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Billet de blog 9 septembre 2014

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Croissance, oui ! Mais laquelle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'économiste Robert Reich nous dit : "refuser la croissance,  c'est faire preuve de myopie. La croissance ne signifie pas forcément davantage d’utilisation de ressources ou plus de pollution. En fait, elle peut aboutir à l’inverse : un meilleur usage des ressources et moins de pollution. La définition de la croissance, c’est davantage de capacité à faire des choses variées. Avec de la croissance, les pays peuvent décider de faire moins de changement climatique, moins de dépendance aux énergies carbonées, ou de meilleurs services de santé, ou une meilleure éducation pour tous, ou plus d’espaces verts...." 

Cela pose tout le débat sur la croissance et son évaluation à partir du PIB : celui-ci est le plus mauvais indice qu'on puisse trouver : les travaux liés à la catastrophe de Fukushima ont engendré du PIB. On devrait donc en conclure que le pays s'est enrichi grâce à cette catastrophe, ce qui est évidemment absurde !

On peut imaginer que cette inadéquation existait déjà au cours des trente glorieuses, où l'on a fait de la croissance sans trop se soucier des conséquences environnementales : on les connaissait mal, mais ce n'est pas pour cela qu'elles étaient négligeables. Nous avons vécu depuis la guerre en épuisant progressivement les réserves de la planète et c'est pour cela qu'aujourd'hui, on a à faire face dans l'urgence aux problèmes posés par l'épuisement de certaines ressources naturelles et par le réchauffement climatique !

J'ai déjà abordé cette thématique dans un billet en date du 1er mai, intitulé "croissance : et si on changeait de logiciel"Devant la constatation que la croissance était à 5.6% en moyenne annuelle dans les années 60 à 69, qu'elle n'a pas arrêté de baisser pour s'établir à 0.8% en 2010-2013, on doit d'abord s'interroger sur les causes de ce phénomène. Le premier d'entre eux est la raréfaction d'énergies fossiles qui ont été la base de notre croissance et, par conséquent, le rencherissement de leur coût. C'est une tendance que nous ne maîtrisons pas et il est donc permis de douter qu'une croissance basée sur ce modèle revienne jamais et, surtout, il ne faut pas compter dessus pour sortir du chômage de masse.

D'où la nécessité de "changer de logiciel" : Robert Reich ébauche un modèle de croissance qui permettrait d'en finir avec le postulat absurde que la croissance, c'est l'augmentation du PIB, en lançant d'abord les projets qui permettraient de faire moins de gaspillage, moins de pollution, moins de changement climatique. 

Pour pouvoir mettre en oeuvre cette nouvelle conception de la croissance, qui, en elle-même, est une révolution, le rôle de l'état est primordial. Mais les états sont englués dans les problèmes de dette souveraine qui empêchent les investissements. Il faut donc, avant tout, en finir avec les politiques d'austérité, qui ont largement montré leur inefficacité partout où elles sont appliquées.

Pour y arriver, Nouvelle Donne avait inscrit dans son programme pour les européennes un ensemble cohérent de plusieurs mesures qui vont dans ce sens : 
- Pour refinancer la dette :  les traités interdisent à la BCE de prêter directement aux états, mais peut très bien le faire par l'intermédiaire d'organismes de crédit (Banque Européenne d'Investissement, caisse des dépots) à un taux de 1%. Ces organismes repréteraient à 1% aux états pour le refinancement de la vieille dette.
En outre, une véritable volonté de lutter contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux soulageraient les budgets des états.
- Enfin, pour doter l'Union Eeuropéenne de ressources propres, création d'un impôt européen sur les bénéfices des entreprises et d'une véritable taxe sur les tranactions financières
- Pour  investir contre le réchauffement climatique : A la suite de la négociation d'un pacte européen "énergie-climat-pouvoir d'achat" mettant fin à la situation de fait où seules les banques privées créent de la monnaie, chaque état pourrait emprunter auprès de la BEI jusqu'à 20 milliards d'euro par an ; ces fonds serviraient à financer des mesures d'économie d'énergie et de développement d'énergies "propres". Selon le CNRS, ce programme permettrait de créer 200000 emplois.

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