tu récoltes une action.
sèmes une action , tu récoltes une habitude.
sèmes une habitude, tu récoltes un caractère.
sèmes un caractère, tu récoltes un destin "
à DP, pour ton courageux combat
APPEL A SOUTIEN FINANCIER
Cela fait maintenant 70 jours que Lisandru Plasenzotti est maintenu en détention Provisoire.
En dépit d’une défense remarquable et d’une grande solidarité, la JIRS s’acharne à ne pas respecter la présomption d’innocence et à mettre en cause Lisandru dans une affaire où nous savons qu’il n’a pas sa place !!
Dans ce contexte, il a fallu renforcer la Défense avec le Cabinet de Maître PEZET et Associés sur Marseille en coordination avec le Cabinet de Maître ORSETTI sur Porto-Vecchio, pour donner les meilleures garanties d’actions en faveur de Lisandru .
La famille doit et devra aujourd’hui et demain faire face à des frais importants de justice et de déplacement car Lisandru est en détention sur le continent.
Vous comprendrez donc que nous avons besoin de votre solidarité et tout particulièrement de votre soutien financier, même modeste.
Chaque geste compte pour exiger la justice et le respect de la volonté citoyenne !
APPEL A SOUTIEN FINANCIER
LIBELLEZ vos chèques à l’ordre de :
Pascale TOURRENC
MENTIONNEZ au dos du chèque :
SOLIDARITE LISANDRU PLASENZOTTI
ENVOYEZ vos chèques à :
TOURRENC Pascale, 1 rue Mireille, 13580 LA FARE les OLIVIERS.
OU
LIBELLEZ vos chèques à l’ordre de :
Elsa RENAUT
MENTIONNEZ au dos du chèque :
SOLIDARITE LISANDRU PLASENZOTTI
ENVOYEZ vos chèques à :
Elsa RENAUT, 2 cours Grandval, 20000 AJACCIO
Si au terme de cette affaire, plus d’argent que nécessaire était récolté, l’excédent sera reversé à la Ligue des Droits de l’Homme pour soutenir juridiquement d’autres cas où les droits de l’homme ne sont pas respectés.
N’OUBLIEZ pas de faire circuler cet APPEL autour de vous…
En vous remerciant chaleureusement,