C'était il y a tout juste quarante ans. J'avais à peine huit ans...
Mon frère de neuf ans mon aîné m'emmenait depuis peu "au match".... voir le FC METZ jouer.
A l'époque, un joueur déjà me fascinait... Il portait le numéro onze, jouait à l'aile gauche et déboulait tel un taureau en furie dans la surface de réparation. Il formera quelques années plus tard avec l'argentin Hugo CURIONI un célèbre tandem :
Celui des "artilleurs lorrains" qui donneront le tournis à toutes les défenses du championnat de première division, comme on l'appelait à l'époque.
Songez y un instant : 127 coups de canon à eux deux entre 1974 et 1978.
Mais ce 22 Décembre 1973, "Monsieur 107 buts" assomera à lui seul, en quatre coups de patte magiques le grand Saint-Etienne des années 70.
(Ecoutez le compte rendu de Dominique Bressot sur France-Inter et la réaction de Robert HERBIN : France-Inter, 19h, 22 Décembre 1973)
Grâce à un ami fidèle du lycée Louis Vincent, j'ai pu serrer la main du meilleur buteur messin de tous les temps, quarante ans plus tard. En évoquant ce souvenir anniversaire avec lui, je me suis immédiatement revu avec mes yeux d'enfant hurler dans les étoiles derrière les buts...
Magie du football... L'émotion reste intacte.
J'étais au spectacle aussi après le changement de moitié de terrain à la mi-temps quelques saisons plus tard. Je frissonais derrière les arrêts réflexes et les détentes improbables d'André REY...
Des souvenirs de gosse...
Puis d'autres souvenirs sont revenus et les noms des joueurs se sont enchaînés dans ma mémoire... BATTISTON, ZENIER, l'exemple de régularité et de fair-play KASTENDEUCH, pourtant intraitable dans sa défense, les héros des coupes de France de 84 et 88, BOCANDE, et surtout ceux du match retour historique à Barcelone, ou Metz se qualifia après avoir infligé un 1- 4 d'anthologie...
Plus récemment, les "PP flingueurs" POUGET et PIRES... Et enfin RIBERY qui a éclaté devant la France entière à la télé lors d'un déplacement à Marseille remporté 1 - 3...
Puis ce fut la descente aux enfers... Même loin, même à Paris, j'avais mal à mon FC Metz. L'argent est partout dans le sport aujourd'hui. Certes il en faut pour bâtir de grands clubs structurés professionnels... Tout est question d'équilibre. De gestion bien sûr, mais aussi entre le raisonnable et la folie, entre les comptes et l'affectif, entre des contrats négociés avec leurs enjeux financiers, et des gens qui se tapent dans la main sur le terrain en se regardant droit dans les yeux. L'air fier, la tête haute.
Car il n'y a pas de football sans hommes. Sans histoires d'hommes. Une identité, une culture.
A Metz, j'ai souvent ressenti cette fierté de ceux qui savent se dépasser sans compter, au delà de leurs moyens.
En Lorraine on est "taiseux". Econome. On ne frime pas. On bosse. Et on donne tout une fois au pied du mur, sur le terrain. C'est notre ADN.
D'où nous viennent ces traits de caractère ?
Peut-être est-ce la morsure du froid qui vient tôt à l'automne dans nos patelins qui se finissent en "ange" comme le chantait Lavilliers ... On ne triche pas avec les rigueurs du climat. Peut-être plane-t-il encore dans l'inconscient collectif les valeurs d'une culture ouvrière des grandes années des vallées de la Fensch et de l'Orne aujourdhui bien lointaines... Le football est avant tout un sport populaire, où la condition sociale importe peu, mais où chacun vient retrouver la fierté d'être "du coin" : Ici, c'est Metz !
Et ne serait-ce que par le parcours professionel du Président du club, la culture industrielle sidérurgique locale et l'histoire du FC Metz restent indissociables.
Metz et la Moselle ont bien changé en quarante ans, mais à travers ma nostalgie, j'ai retrouvé quelque chose de famillier. Quarante ans après l'exploit de Nico BRAUN j'ai vu hier à Saint-Symphorien une équipe. Une équipe de football fière, rassemblée, solidaire...
J'ai vu hier des jeunes gens dont la moyenne d'âge est d'à peine vingt-trois ans donner une leçon de régularité :
Douze victoires en dix-huit matches, pas une défaite à domicile.
J'ai vu hier des footballers professionnels se comporter en professionels du football. Pas des mercenaires. Le coeur au bord du maillot, marqué de la croix de Lorraine, les tripes sur le terrain, le sentiment du devoir accompli au coup de sifflet final, rassemblés dans le rond central pour débriefer leur match.
J'ai vu un KASHI infatigable gratteur de ballons, un METANIRE impressionnant dans ses débordements sur l'aile droite... Un retour puissant, efficace et propre en défense de MILAN malgré quelques rugosités sanctionnées... Un FAUVERGUE généreux au service du collectif, toujours intelligemment placé pour le jeu en déviation de la tête... Tous les joueurs méritent une citation. Tous, même ceux sur la banc. Tous, vous-dis-je, même ceux non alignés sur la feuille de match. Tous vous dis-je encore : une pensée au passage pour Thibaut BOURGEOIS, blessé, dont la saison est terminée, mais toujours présent à chaque match avec ses béquilles dans les vestiaires. Le FC Metz 2013/2014, c'est d'abord un groupe. Un vrai groupe de "bons mecs" comme on les aime ! Fier de vous, fier d'être messin.
En revanche, je m'abstiendrai de tout commentaire s'agissant de l'arbitrage. Respecter l'arbitre en toutes circonstances... J'ai bien dit toutes. Même si parfois c'est si difficile.
Et puis j'ai vu un but splendide, 100% issu du centre de formation du club. Un magnifique dédoublement de NGBATOKO et BUSSMAN, suivid'un centre en retrait pour un plat du pied impecable de SAKHO. Le centre de formation du FC Metz, c'est quelque chose.
J'ai lu la fierté dans le regard franc d'Albert CARTIER, l'entraîneur, lui même ancien joueur du club. Je tiens à lui rendre hommage et à son adjoint JEUNECHAMPS à tout le staff, à tous les bénévoles qui ont suivi le club, surtout lorsqu'il était en National... Qui l'aurait cru ?
Aller chercher cette équipe avec des jeunes issus du centre de formation en National pour la hisser aujourd'hui aux légitimes prétentions d'une montée en L1, c'est juste magnifique. Quel travail, quel talent... Mais aussi quelle modestie. Ca rend Albert CARTIER encore plus respectable.
Conférence de presse FC Metz - ESTAC Troyes (1... par Ligue2
CARTIER a quelque chose qui inspire le respect. Les valeurs du club, il les incarne. Tout simplement. Si Albert CARTIER ne devait avoir qu'un seul mérite, ce serait bien celui d'avoir su transmettre "le feu sacré" à ses joueurs. Travail, rigueur, humilité, solidarité...
Car comme le soldat inconnu dont la flamme ne s'éteint jamais sous l'arc de Triomphe, ce club a quelque chose d'éternel, une âme, un esprit, des couleurs, des valeurs à défendre. C'est ça "le feu sacré" :
Que quelques hommes audacieux, courageux et méritants le portent et le transmettent... Et le club renaît, tel le phénix, encore plus fort de ses cendres.
Allez Metz !